Formation

La Flamme, première école de production dans la Somme, à Ham

À la fin du mois de septembre 2023, la première école de production dans la Somme ouvrira ses portes à Ham. Une initiative née d’un collectif de chefs d’entreprises ayant des difficultés à recruter. Une quinzaine de jeunes en décrochage scolaire vont apprendre la chaudronnerie et la soudure dans la réalité du monde professionnel.

La directrice Christelle Devillers (au centre) entourée à sa gauche de Paul-Maixent Deveugle, des élus et autres partenaires du projet.
La directrice Christelle Devillers (au centre) entourée à sa gauche de Paul-Maixent Deveugle, des élus et autres partenaires du projet.

« Le projet de cette école est né grâce à un collectif composé d'industriels du secteur de l’est de la Somme, de Saint-Quentin, Chauny, mais aussi sous l’impulsion d’acteurs économiques de divers horizons et d'institutionnels facilitateurs. Ce projet a également été porté par la Communauté de communes de l’est de la Somme (CCES) », explique Christelle Devillers la nouvelle directrice de l’école qui connaît très bien le sujet. Avant d’être recrutée à ce nouveau poste, elle était en charge de la vie des entreprises, emploi et insertion à la CCES. C’est donc Christelle Devillers, en partenariat avec les différents partenaires dont Paul-Maixent Deveugle, l’un des premiers instigateurs du projet, dirigeant de Soptol à Ham (spécialiste de la tôlerie fine), qui ont monté le projet.

Les écoles de production sont des écoles techniques privées reconnues par l’État et gérées par des organismes à but non lucratif qui préparent aux diplômes de l’Éducation nationale. Elles sont ouvertes aux jeunes dès l’âge de 15 ans, qui peuvent ainsi travailler sur des commandes réelles passées par les entreprises locales.

C'est un apprentissage intégré qui ne fait pas appel à un principe d’alternance entre l'école et l'entreprise, les apprentissages se font au sein de l'établissement pour la formation pratique et théorique avec une pédagogie partant de la pratique vers la théorie. Les formations proposées sont diplômantes (CAP, bac professionnel) avec un taux de réussite moyen de 93%. Les jeunes s’orientent ensuite soit vers un emploi, généralement dans les entreprises clientes de l’école, ou poursuivent leurs études, en apprentissage principalement. À Ham, cette première école de production sera spécialisée dans la chaudronnerie et la soudure et sera située dans les anciens locaux de l’entreprise Soptol.

Ce choix de Ham est la résultante des analyses des besoins de main d’œuvre sur le secteur ainsi que de la problématique de recrutement des entreprises locales, notamment dans la chaudronnerie et la soudure. Selon les chiffres de la CCES en avril 2022, le besoin de main d’œuvre dans le secteur de la métallurgie et produits métalliques était de 120 projets de recrutement, avec un taux de 95% de difficultés à recruter. 

Christelle Devillers, la nouvelle directrice qui accueillera la première promotion de jeunes, fin septembre 2023.


Faire pour apprendre

« L’école sera ouverte aux élèves âgés de 15 à 17 ans – des jeunes déscolarisés, ou des mineurs isolés -, quel que soit leur niveau scolaire. Le seul critère d’admission étant la motivation, les élèves vont apprendre à partir de commandes de produits ou de services pour des clients dans un atelier équipé comme en entreprise », précise Christelle Devillers.

Une école aux frais de scolarité très modiques : environ 10 euros par mois (comprenant les achats de fournitures vestimentaires).

« Nous sommes en cours de négociation afin que ces jeunes puissent aller se restaurer dans une cantine d’entreprise. Tous doivent pouvoir manger correctement le midi pour être efficaces sur les machines qui sont pour la plupart dangereuses », souligne la directrice. L’emploi du temps s’approche des professionnels avec 35 heures par semaine, soit 24 heures d’atelier et onze heures d’enseignement général et technique.

Les jeunes seront encadrés par des maîtres professionnels issus du monde de l’entreprise qui ont des compétences de transmission. « Quant aux matières théoriques - français, mathématiques, sciences, histoire-géographie, anglais, Éducation morale et civique -, se sont des enseignants bénévoles qui assureront les cours. Ils sont quasiment tous recrutés, et sont pour la plupart des enseignants retraités ou travaillant à mi temps », conclut Christelle Devillers.


L’école sera située rue de Verdun à Ham, dans l’ancien atelier de Soptol qui s’est installé sur un site plus spacieux.

Le financement de l’école

Ce projet d’école est financé en partie par Total Energies, pour un montant de 400 000 euros en investissements pour la première année, les Fonds européens, via la Région, pour un montant estimé à 100 000 euros pour la première année (basé sur le nombre d’enseignants présents, en fonction du nombre d’élèves accueillis), les différents mécénats, l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), des fondations privées, les membres du bureau et de l’association. Viendra ensuite la taxe professionnelle lors de la 2eannée, sans oublier le produit des ventes. Un budget de 700 000 euros d’investissements, (achat de machines, aménagement du site) a été prévu pour créer cet atelier de 1 500 m².