Emploi

La féminisation des métiers de l’industrie enclenchée dans la Somme

État, entreprises et partenaires institutionnels s’unissent dans le département en faveur de la féminisation des métiers de l’industrie. Pour cela, un guide a été lancé le 20 juin.

Solenn Lostuzzo, Aurélia Blanc, Fabien Pierron, Léa Bernard, Ludivine Fourny et Émilie Segard. (c)Aletheia Press/ DLP
Solenn Lostuzzo, Aurélia Blanc, Fabien Pierron, Léa Bernard, Ludivine Fourny et Émilie Segard. (c)Aletheia Press/ DLP

L’État, des industriels et des partenaires comme l’UPJV, Pôle emploi, la Région, l’UIMM, la CCI ou encore l’Aract se sont associés pour créer le premier Guide pratique de la féminisation des emplois dans l’industrie. Un outil pratique présenté lors d’un colloque organisé, le 20 juin, sur le site de la Citadelle à Amiens. Une initiative qui doit augmenter la présence des femmes dans les entreprises industrielles de la Somme.

Selon une étude de 2022 menée par l’Insee, 28,5% des employés de l’industrie étaient des femmes. Si, dans la Somme, la situation semble légèrement meilleure avec 34,6% de salariées (chiffre UIMM du Vimeu), la mixité est encore très peu présente dans ce secteur d’activité qui rencontre pourtant des difficultés de recrutements. « L’industrie est à la peine dans notre pays, la crise sanitaire puis les répercussions de la guerre en Ukraine lui ont causé d’importants préjudices. Ce secteur a donc besoin de tous les talents disponibles », pointe Sarah Croché, directrice de l’UFR Sciences humaines, sociales et philosophique d’Amiens.

Dans la Somme, 34,6% de salariés dans l'industrie sont des femmes. @Pixabay

Une vision partagée par Laetitia Creton, directrice départementale de l'emploi, du travail et des solidarités de la Somme. « L’égalité est une priorité de l’État, c’est une question de droits mais aussi de performance économique », pointe-t-elle. Elle rappelle aussi les enjeux de renouvellement de compétences auxquels vont faire face les entreprises.

« Je suis heureux que nous soyons réunis ici, à l’université pour rappeler les fondamentaux de notre République : les femmes et les hommes sont différents, mais il n’y a aucune raison de les traiter différemment dans l’emploi. Nous devons nous affranchir du regard culturel posé sur la femme, c’est une affaire sociétale qui concerne tous les citoyens », assure de son côté Mohammed Benlahsen, président de l’UPJV.

Un guide pratique inédit

Sous l’impulsion d’Émilie Segard, déléguée départementale à l’accompagnement des reconversions professionnelles, État, industriels et acteurs institutionnels ont donc créé un Guide pratique de la féminisation des emplois dans l’industrie avec des conseils et des exemples de pratiques initiées au sein d’entreprises samariennes. Une démarche inédite. « Il existe encore des stéréotypes que nous devons collectivement briser pour attirer les femmes dans l’industrie », souligne Émilie Segard.

« La réindustrialisation du pays est une priorité, avec le lancement d’un plan d’investissement de 54 milliards d’euros sur cinq ans. Il faut donc être ambitieux dans le recrutement, savoir élargir le vivier de candidats », insiste le préfet de la Somme Étienne Stoskopf qui s’interroge sur la possibilité de recourir à des mesures contraignantes. « La contrainte, c’est aussi permettre le franchissement d’un cap », pointe-t-il.

Laetitia Créton, directrice départementale de l'emploi, du travail et des solidarités de la Somme. (c)Aletheia Press/ DLP

Les industriels amenés à évoluer

Pour accompagner la sortie de ce guide, plusieurs DRH sont venus témoigner. « Cela débute par la rédaction même des offres d’emplois qui sont inclusives. Nos recruteurs sont également formés pour identifier les biais qui peuvent orienter un choix et s’en affranchir », explique Ludivine Fourny, DRH d’Ϋnsect.

Chez Metarom, les recrutements pour des postes de production se font sur la base d’épreuves de simulation. « Nous avons beaucoup travaillé sur l’ergonomie pour qu’il n’y ait plus de freins physiques », note Léa Bernard, DRH de Metarom. Elle a ensuite cédé la parole à Solenn Lostuzzo, DRH d’Airbus Atlantic sur le site de Méaulte. « Nous travaillons beaucoup sur l’attractivité de nos métiers, l’environnement de travail et les évolutions possibles. Nous nous appuyons aussi sur un réseau d’ambassadrices », détaille-t-elle.

Une plongée au cœur des métiers de l’aéronautique qui fonctionne puisque le lycée Henri-Potez, directement lié à Airbus, accueillera l’année prochaine huit jeunes filles en première année de bac pro. « De notre côté nous avons aussi misé sur l’adaptation des horaires pour répondre aux besoins des femmes qui élèvent seules leurs enfants. Nous avons aussi porté à huit semaines le congé paternité pour faire évoluer les mentalités, l’égalité commence par-là », note Fabien Pierron, DRH sur le site amiénois de Procter & Gamble.