La prison de Vendin-le-Vieil se prépare à accueillir les narcotrafiquants les plus dangereux
Sécurisation des cellules renforcée, augmentation du nombre de surveillants pénitentiaires, installation de portiques ultra-performants: la prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, est à pied d'oeuvre pour pouvoir accueillir, dès cet...

Sécurisation des cellules renforcée, augmentation du nombre de surveillants pénitentiaires, installation de portiques ultra-performants: la prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, est à pied d'oeuvre pour pouvoir accueillir, dès cet été, les 100 narcotrafiquants les plus dangereux.
Cerné de quatre miradors et de hauts murs d'enceinte, l'établissement, inauguré en 2015 et qui semble encore flambant neuf, était déjà l'un des deux plus sécurisés de France, avec sa jumelle, la prison de Condé-sur-Sarthe, dans l'Orne.
A Vendin, sont déjà incarcérés Salah Abdeslam, condamné à la perpétuité incompressible pour les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, et le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd, qui s'est évadé deux fois de prison.
Arrêté en février dernier à Bucarest et remis à la France, le narcotrafiquant Mohamed Amra, dont l'évasion sanglante en mai 2024 avait coûté la vie à deux agents pénitentiaires, est lui placé à l'isolement à Condé-sur-Sarthe.
Rien d'étonnant dans ce contexte à ce que ces deux centres pénitentiaires aient été choisis début mars par le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui a annoncé en grande pompe vouloir y abriter les premiers quartiers de lutte contre la criminalité organisée, dans lesquels seront transférés les détenus considérés comme étant les plus redoutables.
D'une capacité opérationnelle de 162 places, celui de Vendin-le-Vieil est composé de quatre quartiers étanches les uns des autres, dont un quartier d'évaluation de la radicalisation, pour les condamnés pour terrorisme jihadiste. A terme, ce dernier restera en fonction, et deux autres seront destinés à une centaine de prisonniers relevant de la criminalité organisée.
Pour y parvenir, la prison, qui abritait au 1er mars 105 détenus, a commencé cette semaine à être vidée de la plupart de ses occupants actuels, transférés dans d'autres établissements. Une dizaine de personnes, les plus à risques, resteront toutefois sur place. Trois mois de travaux sont prévus.
"La population accueillie à Vendin n'a jamais été simple. C'est la prise en charge qui va être complètement différente", souligne le chef d'établissement, Marc Ginguené, lors d'une visite organisée pour la presse.
Neutraliser" les communications
Il résume: l'enjeu est "de neutraliser les possibilités de communication" des détenus "pour les empêcher de continuer leurs activités criminelles". Comme avait pu le faire Mohamed Amra, longtemps passé sous les radars de l'administration pénitentiaire.
Pour éviter l'entrée en détention d'objets illicites, tels que des téléphones portables, un portique à ondes millimétriques, à l'image de ceux qui sont désormais utilisés dans les aéroports, doit être installé à l'entrée de la prison.
Les cellules de 12m2 seront à terme toutes équipées de caillebotis, des grillages ajoutés aux barreaux habituels, et des trappes seront installées à l'ensemble des portes pour pouvoir menotter les détenus avant qu'ils n'en sortent.
Dans les cours de promenade, ne pourront se côtoyer que cinq personnes maximum, tandis que du côté des parloirs, les 16 cabines actuellement existantes seront transformées en huit cabines dotées d'un dispositif hygiaphone, avec une vitre empêchant le contact physique entre les détenus et les personnes venues leur rendre visite.
"Le parloir est un moment de fragilité dans les établissements pénitentiaires, c'est à cette occasion que des objets illicites peuvent être transmis", note Cédric Logelin, porte-parole de la Chancellerie, présent à la visite.
L'établissement, déjà doté de deux salles de visioconférence, doit en mettre en place cinq nouvelles, pour permettre les auditions des prisonniers à distance par les magistrats. "On change notre manière de faire", déclare M. Logelin.
"Du fait de la dangerosité des personnes qui sont là, du fait aussi des risques qu'induit une extraction pour les agents pénitentiaires, le principe est bien celui de la visioconférence, et ce n'est que sur demande express du magistrat qui sera motivée que l'extraction pourra se faire", explique-t-il.
Pour assurer la sécurité du personnel et éviter toute tentative de corruption des agents de la part des détenus, l'organisation du travail va être modifiée pour que les surveillants soient systématiquement en binôme, explique de son côté Sophie Bleuet, directrice interrégionale des services pénitentiaires de Lille.
Dans cette optique, 26 postes supplémentaires de surveillants ont été ouverts. "C'est un projet enthousiasmant, on constate un doublement des candidatures", assure la responsable.
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