La galaxie Mulliez et son fleuron Decathlon objets de nouvelles critiques

Decathlon accusé d'avoir pour sous-traitant une entreprise liée au travail des Ouïghours, plan social chez Auchan malgré la bonne santé globale de la galaxie Mulliez: le géant du Nord de la France, pointé du doigt par plusieurs informations...

Le distributeur Decathlon, enseigne de la galaxie Mulliez, est accusé par le média Disclose et l'émission de France 2 Cash Investigation d'avoir pour sous-traitant en Chine une entreprise liée au travail des Ouïghours © Martin LELIEVRE
Le distributeur Decathlon, enseigne de la galaxie Mulliez, est accusé par le média Disclose et l'émission de France 2 Cash Investigation d'avoir pour sous-traitant en Chine une entreprise liée au travail des Ouïghours © Martin LELIEVRE

Decathlon accusé d'avoir pour sous-traitant une entreprise liée au travail des Ouïghours, plan social chez Auchan malgré la bonne santé globale de la galaxie Mulliez: le géant du Nord de la France, pointé du doigt par plusieurs informations de presse jeudi, tente de montrer patte blanche.

Decathlon condamne "avec fermeté toute forme de travail forcé", martèle le N.1 français des articles de sport et mastodonte mondial, qui revendique 100.000 salariés et 1.700 magasins dans plus de 70 pays. En 2023, dernier exercice connu, il avait vendu pour 15,6 milliards d'euros d'articles, générant un confortable bénéfice net de 931 millions d'euros.

Régulièrement classé parmi les enseignes préférées des Français, il est aujourd'hui accusé par deux médias, Disclose et l'émission de France 2 Cash Investigation, de bénéficier du travail forcé de Ouïghours en Chine.

Concrètement, Decathlon est accusé par ces deux médias de s'approvisionner en textiles auprès d'un groupe, "Qingdao Jifa Group", qui "s'appuie sur un réseau de travail forcé en Chine", écrit Disclose dans un article publié jeudi matin.

Xinjiang

Dans le documentaire de Cash Investigation diffusé jeudi soir, et que l'AFP a pu consulter, une cadre locale indique que du coton entreposé dans une entreprise produisant pour l'enseigne de la galaxie Mulliez peut provenir du Xinjiang.

Cette région chinoise a, dans le passé, été frappée par des attentats sanglants attribués par les autorités à des islamistes et des séparatistes et la Chine y a lancé une vaste campagne sécuritaire.

Selon des affirmations d'ONG et d'études occidentales, que l'AFP n'est pas en mesure de vérifier, des Ouïghours, musulmans et principal groupe ethnique dans cette région, seraient victimes de travail forcé.

La communication de l'enseigne a confirmé s'approvisionner auprès de Qingdao Jifa mais a déclaré à l'AFP être "engagé(e) au quotidien pour garantir l'intégrité et le respect des droits fondamentaux au sein de nos activités et de notre chaîne de valeur". "Nous n'hésiterons pas à réagir et prendre toutes les mesures nécessaires si les faits étaient avérés".

La même source indique "que 100% du coton utilisé" par Decathlon "provient de sources engagées dans des pratiques plus responsables, garantissant l'absence de toute forme de travail forcé".

Cash Investigation évoque notamment des produits arborant le logo de la ligue américaine de basket, la NBA, dont Decathlon est partenaire depuis 2021.

L'enseigne revendique pouvoir vendre des produits "aux couleurs de la NBA et des franchises NBA" dans ses magasins. Elle assure à l'AFP ne pas vendre de produits fabriqués en Chine aux Etats-Unis, où le Congrès a voté en décembre 2021 l'interdiction d'importer des produits provenant du Xinjiang, sauf à prouver que leur production n'intègre pas de travail forcé.

Statut de l'AFM

Autre point d'intérêt pour l'émission Cash Investigation: le statut de l'Association familiale Mulliez (AFM), qui contrôle de nombreuses enseignes comme Leroy Merlin, Kiabi, Flunch, Boulanger et Auchan et rassemble près de 900 membres de la famille.

L'AFM "n'a pas – malgré son nom – le statut juridique d'association", a indiqué à l'AFP la communication de l'AFM. Cette dernière n'a même "pas de personnalité juridique".

"La Famille Mulliez et les participations qu'elle détient ne constituent pas un groupe de sociétés" au sens du Code du commerce, ou un "+groupement d'intérêt économique+ au sens du droit français des sociétés", dit la même source.

La précision est importante car les représentants du personnel d'Auchan, qui enchaîne les exercices économiques difficiles et a annoncé fin 2024 un vaste plan social menaçant 2.400 emplois en France, appellent à un reclassement des salariés concernés au sein d'autres enseignes Mulliez en meilleure santé, comme Decathlon, qui a choqué en remontant à ses actionnaires quelques semaines plus tard, un milliard d'euros de dividendes.

La galaxie Mulliez, qui mélange des sociétés civiles détenues par la famille et des holdings gérant les enseignes, avait un temps été ciblée par une enquête sur des soupçons de blanchiment de fraude fiscale, qui s'est soldé par un non-lieu fin octobre 2024.

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