Collectivité
La Meuse dit «stop»
La Meuse fait partie des neufs départements du Grand Est qui refusent de voir leurs budgets sociaux exploser sous la pression des nouvelles décisions de l’État, sans compensation. Explications avec Jérôme Dumont, le président du Conseil départemental de la Meuse.

Les Tablettes Lorraines : Vous faites partie des neuf départements du Grand Est à avoir informé le Gouvernement que vous refusiez de prendre en charge toute nouvelle dépense sociale sans discussion ni compensation. Qu’est-ce qui vous a conduit à ce positionnement ?
Jérôme Dumont : Avec les neuf présidents des départements de la région Grand Est, nous nous réunissons régulièrement et nous nous sommes retrouvés mi-avril à Metz avec la volonté de faire savoir que nous refusions de financer toute nouvelle dépense sociale imposée par l’État sans compensation. C’était déjà le cas l’année dernière, au 30 juin, avec l’augmentation des oubliés du Ségur, ce qui se chiffre pour la Meuse à 800 000 euros, sans compensation. Là, nous avions dit non. Nous ne sommes évidemment pas contre cette revalorisation, mais nous disons simplement que si l’État prend un engagement, qu’il le finance. C’est la même chose pour le RSA avec une revalorisation d’1,7 % au 1er avril, décidée unilatéralement, sans aucune compensation et sans concertation. Cette décision coûterait 500 000 euros pour la Meuse. Pour être clair et transparent, la CAF va verser cette revalorisation, mais le département n’abondera pas. Depuis le Covid, tous les départements sont confrontés à une hausse très forte des dépenses sociales qui sont au cœur de nos compétences, du premier cri au dernier souffle.
Quelle est la situation et vos marges de manœuvre aujourd’hui ?
Nous avons recours à l’emprunt pour financer ces dépenses. Notre taux de marge brute rétrécit d’année en année. Nous disons stop car nous voulons continuer à avoir une politique attractive en termes d’aménagement du territoire, de culture, de sport… et je précise que nous ne touchons pas à ces budgets. Nous devons investir et tenir nos engagements sur le plan collège, la transition écologique et les routes (pour une question de sécurité). Je précise que si le département arrête d’investir en Meuse, les agglomérations de Bar-Le-Duc et de Verdun ne pourront pas prendre le relai. Nous venons d’ailleurs de voter le budget primitif avec des dépenses d’investissement de 32,5 millions d’euros en 2025. Nous allons donc encore plus resserrer les boulons de notre budget de fonctionnement, mais cette situation pose un vrai problème démocratique. J’ai été élu en 2021 avec un programme et des engagements. Or, si je ne peux pas tenir mes promesses, c’est à cause de l’État qui réduit son soutien.
Est-ce une forme de mépris du côté de l’État ?
En tout cas, ça nous pose un vrai problème de visibilité et de projection d’une année sur l’autre. Il y a deux ans, nous avions une partie de la taxe foncière qui nous revenait. Or l’État nous l’a supprimée en nous promettant la dynamique de la TVA. Aujourd’hui l’augmentation de la TVA nous est également retirée. Élisabeth Borne avait accordé un fonds de sauvegarde à 14 départements dont trois millions pour la Meuse. En 2024, ce fonds de sauvegarde passe 150 à 30 millions et de 14 à 30 départements, se transformant en saupoudrage. Et que dire de la contribution Dilico (Dispositif de lissage conjoncturel des recettes fiscales des collectivités territoriales) ? La Meuse n’est pas exonérée et doit apporter une contribution de 300 000 euros. On marche sur la tête car les critères changent sans arrêt.
Nombre
d’allocataires du RSA en baisse
Depuis quatre ans, la Meuse voit
son nombre d’allocataires du RSA baisser. Un résultat obtenu grâce
«au
service insertion du département et à l’engagement de l’ensemble
des acteurs de l’insertion et de l’économie solidaire»,
selon le chef de l’exécutif meusien qui met en avant
l’expérimentation sur l’arrondissement de Verdun d’un contrat
d’engagement qui permet aux bénéficiaires du RSA d’effectuer 15
heures d’activité par semaine, mais également le Pacte des
solidarités mis en place avec les services de l’État
et la Région Grand Est.