La ministre de la Mer à Boulogne-sur-Mer
La nouvellement nommée ministre de la Mer, Annick Girardin, était à Capécure le 31 juillet. Une visite qui s’est déroulée dans un contexte difficile, entre crise sanitaire et crise politique européenne avec le Brexit qui se profile...
On aura connu fauteuil de ministre plus confortable. Quelques jours après sa nomination, Annick Girardin a fait son baptême du feu à Capécure, à Boulogne-sur-Mer. Le secteur de la pêche aura eu les reins solides pendant la crise sanitaire et pendant le confinement, selon la ministre. Mais, comme le disait le président Chirac, les problèmes «volent en escadrille» : après la crise sanitaire mondiale, la crise européenne du Brexit approche à grands pas.
Deal or no deal, telle est la question
L’enjeu est simple pour le secteur : 75% du chiffre d’affaires des pêcheurs se fait dans les eaux anglaises. En cas de Brexit sans accord, l’accès à ces eaux serait fortement compromis. «Tous les pêcheurs se retrouveraient sur les côtes françaises, explique Stéphane Pinto, représentant des fileyeurs et vice-président du Comité régional des pêches des Hauts-de-France. Nous, mais aussi tous les pêcheurs européens : les Néerlandais, les Belges… Les autres pays membres de l’UE se retrouveraient dans un secteur d’activité tellement restreint qu’avec les autres flottilles, ce serait comparable à une guerre navale. Ça ne pourrait plus marcher.»
Négociations difficiles à venir
Si les décisions se font au niveau européen, Annick Girardin assure qu’elle sera «la voix des pêcheurs devant l’Europe dans cet accord de pêche, mais aussi sur la question du FEAMP (Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, ndlr), des TAC (totaux admissibles de captures, ndlr), des quotas…» Le programme est chargé, d’autant plus qu’il faudra rencontrer Michel Barnier, en charge des négociations pour l’Europe dans le dossier du Brexit. «Les négociations ne sont pas faciles. Cela dure depuis de nombreux mois. Ce qui est important, c’est d’être ferme dans ces négociations, de dire que s’il n’y a pas d’accord de pêche, il n’y aura pas d’accord.»
Rassurer avant tout
Malgré cette actualité particulièrement chargée, les acteurs de la pêche dans le Boulonnais se sont montrés unanimes quant à l’impression que leur a laissée Annick Girardin suite à leur première rencontre. «Elle connaît ses sujets sur le bout des ongles, raconte Olivier Leprêtre, président du Comité régional des pêches des Hauts-de-France. On a beaucoup de problématiques, le Brexit en ligne de mire, mais aussi la problématique des cétacés, tout ce qui est marsouin, dauphin, etc. Sur le Brexit, à défaut d’être rassurés, nous nous sentons soutenus.»
«Ça va être un gros travail pour elle d’aller défendre les intérêts des pêcheurs français à Bruxelles», pondère Stéphane Pinto. Tout de même, le fileyeur reconnaît les qualités de la ministre : «Elle est au courant de ce qu’il se passe. On ne peut pas se faire une idée de quelqu’un sans avoir pris connaissance du travail mené. Elle vient de Saint-Pierre-et-Miquelon ; là-bas il y a eu des batailles avec les Canadiens ; elle a peut-être appris de certaines erreurs, nous a-t-elle dit. Ce sera peut-être bénéfique.» Espérons-le.