Environnement
La préfecture de la Somme réunit le comité de ressource en eau pour préparer un été qui s’annonce déjà difficile
La préfecture de la Somme a réuni cette année le comité de ressource en eau dès le mois de mars. Si aucune contrainte réglementaire n’a été encore prise, le représentant de l’État a souligné la situation préoccupante du territoire.
« Depuis sa création, nous n’avions jamais réuni ce comité aussi tôt, lance Étienne Stoskopf, préfet de la Somme. Nous avons cette fois-ci fait le choix de l’anticipation pour éviter de nous retrouver, comme l’année dernière, dans une urgence permanente », ajoute-t-il. Si la situation hydrologique du département est « contrastée », le représentant de l’État le reconnaît, les indicateurs ne sont « pas très bien orientés ». Le contexte est d’ailleurs plus mauvais, cette année, qu’il ne l’était en 2022 à la même époque et l’arrivée d’un épisode pluvieux fin mars ne devrait rien changer.
Une situation difficile
Si l’humidité en surface dans la Somme est globalement un peu supérieure à la moyenne, le niveau des nappes phréatiques n’invite pas à l’optimisme. « La situation est différente selon les secteurs : de la côte picarde à Amiens, c’est plutôt satisfaisant, mais à l’est de la Somme, c’est beaucoup plus inquiétant », confie Étienne Stoskopf. Deux affluents de la Somme sont particulièrement scrutés par les autorités : l’Ancre et l’Avre. « Dans le secteur de l’Ancre, la nappe s’est très peu rechargée cet hiver. Quant à l’Avre, la nappe n’a pas du tout été réapprovisionnée et depuis janvier elle descend », alerte le préfet.
Des éléments qui annoncent d’ores-et-déjà une année difficile. « Il est nécessaire de prendre conscience des difficultés à venir, c’est pourquoi nous allons renforcer la communication à destination de la population et des professionnels pour économiser l’eau dès maintenant », annonce Étienne Stoskopf qui va d’ici quelques jours prendre un arrêté pour placer tout le département en "vigilance". Les territoires critiques, sont eux, placés en "vigilance renforcée".
Informer avant de contraindre
Une décision qui devrait, espèrent les autorités, entraîner une prise de conscience de la population, comparable à celle autour de la sobriété énergétique. « Pour l’instant, nous invitons les particuliers à faire attention à leur consommation, mais il n’y a pas de contraintes réglementaires », insiste le préfet.
Les industriels concernés par la mesure de "vigilance renforcée", eux, sont encouragés à réduire de 5% leur prélèvement en eau. « Nous allons tout faire pour préserver les ressources jusqu’à la fin de l’été pour ne pas impacter les récoltes légumières et de betteraves par exemple. Nous n’excluons donc pas des mesures plus restrictives », assure Étienne Stoskopf qui réfléchit à réunir tout au long de l’année le comité de ressource en eau. « La question se pose. Nous savons que les temps qui viennent seront difficiles et que l’eau sera un sujet, y compris en plein hiver », conclut-il.
Préparer l’avenir
Plusieurs pistes existent aujourd’hui pour répondre aux enjeux de la préservation des ressources. Parmi elles, la réparation ou la rénovation des réseaux est régulièrement invoquée. La Dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR) accompagne d’ailleurs les élus sur ce sujet. En 2021, 2,2 millions d’euros ont été versés et en 2023, les demandes atteignent déjà 3 millions d’euros. La création de bassines est elle aussi évoquée. « Ce n’est pas un sujet tabou et nous appliquerons les règles en vigueur », indique le préfet qui n’a cependant pas vu une véritable hausse des demandes de la part des agriculteurs. Enfin, la réutilisation des eaux usées, notamment pour l’irrigation fait l’objet de quelques projets de recherches appliquées. « Nous devons aussi, collectivement, changer nos modes de consommation », prévient Étienne Stoskopf.