La Matmut reçoit un Eco-Trophée pour son bâtiment passif
Inaugurée en 2017, La Filature, bâtiment de 17 500 m², est le plus grand bâtiment tertiaire de France, labellisé Passiv Haus.
Deux ans après son inauguration, la Filature fait toujours parler d’elle. Cet immeuble de bureau de 17 500 m² de surface et destiné à accueillir 800 personnes, labellisé Passiv Haus (maison passive en allemand), a valu à la Matmut de recevoir un Eco-Trophée, fin 2019. Une reconnaissance de l’engagement dans le développement durable du célèbre groupe d’assurance rouennais. « L’idée est née dans l’esprit du président du groupe, Daniel Havis, se souvient Sophie Tocqueville Directrice des Moyens Généraux et Travaux Immobiliers de la Matmut. Il nous a demandé de construire un bâtiment qui aurait, à date de son inauguration, 5 ans d’avance sur son temps. » En 2012, alors que le développement de l’entreprise laisse présager que les bâtiments du siège, pourtant agrandis en 2010, seront rapidement trop petits, le projet est donc lancé. Avec en ligne de mire, l’envie de faire de un bâtiment tertiaire, qui consomme le moins possible, avec de bonnes conditions de travail, et qui soit aussi divisible pour pouvoir en louer une partie.
Un vrai challenge technique.
Le choix se porte alors sur le label Passiv Haus. Un choix ambitieux qui dépasse largement la seule isolation des murs. Lors de la conception, tous les ponts thermiques ont été traqués. « Le moindre souffle d’air dans ce bâtiment est voulu et maîtrisé », insiste Sophie Tocqueville. Et l’usage ne doit pas en être affecté, bien au contraire. Dans une ambiance cotonneuse, chaque ampoule est pilotée automatiquement par sondes et ordinateur en fonction de la luminosité naturelle. Celle-ci est la bienvenue à travers des puits de lumières, mais aussi une façade entièrement vitrée… et pourtant parfaitement isolée. Cette façade, d’ailleurs, s’est avérée être un vrai challenge technique qui a nécessité de parcourir l’Europe pour trouver le verre qui répondait à toutes les exigences. Quant à la température intérieure, elle est entièrement régulée par géothermie. Les échanges de chaleur sont assurés directement avec la nappe phréatique, affleurante en ces bords de Seine.
45 millions d’euros d’investissement.
Au total il aura fallu 1 an à la Matmut pour parfaitement gérer les instruments de pilotage du bâtiment, et former, à force de pédagogie, l’ensemble des salariés travaillant en son sein. Un enjeu important pour parvenir à atteindre les 50 % d’économies d’énergie qu’un bâtiment passif peu réaliser par rapport à un immeuble neuf respectant la norme thermique RT2012. Ainsi, la Filature pourrait amortir le surcoût lié à la labelisation Passiv Haus, en seulement 18 ans. Un surcoût qui n’a rien d’une paille : il est estimé à 14 % des 45 millions d’euros engagés dans ce projet. Un projet qui en appelle peut-être d’autres, la Matmut étant un important investisseur immobilier en France, et notoirement à Rouen. « De tels bonds d’innovation, cela donne des idées et crée un effet d’entraînement », assure Sophie Tocqueville. Au sein de l’entreprise bien sûr, mais aussi sur le territoire rouennais, qui travaille ainsi à améliorer son attractivité.