La PME familiale vise l’Europe

Pour l’instant, ce spécialiste de l’utilitaire professionnel routier réalise 95% de son chiffre d’affaires en France. Mais l’heure est à l’extension et à la réorganisation de l’outil de travail. Objectif : l’international proche.

La partie nouvelle de l'usine devrait être opérationnelle en septembre.
La partie nouvelle de l'usine devrait être opérationnelle en septembre.

D.R.
Laurent Blaise dans l’atelier de fabrication en cours d’agrandissement.

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La partie nouvelle de l'usine devrait être opérationnelle en septembre.

L’entreprise Hubière est bien connue pour ses fabrications de remorques destinées aux professionnels. Dans la ZAC de la Marlière, à Fourmies, où elle s’est installée en 1990, elle poursuit actuellement une extension lancée en septembre dernier. Les 2 000 m2 nouveaux, dédiés aux fabrications, devraient être opérationnels en septembre prochain.

Laurent Blaise, président de la SASU, précise qu’il s’agit d’un investissement de 2,5 millions d’euros qui bénéficie, pour la partie bâtiment, des aides financières de la communauté de communes Sud-Avesnois (150 000 euros) et du Conseil régional (300 000 euros).

 

L’Europe proche.  La raison stratégique de cet investissement, c’est l’exportation, qui passe donc par une réorganisation de l’outil de production et une refonte de l’espace de travail. “Il s’agit de développer et de pérenniser l’entreprise. C’est un projet, freiné en 2012, que nous avons relancé“, indique M. Blaise. La capacité de production sera portée à 3 500 véhicules par an, contre 2 200 actuellement.

Pour l’instant, 95% de notre chiffre d’affaires se réalise en France. Aujourd’hui, on vise l’Europe, en commençant par le Benelux et le gros marché allemand.

Laurent Blaise précise, au passage, que sa société s’y est préparée en obtenant toutes les certifications ISO nécessaires, homologations et normes, clés de l’export dans les 27 pays de l’Union européenne.

 

Nouvelles conditions de travail. Avant de parler stratégie et rentabilité, Laurent Blaise insiste sur le fait que le nouveau bâtiment, intégré à l’ancien, offrira de meilleures conditions de travail et de sécurité au personnel. “Les bâtiments de 1990 n’étaient plus adaptés : froids l’hiver et chauds l’été. On va en améliorer le confort : des ponts élévateurs vont être installés avant la fin de l’année pour la manutention des charges lourdes. Il y aura un système d’aspiration des fumées et des tables élévatrices qui permettront aux salariés de pouvoir travailler debout.

Laurent Blaise reconnaît qu’il peut paraître étonnant qu’un patron parle d’abord d’hygiène et de sécurité. Mais il y tient : “On a tendance à focaliser sur la rentabilité. Alors que la priorité, c’est la motivation, les conditions de travail, le savoir-faire, la polyvalence du personnel… Bien sûr, l’économie étant ce qu’elle est, on attend un retour sur investissement, comme on dit, mais pour moi, la rentabilité, c’est plutôt la cerise sur le gâteau…

Il décrit une histoire familiale (voir par ailleurs) et une entreprise qui reste une PME dans l’âme. Elle compte aujourd’hui 42 emplois permanents. “Mais nous sommes 48 avec les emplois en CDD“, précise-t-il.

 

Raisonner local. Laurent Blaise tient aussi à l’idée “d’ancrage local“, en l’opposant aux délocalisations opérées par ses concurrents. “On veut rester des constructeurs et garder ici, à Fourmies, la maîtrise de notre activité, de la conception à la commercialisation. Nos sous-traitants sont locaux, dans un périmètre de 60 km autour de Fourmies. Notre point fort, c’est notre capacité à réaliser de petites et moyennes séries, à faire du sur-mesure. Ce qui ne nous empêche pas de fabriquer des citernes pour Air France industries ou des porte-compresseurs mobiles pour l’armée  française.

Exception à la règle : essieux et systèmes de freinage proviennent d’une ETI allemande. Mais, ajoute-t-il, “on travaille avec eux depuis 30 trente ans“. Si, pour le transport, Hubière fait appel à plusieurs sociétés, la logistique et le conditionnement sont faits, eux-aussi, en interne. “Depuis 18 mois, une personne s’occupe même spécialement de ce domaine qui doit être soigné pour minimiser les coûts.

 

Clientèle de professionnels. Le chiffre d’affaires de 7,2 millions se répartit ainsi : 30% avec des professionnels des espaces verts (via des distributeurs spécialisés), 30% avec les travaux publics (via des loueurs et distributeurs), 30% avec des industriels (pour, par exemple, des compresseurs et groupes électrogènes mobiles) et “les 10% restants, c’est le SAV et la maintenance“. Les clients des remorques Hubière sont essentiellement des pros : “A 99%, ils récupèrent la TVA…

 

ENCADRE

Du “roulant agricole” aux remorques pour les pros

 

Laurent Blaise, 46 ans, qui vient de la grande distribution, s’est formé aux techniques de commercialisation et au management. Il représente, avec son épouse Caroline, arrière-petite-fille du créateur, la quatrième génération à la tête de cette entreprise à la fois locale et familiale. Ils ont racheté et réorganisé l’affaire en 2008. “Je suis arrivé chez Hubière par hasard et par amour“, résume-t-il.

L’histoire remonte à 1924, dans le centre de Wignehies. Au fil des évolutions, l’activité est passée des “produits roulants agricoles” aux remorques utilitaires professionnelles à vocation routière (remorques, plateaux, bennes, citernes à eau, porte-engins, porte-voitures). Le premier patron fut Paulin Hubière. Laurent Blaise raconte : “Il avait une scierie et fabriquait, selon la saison, des roues de charrettes et des caisses à bière. A la fin des années 40, la deuxième génération est arrivée aux commandes avec les deux fils du créateur, Maurice et Raymond. Ils vont accompagner la mécanisation de l’agriculture de l’après-guerre.” A la fin des années 60, la troisième génération sera incarnée par Marie-Claude Hubière, épouse Prissette, qui va aider son père Maurice dans la comptabilité et l’administratif. Son frère Alain, entre, lui, dans l’entreprise dans les années 70. Anecdote : “Sa passion pour les sports mécaniques va faire évoluer l’activité. Pour le transport de ses propres engins, Alain avait, en effet, fabriqué une remorque. Ses copains, séduits par l’idée, vont le pousser dans cette voie. A l’époque, les remorques étaient beaucoup plus courantes dans les pays nordiques qu’en France.” Une gamme routière va se développer entre 1975 et 1980 et prendre le pas sur le matériel agricole. Aujourd’hui, la gamme comprend 150 modèles, de 500 à 8 000 kg.

Autre date qui a compté : 1988. Une grosse commande, venue d’un célèbre loueur de matériels, va faire bondir le chiffre d’affaires de 6 millions à 8 millions de francs, et décider du déménagement vers la ZAC de la Marlière. La nouvelle unité de fabrication s’ouvre en février 1990. A l’époque, elle emploie 15 personnes et les bâtiments totalisent 3 200 m2 sur une surface totale de 20 000 m2. ” A ce moment-là, Hubière fabriquait 700 véhicules par an. Aujourd’hui, c’est 2 200 véhicules…

L’activité d’Hubière, précise-t-il, se rattache au secteur de l’automobile (carrossier, constructeur).