Installée dans l'ancienne Filature Cavrois Mahieu à Roubaix
La Gentle Factory mise sur une mode responsable et accessible
Nouvelle étape pour la marque de prêt-à-porter La Gentle Factory, fondée dans le Nord par Christèle Merter en 2013. Pour ses 10 ans, la marque s'offre Adresse, un nom parisien du textile masculin urbain et réalise une collaboration avec l'enseigne Promod.
Tout est parti d'un projet mené en
intrapreneuriat, quand Christèle Merter était directrice qualité
et développement durable chez Happy Chic (aujourd'hui Fashion Cube,
le regroupement de Jules, BizzBee et Brice) : «J'ai
voulu proposer une offre mode et responsable pour le groupe. J'ai
imaginé un label, co-créé avec les trois enseignes et j'ai piloté
la construction d'une collection»
détaille l'ingénieure textile de formation.
Durant
trois ans, La Gentle Factory prend ses marques, vend ses produits au
sein des magasins d'Happy Chic mais rapidement, il a fallu prendre
son émancipation et la toute première boutique voit le jour en
2017, rue de la Grande Chaussée à Lille. Une première expérience
au contact de la clientèle mais qui n'a pas forcément eu l'effet
escompté : «C'était
compliqué de vendre à la fois dans les boutiques d'Happy Chic et à
côté, dans un magasin de type indépendant. On n'était pas assez
structurés pour des business différents».
Qu'à
cela ne tienne, Christèle Merter change son fusil d'épaule et
rachète la marque en 2019 sur ses fonds propres et avec deux
associés. Rapidement, La Gentle Factory s'installe dans l'ancienne
Filature Cavrois Mahieu à Roubaix,
en plein cœur du berceau textile.
«C'était
la meilleure décision pour l'entreprise. On a ainsi pu mieux
développer l'idée d'un concept-store indépendant»
se rappelle la fondatrice. Malheureusement quelques mois après, le
Covid vient fermer les boutiques et plomber le commerce. Mais...
pousse les consommateurs à acheter différemment. Résultats, des
croissances à deux chiffres durant trois ans et une belle expansion
pour la Gentle Factory.
150
références pensées à Roubaix
L'an
dernier, la marque a produit 100 000 pièces, pour les deux tiers à
base de fibres biologiques et le reste en fibres recyclées. Les fils
sont achetés en Europe, puis tricotés, confectionnés et teints par
une trentaine de partenaires en France, dont une partie dans les
Hauts-de-France avec par exemple, la confection à Roubaix et le
tricotage à Moreuil en Picardie.
Les
produits sont vendus dans 80 boutiques partenaires multimarques
partout en France et dans la métropole lilloise, chez El Market rue
Gambetta à Lille, rue de la Monnaie ainsi que chez Balt.e à
Villeneuve d'Ascq. Les ventes en ligne représentent plus d'un tiers
de l'activité. Loin des diktats de la fast fashion, Christèle
Merter veut trouver le juste équilibre entre une mode responsable
mais abordable : c'est la raison pour laquelle plus de la moitié des
références reste disponible deux à trois ans de suite et que les
références couleurs ont été réduites de 500 à 90.
La
reprise d'Adresse : une ouverture sur le vêtement technique
Nouvelle
étape pour La Gentle Factory en juillet dernier avec le rachat
de la marque parisienne Adresse,
avec ses deux boutiques. «L'économie
est chahutée depuis le Covid, il fallait s'associer pour se
développer. Adresse a un positionnement très technique sur le work
wear, avec une mode axée autour de la mobilité. Avec cette
collaboration, chacun va pouvoir exprimer ses collections dans un
même lieu de vente, tout en gardant nos identités».
C'est donc sous le nom de «La
Factory»
que les deux marques seront vendues dans les quartiers de République
et de Montmartre.
Les
neuf salariés d'Adresse viennent compléter l'effectif
d'une quinzaine de personnes de La Gentle Factory.
«Le
maître mot, c'est la rationalisation. On n'est pas du tout là pour
pousser les gens à acheter. Quand le commerce est chahuté, il faut
tenir le cap mais on est présents là où on ne nous attend pas. On
ne se revendique pas du tout élitiste même s'il y a une réalité
de marché, on essaie de rendre le made in France accessible».
Et cela passe par exemple sur la mise à disposition de patrons pour
les clients amateurs de couture, ou sur le service de retouche et de
seconde main. Ou encore sur un tee
shirt 100% made in France à seulement 25€.
80%
des références de La Gentle Factory sont masculines, avec une
proportion importante laissée aux vêtements unisexes. Quant à
l'industrie textile pointée du doigt pour la pollution qu'elle
génère, Chrystèle Merter a son avis : «Clairement,
on n'a plus besoin de produire des vêtements et dans 10 ans je pense
que l'on n'en vendra plus. On se concentrera sur des pièces uniques
qui répondront à un besoin particulier. C'est un vrai non-sens de
produire des pièces pour les mettre en stock».
Cette vision, la fondatrice veut la mettre au service de marques du
retail pour les aider à mieux fabriquer.
Dix ans après sa création, La Gentle Factory va également dévoiler d'ici la fin de l'année une collaboration inédite avec l'enseigne régionale Promod. A cette occasion, les deux marques ont imaginé cinq intemporels, avec des sweats-shirts et tee-shirts fabriqués en France et vendus uniquement sur les sites web des deux enseignes. Collection capsule, croissance externe, l'actualité chargée de la Gentle Factory reste guidée par un sens : réindustrialiser la filière textile avec des prix accessibles.