La première tranche de travaux pourrait démarrer en 2017
Porté par BT Immo Group, ce projet vise à créer une base logistique dédiée au e-commerce sur les 329 hectares cédés par l’Etat. Ce serait la plus grande d’Europe.
Une base e-logistique à la place de la base aérienne ? C’est ce qui est prévu. La dernière fois que l’on a parlé du projet E-Valley − qu’il ne faut plus appeler «Narval» −, c’était début juin, lors du forum «Entreprises et Territoires» à Cambrai. David Taieb, PDG de BT Immo Group, près de Roissy, était venu présenter la dernière version de ce projet. Rappelons que son groupe a été choisi par le Syndicat pour la reconversion du site de Cambrai-Epinoy, constitué pour l’occasion. Il réunit la Région, les Départements du Nord et du Pas-de-Calais, la communauté de communes d’Osartis Marquion et la communauté d’agglomération de Cambrai.
E-commerce en plein boum. Le projet entend s’appuyer sur la forte croissance du e-commerce, en plein essor en termes de chiffres d’affaires et de transactions. Si pour le consommateur, l’approche est virtuelle, l’activité des sites marchands exige des surfaces de stockage et une logistique complexe et efficace. Avec ses 700 000 m2 d’entrepôts, la base prévoit d’être la plus grande du genre en Europe. Elle mise aussi sur la proximité des autoroutes, des grandes métropoles de l’Europe du nord et des ports (Calais, Anvers, Le Havre). Le tracé du futur canal Seine Nord-Europe passe, en outre, juste à côté.
Ecosystème de la logistique. D’après la présentation du projet, un ensemble de six sociétés, toutes reprenant le nom de “E-Valley”, va s’installer sur le site et se partager le travail : une pour le fonctionnement général, une pour les magasins, une pour la sécurité, une pour les bâtiments existants, une pour les espaces verts, une autre pour le courant faible et Internet. Les bâtiments seront, dit-on, adaptables, modulables et équipés des dernières technologies dans les domaines de la domotique et de la robotique. La fibre optique est annoncée. À l’image de l’ex-base militaire, les espaces seront fonctionnels, avec quais, aires de manœuvre, zone de vie, bureaux, ateliers, parkings. Une mutualisation de services est annoncée. La base devrait ainsi proposer un centre de formation aux métiers du commerce, un centre d’aide par le travail, des studios photo, une crèche d’entreprise, un call center, un hôtel, une antenne de Pôle emploi, deux ou trois restaurants, une station-service… Un vrai parc à thème pour les pros !
Quelles entreprises ? Le projet insiste sur l’idée de créer un «écosystème de la logistique», les entreprises à séduire devant trouver là des délais de livraison, de la main-d’œuvre formée, des locaux au top, des sous-traitants, une prise en compte efficace des retours et invendus (incluant d’ailleurs un espace grand public). Une vingtaine d’unités locatives sont envisagées avec des espaces commerciaux à ciel ouvert de plus de 20 000 m2. La base veut attirer la grande distribution, les enseignes spécialisées, la vente à distance. L’Amcham France, la chambre de commerce américaine, est intéressée et le nom de l’entreprise Sisco Systems, spécialisée notamment dans le matériel informatique, les réseaux et les serveurs, est déjà cité.
Quel échéancier ? Le démarrage des aménagements devrait se faire début 2017, si tout va bien. Le permis de construire doit être déposé en septembre et il s’agirait de lancer une première tranche de 200 000 m2, entraînant la création de 500 à 800 premiers emplois. En effet, en septembre dernier, alors que le rachat définitif à l’Etat était imminent et les problèmes de déminage, en bonne voie d’être réglés, David Taieb annonçait un projet réalisé par tranches − trois a priori −, l’aménageur s’occupant des voiries et réseaux divers, du très haut débit, des services et locaux. En début d’année, la revente à l’actuel investisseur était estimée à 4,5 millions.
Le déroulement de ce projet dépendra, de toute façon, du succès de la commercialisation. Dans les documents administratifs, un investissement total de 200 millions était annoncé. Quant au nombre des emplois qui pourraient être créés, il est souhaité à la hauteur de 1 300 voire de 1 500. Si ce vœu, formulé par les élus, se réalisait, le site retrouverait alors les effectifs que représentait l’ex-base aérienne avant la décision de fermeture par l’Etat en juillet 2008. En l’état actuel du projet, tous les chiffres cités demandent, bien sûr, à être confirmés et précisés.