La guerre du fuel
Une raffinerie perdue dans le désert, au milieu de nulle part ! Elle pompe inlassablement pour faire surgir l’or noir avec ce bruit incessant mais rassurant. L’infrastructure est une proie à saisir pour une horde de barbares motorisés, armés, cloutés, gantés, adeptes du canon scié et de la lame affilée.
Obtenir du carburant coûte que coûte jusqu’au-boutisme. Le synopsis du cultissime film de George Miller, Mad Max 2, sorti au siècle dernier en 1981, faisait à l’époque office de fiction post-apocalyptique. Il frôle aujourd’hui tout simplement le documentaire. La semaine dernière, le début de pénurie de carburant suite au blocage des raffineries par les salariés de Total et d’Esso a engendré des scènes de tension aux stations-services de la région frôlant l’absurde mais surtout l’inquiétant. Dans le sud meurthe-et-mosellan, l’annonce - via les réseaux sociaux - de l’approvisionnement d’une station-service d’un supermarché local se solde en quelques minutes par une file d’attente immense. Les esprits s’échauffent rapidement et cela bataille fort pour tenter de trouver sa voie, sans parler de ceux qui remplissent des jerricans insufflant une colère frénétique chez les nouveaux guerriers de la route à la quête du sacro-saint carburant. Cela en dit long sur la condition humaine et ses travers ! L’individualisme flagrant est devenu la norme où le collectif devrait tourner à plein régime face à cette adversité. La peur du manque a entraîné une ruée vers les pompes, le cycle infernal était lancé, la panique commençait à s’installer. Montée au créneau des branches professionnelles pour obtenir des accès prioritaires. Plus que légitime, vital au sens premier du terme pour les véhicules d’intervention et de secours, de sécurité et d’urgence ou encore des professionnels de santé. Les dommages collatéraux sur plusieurs pans de l’économie seront connus dans les jours prochains. À l’heure où nous écrivons ces lignes les négociations continuent entre syndicats de salariés et les groupes pétroliers. Si la réouverture des dépôts de raffinerie est effective et que la situation devait revenir à la normale, le mouvement de grève fait déjà tâche d’huile. Un appel à la grève générale et à une journée de mobilisation interprofessionnelle est lancé pour ce mardi 18 octobre par les différentes organisations syndicales. La grogne monte et il semble que cela ne soit que le début…