Industrie automobile
La Française de mécanique est-elle condamnée ?
L’histoire de la Française de mécanique et celle de la zone industrielle Artois-Flandres et du Syndicat intercommunal éponyme sont étroitement liées. Aussi, quand la direction de Stellantis annonce que les prochaines générations de moteurs ne seront plus produites à Douvrin, le mécontentement gagne.
Le parc des industries Artois-Flandres est né, en 1967, de la volonté des élus d’une vingtaine de communes de créer une zone industrielle qui pourrait compenser les suppressions d’emplois liés au déclin de Charbonnages de France et de l’ensemble des activités associées.
La première entreprise à s'y installer est la Française de mécanique, une société spécialisée dans la fabrication de moteurs pour l’automobile, fruit de l’alliance entre Renault et PSA. «Pendant longtemps, cette usine a été le fleuron de la zone industrielle. Elle a compté jusqu’à 6 000 salariés au début des années 2000», précisent les représentants syndicaux.
Baisse des effectifs, mais aussi de la production, l’usine douvrinoise était entrée dans une phase de compactage depuis quelques années. Le site est en train de passer de 140 à 40 hectares. Le nombre de salariés a également baissé pour se stabiliser à environ 1 500 personnes.
Gigafactory
Il y a deux ans, lorsque la Région Hauts-de-France, par la voix de son président Xavier Bertrand, s’est positionnée pour son implantation à Douvrin, tout semblait indiquer que le site aller renouer avec l’emploi et ses plus belles années, grâce aux motorisations de nouvelles générations et aux batteries pour les véhicules électriques.
L’usine de batterie ACC, co-entreprise entre Stellantis et Total, devait d’ici 2030 employer 1 500 personnes et compenser ainsi une partie des emplois perdus à la FM ces vingt dernières années.
Mais c'était sans compter sur l’annonce faite par le groupe PSA, le 24 février, de délocaliser en Hongrie, dans une usine Opel, la production de la nouvelle génération de moteur EP hybride. Coup dur pour l’usine de Douvrin qui a été pendant longtemps l’une des plus grosses usines de moteurs thermiques à l’échelle mondiale. «Arrêt de l’EP, fin du moteur D en 2022, l’usine est vouée à la fermeture...» selon les représentants syndicaux.
Dès lors, salariés, mais aussi habitants des communes aux alentours et élus se sont mobilisés : ils étaient un peu plus de 800 à manifester sur les parkings de la FM, Xavier Bertrand en tête.
La colère
Pour les élus locaux, la fermeture prévue pour 2025 s'apparente bel et bien à une trahison. Il faut dire que les collectivités locales ont très largement mis la main au portefeuille pour accueillir la gigafactory, mais aussi pour moderniser les lignes de production de l’EP.
«On a l’impression de revenir plusieurs décennies en arrière, lorsque la zone a été créée pour faire face à la récession minière», souligne André Kuchcinski, le président du Siziaf.
Elus du Siziaf, de la Région, du Département et des deux Agglomérations (CABBLR et CALL) réclament un planning précis et une visibilité pour les dix années à venir : «La décision du groupe est brutale, elle n’est pas acceptable en l’état.» En effet, Stellantis n’annonce rien pour le reclassement des salariés, pas de plan de revitalisation.
Calmer les esprits
Coïncidence ou désir du groupe Stellantis de calmer les esprits, celui-ci a annoncé le 13 avril dernier que finalement la troisième génération du moteur EB essence serait bien produite à Douvrin. Mais ce moteur 3 cylindres de nouvelle génération ne permettra le maintien de l'emploi sur le site que pour un peu plus de 400 salariés. Se pose alors la question de la rentabilité du site avec uniquement un moteur dont les volumes ne sont pas si importants. L’intersyndicale demande donc à ce que la direction de Stellantis revienne sur sa décision de délocaliser la production de l’EP Pure Tech en Hongrie pour sauver la FM et ses emplois.