Commerce

La Quincaillerie Demortain, centenaire et familiale

Clous, vis, ustensiles de cuisine, produits d’entretien, robinetterie, garde manger, fer à la coupe… cette enseigne centenaire est une véritable caverne d’Ali Baba. Elle est portée par la même famille depuis quatre générations.

Il vend encore des clous au poids.
Il vend encore des clous au poids.

« C’est agréable de venir dans une belle quincaillerie. Ils proposent des produits de marque et de qualité ! », assure sans même avoir été questionné un client fidèle de la Quincaillerie Demortain à Rue. Dans la commune de 3 100 habitants, ce commerce, installé au pied du beffroi classé à l’Unesco, est une institution et pour cause. Il a été fondé en 1892 par Fernand Demortain, arrière-grand-père de l’actuel gérant Hubert Demortain.

Une activité diversifiée

« Autrefois, le magasin se trouvait à côté, raconte t-il. Ici, c’était une maison particulière. L’avantage, c’est qu’elle avait une porte cochère. C’était plus pratique pour les livraisons. Cela a permis d’agrandir le magasin. Ils ont bien fait car les deux drogueries en face ont fermé. Les anciens clients sont venus chez nous. »

Le magasin est emblématique à Rue.


C’est ensuite Paul, son grand-père, puis Pierre, son père à partir de 1960, qui ont tenu le magasin. Au décès de son père en 1985, sa mère Danielle a tenu à poursuivre l’activité. Hubert Demortain en a pris les rênes en 2009 mais elle n’est jamais très loin, comme le matin de notre visite où elle renseignait des clients et encaissait des achats :

« Pour moi, reprendre a été évident car c’est un commerce qui se transmet de génération en génération et puis ça me plaisait beaucoup car j’aime le contact, confie Hubert Demortain, très à l’écoute de ses clients. J’ai tenu à continuer à servir les gens. C’est diversifié comme métier. »

Ce qui frappe en parcourant le magasin, c’est sa propreté, l’organisation des univers (cuisine, produits d’entretien, fer à la coupe dans la cour…) et un rangement impeccable malgré les plus de 3 500 références proposées. Vis et clous sont stockés dans leurs petits tiroirs sur lesquels des étiquettes ont été posées. Le regard est tout de suite attiré vers l’essentiel et l’inhabituel. Quand il nous voit réfléchir devant une drôle de brosse fixée à un long manche, il explique : « C’est une tête de loup, cela sert à retirer les toiles d’araignées. »

Des ventes dans toute la France

La visite se poursuit. « Et ça, qu’est-ce que c’est ?», demande t-il en montrant comme de grosses semelles. Notre réponse : « Pour mettre sous des chaussures ? » Et lui de préciser : « Oui ce sont des patins d’appartement qui évitent de salir le sol ou d’abimer un parquet. J’en vends dans toute la France ! En effet, depuis une dizaine d’années, je me suis lancé dans la vente sur internet. Il y a environ 300 références. C’est un bon complément. »

Il est aussi très fier de son rayon entretien. Il prend un sac de terre de Sommières qui est un très bon détachant à sec. A côté, on observe des brosses diverses destinées par exemple à nettoyer des champignons, des légumes… Il expose aussi tout une gamme de détachants extrêmes spécialisés notamment dans les traces de bille, encre, feutre ou sang, œuf, chocolat.

Le rayon entretien bien achalandé.

Dès qu’un client passe la porte du magasin, il est tout entier à son écoute et tache de trouver une solution, comme avec un monsieur venu chercher des vis pour fixer sa nouvelle télévision au mur. La porte cochère puis une large porte d’entrée offrent un accès aux fauteuils roulants. Un service très apprécié. La Quincaillerie Demortain est aussi un petit paradis pour les cuisiniers qui peuvent acheter des poteries alsaciennes parfois imposantes pour faire cuire des tartes, des ragouts, des pâtés, des choucroutes… Les outils de jardinage sont aussi en bonne place.

Du spécifique et des objets souvenirs

La boutique est aussi aux petits soins des locaux qui ont des besoins spécifiques. D’imposants réchauds sont dédiés aux mareyeurs. Ils les utilisent notamment pour faire cuire des crevettes. Les chasseurs peuvent trouver des bagues permettant d’attacher des canards appelants sur les mares qui jouxtent leurs huttes. Les cueilleurs de salicornes se fournissent en fauchettes. Les pêcheurs de crevettes repartent avec des manches de 2,50 m de long pour y installer leurs épuisettes.

Quant aux touristes, de beaux souvenirs locaux leurs sont réservés comme ce phoque gravé sur une planche à découper antitaches réalisée par un artisan de Noyelles-sur-Mer. Les célèbres chevaux Henson ou le beffroi, entre autres, décorent des décapsuleurs aimantés. Quant aux couteaux de marque Opinel, ils sont incontournables : « Souvent les étrangers en achètent, confie t-il. La majorité de ce que je mets en vente est fabriqué en France. Les clients recherchent de la qualité et de la solidité. J’expose un peu de produits Allemands, comme les brosses. »

Avec les années, Hubert Demortain a remarqué un grand changement dans les habitudes de ses clients : « Ce sont essentiellement des particuliers. Beaucoup de gens bricolent, font leurs confitures ou leurs bocaux par nécessité car aujourd’hui tout coûte cher. Durant la saison estivale, nous connaissons une plus grande affluence. En ce mois de juillet, les clients sont moins nombreux à cause de la météo et du pouvoir d’achat. »

Gageons qu’août et l’arrière-saison seront meilleurs...