Clubs et Réseaux : la reconquête est en marche...
Après deux années de crise sanitaire et après être passé par les cases résilience et adaptation, l’écosystème local des clubs et réseaux d’entreprises apparaît être entré dans une phase de reconquête. Une reconquête nécessaire, d’adhérents notamment, mais surtout de captation de nouveaux entrants dans l’univers entrepreneurial à la quête de nouvelles aspirations.
Résilience, adaptation et aujourd’hui reconquête ! C’est ainsi que l’on peut résumer l’évolution actuelle de l’écosystème local des clubs et réseaux d’entreprises. Les deux années de crise sanitaire ont provoqué des dommages collatéraux au sein de ces différentes structures, formelles et d’ailleurs de plus en plus informelles. «Il est certain que nous avons vu nos effectifs diminuer ! Ce qui est compréhensible, certains avaient d’autres choses à penser qu’à s’investir dans les différentes actions que nous menions», assure un responsable d’un club nancéien. «2021 a été une année en demi-teinte en matière d’actions et donc par conséquence de captation d’adhérents», assure la présidente d’une association de chefs d’entreprise d’une zone d’activité grand nancéienne. «L’aspect captation d’adhérents et réseautage pur et dur s’affichent aujourd’hui comme une de nos priorités», confie également une responsable d’un réseau d’accompagnement de créateurs d’entreprise à fort potentiel. Ces témoignages, obtenus à l’occasion d’assemblées générales annuelles ordinaires (fleurant bon les retrouvailles) ou encore de manifestations organisées et bienvenues car annulées en 2020 et 2021, semblent attester que les clubs et réseaux d’entreprises dans la sphère entrepreneuriale locale sont aujourd’hui en phase de reconquête. «Il est aujourd’hui nécessaire pour eux de repartir à la conquête des entrepreneurs en s’adaptant à leurs attentes», assure Christophe Schmitt, titulaire de la Chaire Entreprendre à l’Université de Lorraine et responsable du Peel (Pôle entrepreneuriat étudiant de Lorraine)
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Travail de séduction
«L’univers de l’entrepreneuriat n’échappe pas à cette fameuse quête de sens et les responsables de réseaux et clubs d’entreprises doivent aujourd’hui en prendre conscience.» Les entrepreneurs qui arrivent dans l’écosystème local entendent bien être acteur du développement économique de leur territoire (enfin pour certains d’entre eux, d’autres n’aspirent qu’à faire du business et pas vraiment en circuit court) mais bon nombre et par rapport aux activités qu’ils développent «ne voit pas l’intérêt et l’importance aujourd’hui d’être présents dans un réseau», assure Christophe Schmitt. Les chiffres (au niveau national) parlent d’eux-mêmes. 25 % des chefs d’entreprise aujourd’hui sont membres d’un ou plusieurs clubs. Quid des autres ? «L’importance de l’utilité des réseaux se doit d’être remise en avant ! Les responsables de cette typologie d’organisation doivent refaire un important travail de séduction auprès des entrepreneurs», continue le chercheur universitaire. «L’an passé, il y a eu une sensation de retour au monde d’avant avec une reprise presque identique, voire frénétique de leur activité. Nous ne retrouverons pas la situation initiale surtout avec les différents événements exogènes qui nous touchent. C’est une ère de transition et de mutation qui s’annonce, les clubs et réseaux n’échapperont pas à cette donne.» En d’autres termes, les modèles semblent devoir évoluer surtout qu’actuellement certains clubs et réseaux ont tout simplement «perdu en légitimité, et ils doivent à ce jour relancer leur dynamique. La reconquête de la légitimité et la défense de leur marque est l’un des grands enjeux aujourd’hui de l’univers des réseaux», continue l’universitaire.
Nouvelles approches
Sur le terrain, les choses bougent et avancent timidement. Les thématiques abordées touchent plus l’actualité entrepreneuriale du moment et tentent de répondre d’une façon pratico-pratique aux problématiques des chefs d’entreprise. Des rendez-vous mensuels, voire hebdomadaires, sont mis en place. La donne n’est pas nouvelle mais on remarque bien qu’aujourd’hui une recherche poussée pour tenter d’apporter le plus d’informations pratico-pratiques aux adhérents est engagée par la grande majorité des réseaux de la sphère locale. Soutiens indéniables pendant les coups durs (pour certains, d’autres ont tout simplement répondu aux abonnés absents) les clubs et réseaux d’entreprises continuent leur mobilisation d’accompagnement et de soutien face aux différentes problématiques actuelles touchant de plein fouet l’univers entrepreneurial. Guerre en Ukraine, inflation, crise énergétique, difficulté de recrutement, perspectives loin d’être réjouissantes dans les mois à venir, «il nous faut tenter de répondre, au mieux, à ces inquiétudes. À notre niveau, nous avons un rôle à jouer et il est nécessaire», assure une responsable de club. Coller au plus près des problématiques sociétales, et par extension entrepreneuriales, du moment tout en tentant de les aborder avec de nouvelles approches. Certaines initiatives récentes dans la région semblent avoir donné le ton à l’image de l’événement Business Envol, le 15 septembre dernier, à l’Espace Montrichard de Pont-à-Mousson. La force de séduction des réseaux devrait continuer à s’amplifier. Prudence donc, par rapport aux promesses données. Certains vendent du rêve (le problème, c’est qu’ils y croient). Le réseau n’est qu’un outil pas une fin en soi. Il permet à l’entrepreneur de briser cette fameuse solitude du chef d’entreprise, de tenter de trouver des réponses à des problématiques communes et personnelles, de faire du business et de tenter de faire croître son activité (des réseaux de coachs d’affaires sont d’ailleurs aujourd’hui présents). Reste juste à trouver le bon qui répond aux aspirations recherchées et aux valeurs de l’entrepreneur. Pour ne prendre le cas que de la place meurthe-et-mosellane, il y a l’embarras du choix.
Des liens à (re)tisser...
«Il faut convaincre de l’importance de l’utilité des réseaux car aujourd’hui pour bon nombre d’entrepreneurs, et notamment de nouveaux arrivants dans l’écosystème, la partie réseaux n’est pas forcément comprise. Il est vital pour l’entrepreneur de comprendre qu’il ne peut rester seul.» Constat établi par Christophe Schmitt, titulaire de la Chaire Entreprendre à l’Université de Lorraine et responsable du Peel (Pôle entrepreneuriat étudiant de Lorraine). Briser la solitude du chef d’entreprise n’est pas nouveau, mais encore faut-il qu’il soit bien entouré quand il décide d’entrer dans un réseau. La quête des adhérents a toujours été le nerf de la guerre de bon nombre de ces structures (voire même pour certains, principalement les clubs business purs et durs, quasi frénétiques). Il apparaît indispensable de refaire du lien. «Vu de l’extérieur, les réseaux et clubs peuvent apparaître vieillots.» Pas étonnant que les réseaux établis et traditionnels tentent aujourd’hui d’afficher une nouvelle image. Chez certains, cela fonctionne, chez d’autres beaucoup moins...