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La Mercerie de l'Atelier : grossiste pour tailleurs et chapeliers à Tergnier

Tailleurs et chapeliers, Lucille Bac et Mathieu Henra vendent en ligne des fournitures et outils à leurs confrères professionnels ou amateurs éclairés.

Mathieu Henra et Lucille Bac co-gérants de La Mercerie de l'Atelier. ©L'Autre Instant
Mathieu Henra et Lucille Bac co-gérants de La Mercerie de l'Atelier. ©L'Autre Instant

Ce qui est bon pour moi, l'est pour les autres... C'est de cet adage qu'est née, en 2017, la Mercerie de l'Atelier. Alors à la tête d'un atelier de tailleur pour hommes à Paris, Lucille Bac et Mathieu Henra ont répondu aux sollicitations et se sont décidés à vendre les entoilages très particuliers qu'ils utilisaient au mètre. Avant d'ouvrir une boutique en ligne « qui vend toutes les matières que l'on utilise à l'atelier pour la fabrication », explique Lucille Bac.

Une décision qui les met sur la voie du succès et de Tergnier, où ils déménagent rapidement pour disposer davantage d'espace. « Nous avons eu un super bon accueil. La mairie, la communauté de communes, la presse... Il y a une nette différence avec Paris », sourit Lucille Bac.

Du tissu au mètre...

Les produits sont vendus en ligne, évitant le coût que générerait une boutique physique, qui plus est, pas forcément adaptée pour une clientèle très spécialisée et dispersée. Celle-ci est constituée des particuliers et à un réseau d'ateliers indépendants, souvent confrontés à des difficultés pour s'approvisionner en petites quantités. « On a une activité de grossiste, résume la co-fondatrice de la Mercerie de l'Atelier. On achète en grosses quantités parce qu'on a la place et la structure. » Et aussi un certain plaisir : partir à la recherche des matières, des bons fournisseurs leur semble plaisant. Au point d'en faire leur activité principale. « Pendant le Covid, la mercerie nous a permis de maintenir une activité quand la création était totalement arrêtée. Et depuis elle apporte la plus grosse part du chiffre d'affaires. » Les colis partent tous les jours depuis Tergnier, via Colissimo ou Mondial Relay.

Outre les matériaux utilisés à l'atelier, les deux co-entrepreneurs vendent aussi leurs propres productions, notamment dans le domaine de la chapellerie, dans lequel œuvre Lucille. « On a eu le même réflexe sur le chapeau que sur l'atelier tailleur, raconte-t'elle. C'est maintenant la troisième année que nous sommes sur ce secteur, avec de la matière première, mais aussi des outils, et notamment des formes à chapeaux. »

… Aux formes à chapeaux

Ces moules en bois, traditionnellement faits à la main, relèvent en effet de la menuiserie de précision. Seuls quelques artisans spécialisés à travers le monde en fabriquent, créant de fait des difficultés pour s'approvisionner. « J'ai les mêmes problématiques de métier que mes collègues et concurrents, commente Lucille Bac. Donc je me questionne pour savoir comment répondre à mes besoins, et finalement aussi à ceux des autres... » L'atelier a donc décidé de miser sur l'usinage numérique en 3D, pour produire ses propres formes... et offrir une nouvelle prestation à ses clients pour la création des prototypes à partir de dessins, et/ ou la réalisation de très petites séries.

« Ce qui est parti d'une contrainte se révèle intéressant à plusieurs titres, poursuit la chapelière. Cela permet une gradation pour avoir plusieurs tailles de forme, mais aussi une répétabilité parfaite. C'est aussi plus facile de réaliser la contre-forme parfaite. » Des arguments qui ont déjà convaincu de nombreux ateliers en France. Au point que l'atelier envisage de se développer et d'investir dès 2023 pour augmenter sa capacité de production. Et si tout fonctionne comme prévu, l'entreprise pourra ensuite acquérir une presse pour la réalisation de moules en aluminium et proposer de la fabrication de moyenne série.