La logistique débarque sur la zone d’activités du Siziaf

Jusqu’à présent, le parc des industries Artois-Flandres, situé sur le territoire de Douvrin et Billy-Berclau, avait vocation d'accueillir des entreprises industrielles. Cette époque est désormais révolue, avec, dans quelques mois, la mise en service de plusieurs entrepôts logistiques.

Le bâtiment d'Aquarese avec, en arrière-plan, le Prologis Parc, dédié à des activités logistiques. ©ACT'STUDIO
Le bâtiment d'Aquarese avec, en arrière-plan, le Prologis Parc, dédié à des activités logistiques. ©ACT'STUDIO

Le Syndicat intercommunal de la zone industrielle Artois-Flandres est un outil au service du développement de la plus grande zone d’activités du Pas-de-Calais. «Le parc des industries Artois-Flandres a été créé il y a 50 ans, sous le gouvernement de Gaulle, pour limiter l’impact de la fermeture des Houillères», rappelle Daniel Delcroix président du Siziaf. Cette ZAC, d’une superficie de 460 hectares, s’est avérée  pertinente pour assurer la reconversion du bassin minier, grâce à l’implantation de nouvelles activités, plus particulièrement la Française de mécanique qui produit des moteurs pour l’industrie automobile. «La FM a ouvert ses portes au début des années 70, elle a compté dans les plus belles années jusqu’à 6 000 salariés.» Dès le départ, les élus du Siziaf (20 communes autour de Douvrin et Billy-Berclau), soucieux de ne pas reproduire les erreurs du passé, ont opté pour la diversification des activités. Le parc des industries Artois-Flandres a ainsi accueilli des entreprises de typologies très différentes : industrie, recyclage, services, haute technologie. 

Un modèle de réussite

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Daniel Delcroix estime que les pouvoirs publics régionaux et nationaux doivent aider la zone du Siziaf à compenser les emplois perdus à la Française de mécanique. ©ACT’STUDIO

Nombreuses sont les entreprises qui ont fait le choix de venir s’implanter à Douvrin et qui continuent de s’y développer. D’autres arrivent sur le parc, attirées par sa situation géographique privilégiée. «Ce fut le cas de la société Atlantique qui a construit un nouveau bâtiment de 20 000 m2 pour produire des pompes à chaleur avec, à la clé, la création de 120 emplois», se félicite Daniel Delcroix.
Parmi les entreprises en développement, on peut citer Devos Vandenhove, spécialiste de l’électronique industrielle, qui a construit en 2016 un bâtiment de 3 000 m2 et créé 40 emplois. Alurol, spécialiste des menuiseries industrielles, a déménagé dans un nouveau bâtiment de 1 600 m2 et conforté l’emploi de 11 salariés. Toujours dans le domaine des menuiseries, Proferm, depuis son implantation sur le parc en 2011, s’agrandit et va quasiment doubler la surface de son atelier. Proferm emploie 120 personnes et embauche en moyenne 10 personnes par an. Citons enfin Aquarese, spécialisée dans la maîtrise du jet d’eau à haute pression. Patrick Dargent avait choisi la zone du Siziaf pour sa réactivité et, aujourd’hui, construit un nouveau bâtiment de 8 000 m2, avec, à la clé, 56 emplois supplémentaires. «L’ensemble de ces projets va créer 350 emplois et prouve qu’aujourd’hui, l’industrie peut encore se développer dans la région», se réjouit le président du Siziaf. 

Le virage logistique

La première décennie 2000 avait été très difficile pour toutes les sociétés, plus particulièrement pour l’industrie. Sur le parc, les élus avaient cependant travaillé à l’arrivée de nouvelles entreprises. «Aujourd’hui, cette politique volontariste porte ses fruits, nous nous préparons à vivre une véritable révolution sur le parc», développe Daniel Delcroix. La vocation d’un parc industriel est d’accueillir des entreprises industrielles au sens large. «Nous étions sur cette ligne jusqu’au jour où Amazon a sélectionné le parc pour implanter une de ses plateformes.» Cependant, une offre foncière plus loin, le parc s’est vu, au final, préférer Lauwin-Planque. Devant des demandes de plus en plus importantes pour l’implantation de bâtiments logistiques, les élus ont donc décidé de franchir le pas. «Nous nous sommes intéressés à une certaine logistique, créatrice d’emplois, tout en y ajoutant deux conditions», résume le président du syndicat intercommunal. Les projets doivent, en effet, créer un minimum de 20 emplois par hectare vendu et s’intégrer dans la politique environnementale du Siziaf, dont l’objectif est d’offrir un cadre de vie de qualité aux entreprises et aux riverains, tout en préservant les milieux, ressources naturelles et la biodiversité. «Il s’agit aussi de contribuer à la réduction de la pollution atmosphérique et à la lutte contre le changement climatique.» Enfin, il s’agit d’optimiser l’occupation des sols, notamment par la requalification de friches. Plusieurs projets répondant à ces conditions sont en cours de réalisation. Prologis Parc, 45 hectares dédiés au promoteur Prologis construit actuellement deux bâtiments, «le premier de 30 000 m2 pour La Poste Immo et le second, également de 30 000 m2, pour Géodis». À l’opposé du parc, à la limite avec Billy-Berclau, le groupe Carrefour fait actuellement construire une plateforme logistique de produits frais. D’une surface de 32 000 m2, celle-ci emploiera 350 personnes. Enfin, la transformation du bâtiment 8 de la FM en un bâtiment logistique (50 000 m2 de bâtiment industriel rénové) pour la société Simastock de Bils Deroo devrait générer 100 emplois. L’ouverture de ces différents bâtiments permettra la création de 850 emplois dans les cinq prochaines années. 

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Les travaux viennent de commencer sur l’extrémité du parc, côté Billy-Berclau, pour l’implantation de la plateforme logistique produits frais Carrefour. ©ACT’STUDIO

L’avenir

Parallèlement à l’implantation de ces entrepôts logistiques, la société BECI, un promoteur privé, a lancé le projet de construction d’un hôtel d’entreprises de 2 400 m2 pour louer des surfaces d’atelier et de bureaux allant de 320 à 1 200 m2. «L’équipement sera disponible à partir de septembre 2019.» Dans les dix années à venir, le parc continuera sa mutation. Car «de nombreux emplois sont en jeu sur le territoire, nous devons poursuivre nos efforts», souligne Daniel Delcroix. Pour cela, les équipes poursuivent la commercialisation des 60 hectares de terrains appartenant au Siziaf et travaillent sur l’avenir de la FM qui est actuellement en phase de compactage. À terme, la FM n’occupera que 40 hectares sur les 140 actuels ; 100 hectares seront donc disponibles pour y implanter de nouvelles activités. Reste que le président du Siziaf estime que les agglomérations, la Région, l’État, mais aussi le groupe PSA doivent s’investir dans ce projet ambitieux. «Lorsqu’une entreprise industrielle ferme, le gouvernement se mobilise pour sauver les emplois. Pourquoi devons-nous gérer seul, la perte des emplois au sein de la FM ?» interroge Daniel Delcroix. Le président et son équipe interpelleront sans nul doute les élus régionaux et nationaux si nécessaire…