La filière automobile régionale doit muter pour survivre

Les Hauts-de-France sont la première région automobile de France. Elle compte sur son territoire sept usines d’assemblage et plus de 550 sous-traitants. Depuis quelques mois, elle s’est mise en route vers la transition électrique et se retrouve, après les annonces faites par Emmanuel Macron, au coeur de la nouvelle dynamique voulue par le Gouvernement. Explications.

Le Site Sevenord doit faire face à une forte dynamique industrielle, pour répondre à la demande, le groupe a fait appel à des intérimaires et à des salariés d’autres usines.
Le Site Sevenord doit faire face à une forte dynamique industrielle, pour répondre à la demande, le groupe a fait appel à des intérimaires et à des salariés d’autres usines.

Née de la volonté de tourner la page de l’extraction charbonnière, la filière automobile régionale se développe depuis une cinquantaine d’années. Elle représente aujourd’hui plus de 50 000 salariés qui œuvrent pour 550 équipementiers, fournisseurs et sous-traitants, et compte trois constructeurs mondiaux (PSA, Renault et Toyota), présents sur sept sites de production (Toyota Onnaing, Renault Douai, MCA Maubeuge, PSA Valenciennes, STA Ruitz, Française de mécanique Douvrin et Sevelnord Hornain).
La filière régionale représente 31% de la production nationale de véhicules, 1,3 million de boîtes de vitesses et plus de 600 000 moteurs produits par an.
Reste que depuis la crise de 2008, l’industrie automobile est malmenée. Subissant de plein fouet les baisses des ventes, elle est contrainte de se réinventer pour perdurer et progresser.
Les arguments pour que la filière régionale garde sa position de leader ne manquent pas, et il semble même que les futurs projets des constructeurs semblent une nouvelle fois faire la part belle aux différents sites nordistes.
La crise sanitaire et plus largement les annonces faites par Emmanuel Macron sont en effet autant de signaux forts en faveur de la filière régionale. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le président de la République a choisi d’annoncer les différents points du plan de relance de l’industrie automobile à l’usine Valéo d’Étaples.

®Renault ©Romain LAURENT

La future Renault Kangoo ZE sera plus dynamique et bénéficiera de l’expertise acquise par Renault ces dernières années.

Transition électrique

Le virage a été timidement amorcé par Renault dans son usine de Maubeuge, où sont produites depuis 2011 les Kangoo ZE. Fort de cette première expérience pour le moins réussie, le constructeur au losange s’apprête à réitérer l’expérience, cette fois sur le site de Douai où sera produit, dans un avenir proche, un petit SUV urbain 100% électrique.

Les deux usines nordistes se rassembleront en un pôle d’excellence optimisé des véhicules électriques et utilitaires légers. La MCA de Maubeuge produira une nouvelle version de la Kangoo ZE. Le constructeur peut compter sur l’expertise de Nissan dans le domaine des véhicules électriques pour se développer. 

Ces projets de Renault sont plus que d’actualité, puisqu’un des points essentiels du plan de relance gouvernementale vise une production plus importante de véhicules électriques, la promotion des véhicules zéro émission et l’indépendance de la France dans la production de batteries pour véhicules électriques. 

ACT'STUDIO

Le plan de relance gouvernemental promeut les véhicules 100% électriques, au moment où PSA envisage la création d’une usine de batteries pour véhicules électriques sur son site de Douvrin.

D’ailleurs, sur ce deuxième point (nous l’annoncions dans nos colonnes il y a quelques mois), le groupe PSA envisage, dans le cadre d’un partenariat avec Saft, filiale de Total, de produire à Douvrin, en lieu et place d’anciennes chaînes de production de moteurs thermiques, des batteries pour véhicules électriques et devenir le leader européen dans ce domaine. 

Encore une fois, les annonces d’Emmanuel Macron laissent à penser que l’ouverture de cette nouvelle activité, initialement envisagée pour 2023, est sur de bons rails.

Seule incertitude dans ce dossier, qui était pourtant déjà bien avancé : le projet de “gigafactory” dans lequel Renault était impliqué, puisqu’il dispose de plusieurs sites industriels à reconvertir. Les prochains mois seront donc décisifs pour l’implantation de ce projet d’usine sur le site de la Française de mécanique de Douvrin. Toujours est-il que si l’on analyse les projets régionaux, il serait intéressant pour la filière de disposer là d’une telle structure : elle pourrait ainsi fournir les sites de Douai et de Maubeuge, mais aussi celui de PSA Sevelnord qui a également lancé des versions 100% électriques de ses utilitaires.  

Toyota

Un nouveau modèle sera produit sur les mêmes chaînes que la Yaris dans les années à venir. Ici la quatrième version de la citadine nippone

Toyota

Le groupe japonais l’a confirmé en début d’année par la voix de son vice-président exécutif Europe, Matt Harrison : l’usine TMMF Toyota Motor Manufacturing France à Onnaing produira dans quelques années un nouveau SUV de segment B. Le véhicule empruntera la nouvelle plateforme qui équipe actuellement 50% des véhicules vendus par le groupe nippon en Europe.

Si, pour le moment, aucune date n’a été évoquée concernant la mise en production de ce nouveau modèle sur les chaînes de l’usine valenciennoise, Toyota a d’ores et déjà investi plus de 300 millions d’euros pour moderniser son outil industriel, auquel s’ajouteront 100 millions d’euros pour lancer la production. 

Et les enjeux sont importants pour le groupe qui estime que ce nouveau modèle devrait représenter 30% des ventes de Toyota en Europe d’ici à 2025. Outre, le fait que ce nouveau modèle star sera produit sur les mêmes chaînes que la Yaris, il s’agit d’une très bonne nouvelle pour l’emploi dans le Valenciennois. Pour produire ce SUV, Toyota aura forcément besoin de renforcer ses équipes.