« La plasturgie est une filière stratégique à l’échelle régionale »

Plastic bashing, pénurie de recrutement, évolutions réglementaires, innovation… Directeur général de Plastium, pôle d’excellence économique qui rassemble les acteurs de la filière plasturgie-composites dans les Hauts-de-France, Jean-Paul Blanc décrypte les enjeux et perspectives du marché.

La plasturgie représente plus de 14 000 salariés et 300 entreprises. (c)DR
La plasturgie représente plus de 14 000 salariés et 300 entreprises. (c)DR

Le pôle d’excellence Plasturgie et Composites est la continuité d’un club d’entreprises initié par des industriels dès 1992, porté par la CCI de Béthune et le Sivom du Bruaysis, I’Action plasturgie Artois Flandres (Apaf). Officiellement créée en 1999, l’association change d’identité fin 2015 pour devenir Plastium. « La mutation de la structure date de 2008 et du Schéma régional de développement économique dont l’un des objectifs étaient la création de pôles d’excellence. Plastium est d’ailleurs le premier pôle labellisé des Hauts-de-France », souligne son Directeur général depuis 2014.

« Une filière stratégique à l’échelle régionale »

La vocation du pôle est d’accompagner ses 130 adhérents au travers d’une approche globale prenant en compte leur stratégie et leurs projets de développement, mais aussi leurs problématiques de recrutement, la formation de leur personnel, les évolutions réglementaires ou les avancées technologiques. « Face aux nouveaux défis auxquels les acteurs de la filière sont confrontés, nous avons redéfini cinq piliers. L’excellence industrielle, tout d’abord, avec des innovations sur l’intelligence artificielle, la cybersécurité, le lean management et manufacturing, etc. Le second pilier réside dans l’excellence commerciale : les acteurs de la filière régionale sont majoritairement des PME, avec une taille moyenne de 36 salariés, et nous devons les accompagner dans la professionnalisation de la fonction commerciale souvent entre les mains du dirigeant de l’entreprise et peu structurée. »

« Il y a encore beaucoup de défis industriels à venir », souligne Jean-Paul Blanc. (c)DR


Jean-Paul Blanc poursuit : « Le troisième pilier du pôle réside dans l’excellence environnementale : l’efficacité énergétique, l’éco-conception, le recyclage, les ressources hydriques… l’approche est très large ! L’excellence dans les ressources humaines est le quatrième axe. Face à la pénurie de main d’œuvre, nous avons lancé le 17 novembre un label Ressources humaines, en même temps qu’une marque employeur, voué à renforcer l’attractivité de nos métiers et permettre aux entreprises du secteur d’attirer les talents. Enfin, notre réseau d’excellence est le cinquième et dernier pilier. »

Lancée en 2021 par les équipes de Plastium, la Plastic Week doit ainsi permettre aux acteurs de la filière de mettre en avant leurs expertises respectives. « C’est la vitrine de notre savoir-faire ! La plasturgie est une filière stratégique à l’échelle régionale, qui représente plus de 14 000 salariés et 300 entreprises ! Et il faut comprendre qu’il y a du plastique partout, pas seulement dans les emballages. »

« Il faut redécouvrir les usines d’aujourd’hui »

Des emballages qui sont, justement, au cœur des évolutions réglementaires et très souvent pointés du doigt pour leur impact sur l’environnement. Avec en toile de fond, le plastic bashing. « Il faut rester mesuré et ne pas tomber dans la caricature. Beaucoup d’amalgames sont faits, on nous montre des images chocs comme les océans de plastique, et les industriels sont accusés de nombreux maux. Mais ils font énormément de choses, ils sont avant-gardistes dans les innovations (polymères intelligents, bioplastiques…). Il faut redécouvrir les usines d’aujourd’hui, nous devons montrer ce que nous faisons et c’est toute la vocation de la Plastic Week. Et d’ajouter : Sur le recyclage, par exemple, de plus en plus de matière recyclée est intégrée dans les productions, beaucoup plus qu’il y a cinq ans ! Les acteurs de la filière sont des sous-traitants et il fallait que ce soit accepté par leurs clients, la pression sociale joue désormais en notre faveur. Même s’il y a une problématique de collecte et de tri à régler. »

Le Directeur général de Plastium évoque également le design industriel et l’innovation organisationnelle dans les atouts de la filière pour répondre aux nouveaux défis sociétaux. « On parle beaucoup de fabrication additive, demain on parlera d’intelligence artificielle… il y a encore beaucoup de défis industriels à venir, je pense notamment à la mobilité électrique qui nécessitera la production de nouvelles pièces en plastique. Les sujets autour des contraintes de compétitivité sont nombreux et les enjeux multiples, que ce soit l’environnement, l’évolution du marché… et à court terme, les factures énergétiques des entreprises de la filière, une problématique qui impose là aussi d’innover. » À suivre…

Quelques chiffres

- 14 720 salariés : 3e région de France en matière d’emploi, derrière l’Auvergne-Rhône-Alpes et les Pays-de-la-Loire.

- 12 centres de R&D/ clusters.

- 312 établissements - 2e position nationale.

- 3,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

(Source : Fédération de la plasturgie et des composites)