La gauche d'accord sur la répartition des circonscriptions, Mélenchon ne dit pas non à Matignon

Alors que les partis de gauche continuaient mercredi de bâtir dans l'urgence le nouveau "Front populaire" via un accord pour se partager la quasi-totalité des 577 circonscriptions, Jean-Luc Mélenchon n'a pas fermé la porte à l'idée de prendre la tête de cette coalition...

Les députées La France Insoumise (LFI) Aurélie Trouvé (G) et Mathilde Panot à Paris, le 10 juin 2024 © Dimitar DILKOFF
Les députées La France Insoumise (LFI) Aurélie Trouvé (G) et Mathilde Panot à Paris, le 10 juin 2024 © Dimitar DILKOFF

Alors que les partis de gauche continuaient mercredi de bâtir dans l'urgence le nouveau "Front populaire" via un accord pour se partager la quasi-totalité des 577 circonscriptions, Jean-Luc Mélenchon n'a pas fermé la porte à l'idée de prendre la tête de cette coalition à Matignon, en cas de victoire aux législatives anticipées.

"Je ne m'élimine pas mais je ne m'impose pas", a déclaré le fondateur de LFI sur France 2, précisant s'en sentir "capable".

"On va en rester à la formule qu'a proposée Olivier Faure, c'est le groupe parlementaire le plus important qui propose un Premier ministre", a-t-il ajouté.

Le triple candidat à la présidentielle était la tête de gondole de la Nupes aux législatives de 2022, fort de ses 22% à la présidentielle.

Pour ces élections législatives du 30 juin et du 7 juillet, ce sont, comme lors de la dernière fois, les Insoumis qui présenteront le plus de candidats, mais le nombre de circonscriptions réservées aux socialistes augmente fortement par rapport à ce que l'accord électoral de la Nupes avait prévu pour eux lors des dernières élections législatives.

La France insoumise aura 229 candidatures, le Parti socialiste et Place publique 175, les Ecologistes 92 et le Parti communiste français 50, ont indiqué les responsables socialistes Pierre Jouvet et Sébastien Vincini dans un courrier envoyé aux adhérents mercredi matin.

Un peu plus tôt dans la journée, le député insoumis Paul Vannier, chargé de cette branche des négociations pour la formation insoumise, avait indiqué à l'AFP des chiffres similaires: 230 circonscriptions pour LFI, 170 pour le PS, environ 90 pour les Ecologistes et 50 pour le PCF.

2022 ou 2024 ?

Un vrai débat sur le mode de calcul a opposé les socialistes, qui ont fini premiers des listes de gauche aux européennes dimanche, et les Insoumis, qui voulaient toujours surfer sur les 22% de Jean-Luc Mélenchon à l'élection présidentielle de 2022.  

"Cet accord acte la progression des socialistes mais n'oublie pas la présidentielle", a expliqué Paul Vannier alors que Raphaël Glucksmann a obtenu aux européennes 13,8% des voix, quatre points devant Manon Aubry et les Insoumis.

"Nous voulions nous baser sur une moyenne des législatives, des présidentielles et des européennes alors que les socialistes voulaient seulement prendre en compte le résultat des européennes", a précisé le député du Val-d'Oise, qui assure que le mouvement de gauche radicale a "fait des efforts".

Au moment de la Nupes, les Insoumis avaient présenté 328 candidats, soit 100 de plus que cette fois-ci, contre 100 pour EELV, 70 pour le PS et 50 pour le PCF.

Cette fois-ci, "le PC, le PS et EELV pèsent désormais plus que LFI dans la répartition globale des circonscriptions", notent Pierre Jouvet et Sébastien Vincini.

Les sortants "sanctuarisés

"Toutes les circonscriptions des députés sortants sont sanctuarisées", a indiqué Paul Vannier, alors que le cas du LFI Adrien Quatennens par exemple, condamné en décembre 2022 pour violences conjugales, fait débat chez les socialistes et les Ecologistes.

Les négociateurs vont essayer maintenant de déterminer précisément quelle circonscription revient à quelle formation. Ce qui devrait générer quelques tensions supplémentaires.

Malgré tout, "les feux sont en train de passer au vert un par un", estime la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier.

Alors qu'elle était réunie mercredi avec les autres chefs de parti au siège du Parti communiste français à Paris, notamment pour évoquer le "déploiement de la campagne", des négociations programmatiques sont également en cours depuis mardi entre les différents partis de gauche.

Et celles-là semblent moins avancées.

"Il y a des points monstrueux qui sont bloquants, sur la base de la base, les fondamentaux", s'est alarmé mercredi matin un proche de Raphaël Glucksmann.

"On veut que la campagne du Front populaire soit extrêmement claire sur la lutte contre l'antisémitisme", a indiqué pour sa part en début d'après-midi la maire PS de Nantes, Johanna Rolland, qui participe à ces négociations aux côtés du patron des députés socialistes, Boris Vallaud.

La cheffe des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, a confirmé que les engagements sur la lutte contre l'antisémitisme étaient "un point essentiel" des discussions, alors que des déclarations de Jean-Luc Mélenchon ont fait polémique pendant la campagne européenne. 

"Une V1 (une première version du programme, NDLR) est sortie", a-t-elle expliqué. "Le gros du travail est fait."

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