La filière veut produire mieux et plus

Après le Sud-Est en 2006 et le Sud-Ouest en 2007, c’est le nord de la France qui a accueilli en 2011 les Rencontres de l’Aquaculture. Organisées du 12 au 14 mai au palais de l’Europe du Touquet et à Boulogne, par le syndicat des pisciculteurs salmoniculteurs du Nord, ces journées ont réuni les aquaculteurs marins et continentaux et leurs partenaires institutionnels et économiques de toute la France.

Président du syndicat du Nord, Philippe Renou, a présenté les challenges de la corporation : produire mieux, produire davantage, produire de manière plus durable et plus économique tout en s’adaptant sans cesse à l’évolution de notre environnement sociétal, politique, réglementaire et économique et aux attentes des consommateurs. Comme la consommation des produits aquatiques est passée de 25 à 35 kg par Français en 10 ans et que les débarquements sont en baisse constante, l’aquaculture a la pêche.

Pour le président du Conseil régional Nord-Pas-de-Calais, Daniel Percheron, il faut développer la filière aquacole “pour préserver la ressource halieutique, compenser la baisse des captures de poisson sauvage, et, dans le même temps, renforcer le tissu socio-économique de la place boulonnaise, premier port de pêche français et premier centre européen de transformation et de valorisation des produits aquatiques.” En vue de se donner les moyens de cette politique de développement, la Région a lancé une étude dont les conclusions ont souligné l’opportunité de faire émerger une filière aquacole innovante : “Il y est estimé qu’à l’horizon 2020, Boulogne pourrait disposer d’une production aquacole d’environ 10 000 tonnes, complémentaire à celle de la pêche (35 000 tonnes en 2010).” C’est aussi l’objectif affiché par le président de la Mission Capécure 2020, Frédéric Cuvillier, soucieux de garantir une ressource durable à Boulogne.

Vers une station pilote aquacole.

Autre clef d’entrée : Aquimer. Le Pôle de compétitivité national a pour ambition de fédérer et d’entraîner les compétences économiques et scientifiques en matière halieutique. Il s’est notamment positionné sur cet axe stratégique, désormais accepté par l’ensemble des acteurs. Ainsi les pêcheurs de la Coopérative maritime étaploise (CME) étudient sérieusement cette source de diversification : “L’aquaculture conserve l’attrait de notre métier (poisson, eau de mer) et doit rester dans les mains de ses professionnels, explique le directeur général Eric Gosselin. On est déjà sur les rangs, car on a besoin de matière première pour notre unité de transformation. On maîtrise les circuits de distribution et on est prêts à aider des jeunes qui souhaiteraient se lancer dans le métier pour vendre dans nos structures, comme nous le faisons pour la pêche. Grosso modo, le prix d’une ferme aquacole correspond à celui d’un chalutier de 24 m ; le tonnage annuel également. On pourrait privilégier des projets novateurs à terre, avec eau de mer (saumon par exemple), avec un accompagnement de la Région. N’oublions pas que la CME, il y a trente ans, s’était déjà lancée dans la mytiliculture, en plantant des pieux sur la plage de Dannes.” Pilote de la future plate-forme d’innovation “Nouvelles Vagues”, Aquimer souhaite développer à Boulogne une Station pilote aquacole pour une aquaculture durable à grande échelle.