France Relance
La ministre Agnès Pannier-Runacher en visite chez InnovaFeed à Nesle
Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, s'est rendue chez Innovafeed à Nesle, dans la Somme, vendredi dernier, pour une visite sur le thème de la reconquête industrielle.
Innovafeed est le leader de la production et de la transformation d’insectes en ingrédients de haute qualité. Les 100 salariés du site fabriquent des huiles et des protéines destinées à l’alimentation animale et en particulier à l’aquaculture.
Sur les 100 000 tonnes de nutriments fabriqués à partir de matière première vivante, que sont des larves de mouches élevées sous atmosphère contrôlée avec une température de 27° et une humidité de 78%, 15 000 tonnes sont des protéines destinées à l’alimentation animale sous forme de granulés.
Le reste des produits se décline sous forme d' engrais, de poudre de larves et d’huile riche en acides gras. « Notre entreprise biotechnologique est lauréate du plan France Relance pour notre projet d’extension. C'est dans ce cadre que nous vous recevons Madame la ministre. En effet, nous souhaitons bâtir à Nesle le plus grand site de production et de transformation d’insectes au monde et participer ainsi à la redynamisation industrielle des territoires », annonce Aude Guo, ingénieure de formation et co-fondatrice d'Innovafeed qui a construit un premier site pilote à Gouzeaucourt dans le Nord, puis un autre à Nesle . Un site de 20 000 m² adossé à l'amidonnerie du géant agroalimentaire Tereos. Cette unité de production est le plus grand élevage d'insectes au monde.
Produire des insectes à forte valeur ajoutée
« Et c'est la concrétisation de six années de travail pour répondre à un enjeu simple et pourtant si compliqué à mettre en œuvre : comment produire plus pour accompagner l'essor des populations tout en protégeant l'écosystème, la biodiversité et le climat ? L'alimentation représente 1/ 5 des émissions carbone. C'est sur ce défi là que nous travaillons. Rappelons aussi que l’Europe importe 70% de protéines pour nourrir les animaux, la France 50% », souligne Bastien Oggeri, co-fondateur d'Innovafeed, un des premiers bénéficiaires du Plan de relance dans la Somme, dans le cadre du vaste plan gouvernemental doté de 100 milliards d'euros.
Une aide qui va permettre au site de Nesle, qui a commencé sa production fin 2020, de réaliser son projet d'extension avec 25 000 m² de surface et le doublement du nombre de salariés. Cela représente pour l'entreprise un investissement de 25 millions d'euros, dont plus de 4,5 millions sont financés par l'État via ce Plan de relance.
La production d’insectes s’est progressivement imposée comme un complément au sourcing traditionnel, avec un usage largement développé dans l’alimentation animale, en particulier en Europe depuis l’autorisation de l’utilisation de la protéine en aquaculture donnée par l’Union Européenne le 1er juillet 2017. Le marché de la protéine d’insecte représente un marché considérable, estimé à 30 millions de tonnes en 2030, pour lequel l’offre est encore très limitée.
Une technologie de rupture développée en synergie
Cette usine nouvelle génération s’organise en symbiose industrielle avec les acteurs locaux déjà existants, comme la centrale de cogénération biomasse opérée par Kogeban. Un partenariat stratégique vertueux permettant à Kogeban d’optimiser son rendement thermodynamique en recyclant une énergie fatale jusqu’alors non valorisée et à InnovaFeed de s’approvisionner durablement en énergie, dont 60% provient de l’énergie fatale recyclée et 40% d’énergie localement issue de biomasse.
La valorisation locale en boucle courte de ressources et de compétences est le pilier du modèle industriel d’InnovaFeed. « Cela donne à notre projet toute sa dimension humaine et sociétale. Cette filière circulaire et zéro-déchet permet de recycler plus de 300 000 tonnes de coproduits agricoles par an. Chaque année sur notre usine, c’est 57 000 tonnes de CO2 économisés », poursuit Bastien Oggeri, qui se réjouit avec ses équipes de la création d’une filière de protéines à base d’insectes, filière d’avenir pour la sécurité alimentaire mondiale et dans laquelle la France dispose de deux champions industriels en puissance.
Une démarche pionnière
« L’émergence de cette filière participera à la souveraineté de la France et de l’Europe en matière de protéines, en réduisant significativement ces importations. Que de chemin parcouru dans cette entreprise et pour notre économie, se réjouit Agnès Pannier-Runacher. Vous êtes des entrepreneurs engagés et on voit que cela marche ici sur un site qui fait travailler près de 500 personnes avec les sous-traitants. Quinze mille tonnes de protéines d'insectes produites ici c'est une belle réponse à l'alimentation animale. Vous tranchez avec la caricature de la start-up nation. Vous êtes une start-up industrielle qui avec de la belle ingénierie crée de nouveaux usages pour la planète avec un vrai process industriel. »
La suite annoncée par la ministre c'est le plan France 2030 sur l'innovation technologique avec 34 milliards d'euros d'investissement, dont 1,5 milliard pour l'agroalimentaire et 2,3 milliards pour l'aide à l'installation de start-up industrielles.
Un acteur local avec une vision globale
L’insecte est au cœur d’une nouvelle filière agricole zéro déchet, circulaire et créatrice d’emplois durables chez Innovafeed. Zéro déchet car l’intégralité de l’insecte est valorisé avec l’huile d’insecte pour l’alimentation des porcs et des volailles et la protéine pour l’alimentation aquacole et le lisier d’insecte comme engrais organique.
Circulaire car l’insecte permet de valoriser des co-produits agricoles dont il extrait les nutriments essentiels pour l’alimentation animale et végétale. Elle est aussi créatrice d’emplois, car en quatre ans, InnovaFeed c’est plus de 100 emplois directs créés dans ce territoire des Hauts-de-France.