La Fondation du patrimoine propose aux TPE un mécénat local et “visible”
Restaurer un château, entretenir une demeure historique… Aux TPE qui souhaitent s’investir dans leur territoire via une démarche de mécénat, la Fondation du patrimoine propose un outil, les clubs de mécènes. Entretien avec Benjamin Mermet, directeur des projets et des ressources locales à la Fondation du patrimoine.
En quoi consistent les clubs de mécènes et comment fonctionnent-ils ?
Benjamin Mermet : Le fonctionnement est assez simple. Les entreprises se réunissent et nous leur proposons des projets d’entretien ou de restauration du patrimoine à financer, dans le département. Les entreprises adhèrent au club pour trois ans, pour un montant de 3 000 à 4 000 euros. Chaque club soutient deux à cinq opérations par an, pour quelques milliers ou quelques dizaines de milliers d’euros par projet. Ceux-ci peuvent être de nature très diverse. Par exemple, le club de mécènes de Seine-et-Marne a donné 10 000 euros pour préserver les ruines du château royal de Montceaux-les-Meaux. Celui du Puy-de-Dôme a versé 11 000 euros pour restaurer le pont sur le Vendeix à La Bourboule. Autre exemple, le club de mécènes du Var a donné 8 460 euros pour restaurer la chapelle Notre-Damede-Pitié (Le Val). Afin de remettre en état l’aéronef avion Dassault Alencon, un avion conçu en 1947, le club des mécènes de l’Orne a versé un total de 15 000 euros sur trois années d’affilée. Aujourd’hui, on compte une trentaine de clubs, essentiellement départementaux. Ils regroupent 250 entreprises qui ont engagé 600 000 euros en 2016.
Pourquoi ce dispositif est-il particulièrement adapté pour les TPE ?
En matière de mécénat, les entreprises sont très sollicitées. Mais pour celles qui souhaitent donner une petite visibilité à leur action, surtout lorsqu’il s’agit de travaux sur le long cours, agir au sein d’un club donne davantage de perspectives que d’agir seules. En effet, tous les projets proposés par la Fondation du patrimoine aux clubs font déjà l’objet d’une campagne de souscription publique et bénéficient donc déjà d’une certaine visibilité. De plus, pour chaque projet mené sous l’égide de la Fondation, nous associons les financeurs à son suivi. Par exemple, lorsque les membres d’un club se mettent d’accord sur un financement, nous mettons en place une convention avec le porteur de projet, laquelle fait souvent l’objet d’une manifestation publique où sont conviées la presse et la population. Puis, à la fin des travaux, nous organisons une cérémonie d’inauguration publique.
Qui sont ces TPE déjà actives au sein des clubs et quelles sont leurs motivations ?
Il s’agit de TPE qui ont un fort ancrage local. Parmi ces entreprises, 47% appartiennent au secteur du bâtiment, de l’artisanat et de la restauration, 12% sont des professions libérales, 6% relèvent des métiers de bouche, 14%, des services, 10%, des banques et assurances, 7%, de l’industrie et de l’agriculture.
Elles ont de multiples raisons qui les poussent à se lancer dans le mécénat du patrimoine. Pour certaines, il y a la volonté de rendre la pareille aux collectivités locales qui ont permis le déploiement de leur activité. Il y a aussi une appétence personnelle du dirigeant pour la culture et le patrimoine, ou encore l’envie de rencontrer et de discuter avec des entreprises qui appartiennent à des domaines diffé- rents mais qui peuvent partager des mêmes enjeux. Nous essayons de créer un réseau avec les membres de chaque club. Par exemple, une ou deux fois par an, nous organisons des manifestations, comme des visites privilégiées pour leur faire découvrir des lieux insolites du patrimoine. Mais si les motivations de ces entreprises sont variées, le choix est souvent rapide. Chez les TPE, le mécénat est le fait du dirigeant et c’est plutôt au coup de cœur.
Pourquoi la Fondation du patrimoine a-t-elle développé ces clubs ?
Depuis sa création en 1996, l’objectif fixé par le législateur à la Fondation du patrimoine est de fédérer les énergies du public et du privé en faveur de la restauration du patrimoine national. Nous disposions déjà d’autres outils pour favoriser l’engagement des entreprises, mais ils étaient plutôt adaptés pour les plus grandes, qui peuvent donner des dizaines de milliers d’euros comme, par exemple, Motul, fabriquant d’huiles de moteur, qui finance la restauration de véhicules anciens. En 2010, pour permettre aussi aux petites et moyennes entreprises de s’investir, nous avons donc mis en place ce nouveau format des clubs. Les entreprises s’en sont saisies : nous avons un bon taux de fidélisation dans les clubs, de l’ordre de 76,3%. Et au-delà de trois ans, les désaffections se font très rares… Une fois un “noyau dur” du Club installé, ce sont ses membres mêmes qui en deviennent les ambassadeurs et amènent de nouveaux adhérents.