La marque Habitat va se relancer en ligne, cinq mois après la liquidation judiciaire des magasins
La marque d'ameublement Habitat va recommencer à vendre des meubles en ligne, cinq mois après la liquidation judiciaire de ses magasins, a fait savoir mardi le groupe Cafom qui avait cédé en 2020 l'exploitation de...
La marque d'ameublement Habitat va recommencer à vendre des meubles en ligne, cinq mois après la liquidation judiciaire de ses magasins, a fait savoir mardi le groupe Cafom qui avait cédé en 2020 l'exploitation de l'enseigne tout en restant propriétaire de la marque.
Le 28 décembre dernier, le tribunal de Bobigny avait placé Habitat en liquidation judiciaire en raison de ses graves difficultés financières, scellant ainsi le sort de l'enseigne fondée en 1964 et qui employait près de 400 salariés. Cafom a décidé de reprendre le flambeau, espérant qu'un modèle basé uniquement sur la vente en ligne lui réussisse davantage.
"Nous allons mettre au service des clients le service logistique et la notoriété de vente-unique.com", un site de commerce qui réalise la majeure partie de son chiffre d'affaires en outre-mer et dont Cafom est l'actionnaire principal, a indiqué lundi Hervé Giaoui, président du conseil d'administration du groupe, lors d'une conférence de presse.
Les presque 9.000 clients lésés par la mise en liquidation judiciaire du précédent exploitant pourront demander un bon d'achat sur le site Habitat.fr, a promis la direction, qui rouvrira dans "quatre à cinq semaines", avec quelques modèles "iconiques" dans un premier temps.
Mais pour les salariés, l'engagement en décembre de Thierry Le Guénic, le repreneur d'Habitat en 2020, de les "aider" à "trouver toute solution de reclassement" ne s'est pas concrétisée, affirme Youcef Toumert, membre CGT du CSE : les près de 400 salariés de l'enseigne ont été licenciés.
"Thierry Le Guénic a tué la marque", estime Youcef Toumert, "l'aspect positif de cette reprise par Cafom, c'est pour les clients, mais on espère qu'il pourra faire quelque chose pour certains salariés aussi", ajoute le cadre-salarié, qui fait part des difficultés pour beaucoup d'ex-employés à toucher les indemnités chômage alors que la liquidation judiciaire est en cours.
"Pour les salariés en magasin, ce sera très compliqué", a tempéré Hervé Giaoui. "Nous n'avons pas de solution". Habitat France employait 315 salariés et la maison mère, Habitat Design International, 68.
Faire mieux, ce n'est pas difficile
L'entrepreneur-investisseur Thierry Le Guénic, qui avait repris Habitat en 2020, avait indiqué en décembre à l'AFP ne pas avoir "réussi à relever ce challenge, tout comme les précédents actionnaires."
Le tribunal de Bobigny avait estimé en décembre qu'il "ressortait du rapport de l'administrateur judiciaire qu'il n'existe aucune possibilité d'élaborer d'un plan de redressement" et que la situation était "irrémédiablement compromise" pour Habitat, notamment "en raison de l'absence de trésorerie et de l'impossibilité d'utiliser la marque".
Habitat n'est pas l'unique société rachetée par Thierry Le Guénic à avoir subi un funeste sort. En 2020, M. Le Guénic a acquis l'enseigne d'habillement Burton of London, placée en redressement judiciaire l'été dernier (et qui n'a pas trouvé de repreneur), ainsi que le chausseur San Marina, liquidé en 2023 – entreprise dont il s'était désengagé en juillet 2021, a précisé son entourage.
La filière meuble a connu un rebond post-Covid, avant de se stabiliser ces deux dernières années. Le chiffre d'affaires du secteur a diminué de 2,5% à 14,6 milliards d'euros en 2023, selon l'Ameublement français.
Fin 2022, le site Made.com, un autre magasin d'ameublement purement en ligne, avait également été placé en liquidation judiciaire. Pas de quoi décourager Cafom: "Faire mieux que Made.com, ce n'est pas difficile, c'est ce qu'on fait depuis 18 ans avec vente-unique.com qui est bénéficiaire", affirme Hervé Giaoui.
Habitat, qui comptait 25 magasins en France, a été fondé en 1964 par le designer britannique Terence Conran (décédé en 2020), avec l'objectif de proposer à prix abordable des meubles et des objets de décoration sobres et modernes.
L'enseigne avait précédemment appartenu au fonds d'investissement américain Hilco et à la famille suédoise Kamprad (également propriétaire d'Ikea).
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