Tendances
La pandémie a accéléré la transition numérique des Français
Les habitudes liées à l’usage du numérique ont connu des changements durables à la suite de l’épidémie de Covid-19, confirme l’Insee. Près de quatre ans après le confinement, les plateformes de messagerie instantanée et l’usage des mails continuent de prospérer, les achats en ligne se maintiennent. Les seniors sont davantage connectés.
Les écrans ont joué un rôle essentiel pendant la période du Covid qui a contraint les Français à trouver de nouveaux moyens pour communiquer avec leurs proches, faire leurs achats, suivre des cours, se distraire... Dans l’étude qu’elle vient de publier, l’Insee souligne, près de quatre ans après la pandémie, des évolutions significatives en ce sens, notamment chez les seniors. « Entre 2019 et 2021, certaines pratiques numériques ont connu un essor rapide à la suite des mesures de restriction adoptées durant la crise sanitaire due à l’épidémie du covid-19 », indique l’institut de statistique.
La communication en ligne durablement installée
Ainsi, la communication en ligne est devenue un élément incontournable de la vie quotidienne des Français, avec l’utilisation accrue des courriers électroniques, notamment par les personnes âgées qui étaient autrefois à l’écart de cette révolution numérique. En 2021, près de huit Français sur 10 (79%) ont envoyé des emails au cours des trois mois précédant l'enquête, (réalisée chaque année entre début avril et mi-juin) comparé à 73% en 2019. Celà correspond à une progression annuelle de 2,6 points, alors qu’elle atteignait 0,9 point entre 2013 et 2019, précise l’Insee. Et depuis 2021, plus d’un tiers des personnes de 75 ans ou plus envoient ou reçoivent des mails, contre un quart d’entre elles en 2019. De même, l’utilisation des appels audio et vidéo via Internet et des messageries instantanées a considérablement augmenté, passant toutes deux de 44% à 59% entre 2019 et 2021. Ces deux habitudes demeurent très répandues en 2023, touchant plus de 60% de la population pour chaque pratique.
Le e-learning (apprentissage en ligne) a également affiché une hausse remarquable depuis le début de la crise sanitaire, en particulier parmi la population plus jeune, en raison de la diffusion des cours en ligne durant les confinements. La part des 15-24 ans ayant suvi des cours en distanciel a triplé entre 2019 et 2021 (passant de 18% à 54%), avant de se replier à 36% en 2022 et 31% en 2023. Cependant, ce n’est pas uniquement la jeunesse qui profite de cette tendance. En 2023, 13% des 25-59 ans et 3% des 60 ans ou plus suivent des cours sur Internet, selon l’étude.
Le commerce électronique boosté
L’essor du commerce électronique est également mis en évidence. La part des Français ayant réalisé des achats en ligne, au cours des trois mois précédant l’enquête, a augmenté, avec une accélération pendant les périodes de confinement : elle a bondi de 53 % en 2019, vs 40% en 2013, à 60% en 2023. Après la levée des restrictions et avec la possibilité de se déplacer sans contraintes, la tendance à l’achat en ligne s’est maintenue entre 2021 et 2023. Cette habitude était déjà solidement ancrée chez les plus jeunes et les catégories sociales aisées. Ce sont surtout les Français âgés de 45 à 59 ans et ceux appartenant aux catégories de revenus médians qui se sont révélés être les principaux nouveaux cyberacheteurs pendant la crise sanitaire. Après le retour à la normale, ces derniers ont tendance à retourner dans les magasins physiques : en 2023, 65% des 45-59 ans ont effectué des achats en ligne, contre 69% en 2021. Les vêtements, les chaussures et les accessoires sont les produits les plus fréquemment commandés en ligne (39%), suivis de la musique et des films (24%).
Autre constat, l’évolution du recours au e-commerce varie selon les catégories sociales. La plus forte augmentation a été enregistrée chez les employés et les ouvriers, avec une hausse respective de 13 et 11 points entre 2019 et 2021. Les cadres et professions intermédiaires, qui étaient déjà les plus importants acheteurs en ligne en 2019, ont connu une hausse moins prononcée. À l’inverse, les 20% des personnes les plus modestes ont été à peine touchées par cette vague. Ces populations étaient déjà les moins adeptes du e-commerce avant la crise, probablement en raison de contraintes financières ou de compétences numériques plus limitées.
Enfin, la crise sanitaire a favorisé le e-commerce en réduisant les craintes liées à la sécurité et à la confidentialité. En 2021, seuls 27% des internautes n’ayant jamais fait d’achats en ligne citaient ces motifs comme des freins, contre 40% en 2019.
AÏcha BAGHDAD et B.L