La première unité française de méthanation biologique ouvre dans l'Aisne
La société Enosis, en partenariat avec Energia Thiérache, vient d'inaugurer son démonstrateur industriel Denobio à Lesquielles-Saint-Germain au nord de l'Aisne. Le projet permet de faire de la méthanation, un procédé qui combine le CO2 issu de la méthanisation agricole avec de l'hydrogène afin de produire du méthane.

C'est une installation pionnière en France qui vient d'ouvrir dans l'Aisne. Les sociétés Enosis et Energia Thiérache viennent d'inaugurer la première unité de méthanisation biologique à taille industrielle pour injection dans le réseau de gaz naturel. Une première que l'on doit donc à Enosis, PME innovante basée à Toulouse. «Il y a dix ans, avec mon associé Stéphane Palmade, nous sommes partis d'une feuille blanche pour créer Enosis et c'est aujourd'hui une société qui se revendique comme le pionnier de la méthanation biologique en France, qui commercialise des équipements et développe des projets de production de gaz renouvelable produit par méthanation, expose Vincent Guerré, président de Enosis. La méthanation est une réaction qui consiste à faire réagir du dioxyde de carbone avec de l'hydrogène pour produire du méthane et de l'eau».
Un procédé en synergie avec la méthanisation
Cette unité de méthanation est installée sur le site du méthaniseur agricole Energia Thiérache, porté par quatre agriculteurs, à Lesquielles-Saint-Germain. Le procédé de méthanation va venir capter le CO2 rejeté lors de l'épuration du biogaz de méthanisation et va augmenter la production de méthane de plus de 50%, sans apport supplémentaire de biomasse. En complément du CO2 issu de la méthanisation, un apport d'hydrogène va être nécessaire et celui-ci peut être produit par électrolyse de l'eau à partir d'électricité renouvelable. «La méthanation va permettre de booster la production de gaz renouvelable, confirme Vincent Guerré. En valorisant le CO2 qui est contenu dans le biogaz, on peut augmenter la production de méthane renouvelable du site de 60% en moyenne voire 100% en fonction de la quantité de CO2 qu'on va trouver dans le biogaz».

Ce projet voit donc le jour grâce à la collaboration d'Enosis et du site de méthanisation agricole Energia Thiérache, démontrant la collaboration possible entre agriculture locale et innovation industrielle. «Notre CO2, nous nous sommes demandés comment l'utiliser, nous avons exploré plusieurs pistes et c'est arrivé au même moment où l'énergie électrique commençait à nous coûter cher, rappelle David Batteux, président d'Energia Thiérache. Après l'étude de différentes options, nous avons entendu parler de la filière hydrogène qui se monte, or CO2 + H2O, on peut faire du CH4, du méthane».
Un projet soutenu par l'Ademe
Denobio est un projet financé par l'Etat dans le cadre de «France 2030», opéré par l'Ademe dont il est lauréat de l'appel à projets «Briques technologiques et démonstrateurs hydrogène». Il a aussi été lauréat de l'appel à projet porté et financé conjointement par GRDF et la région Hauts-de-France. GRDF est d'ailleurs un partenaire étroit du projet pour tous les sujets relatifs au comptage et à l'injection dans le réseau de gaz produit par méthanation. Xavier Passemard, directeur biométhane de GRDF, souligne que ces projets de méthanation «contribuent à la souveraineté énergétique et à la décarbonation et créent des synergies avec des procédés déjà matures comme la méthanisation».

GRDF souligne par ailleurs que la méthanisation est en plein essor dans les Hauts-de-France et dans l'Aisne en particulier avec aujourd'hui une centaine d'unités créées au niveau régional depuis la première implantée en 2011 à Sequedin (Nord). Après la première unité de méthanisation dans le Nord, c'est donc dans l'Aisne qu'aura été implantée la première unité de méthanation. Preuve que la région est en pointe dans la production de biogaz.