Artisanat
La fabrique d’instruments de PGM-Couesnon se bat pour survivre
À Étampes-sur-Marne, la crise liée au Covid a sérieusement ébranlé l’entreprise PGM-Couesnon, spécialisée dans la fabrication d’instruments de musique. L’arrêt de la vie musicale a eu des conséquences dramatiques sur cette entreprise séculaire.
PGM-Couesnon, est l’une des deux dernières entreprises en France, à fabriquer des instruments de musique , cuivres et percussions. Dans l’usine d’Étampes-sur-Marne, près de Château-Thierry, les neuf ouvriers, tous musiciens, fabriquent des instruments, selon un savoir-faire ancestral.
Mais depuis deux ans, l’usine tourne au ralenti. Les employés sont au chômage partiel, et ne travaillent que 60% du temps. « Le Covid a été terrible pour nous, commente Sophie Glace, qui gère l’entreprise avec sa mère, Ginette Planson. Nos commandes ont diminué de moitié à cause de l’arrêt de la vie musicale, des festivités, des concerts ». Le chiffre-d ’affaire est passé de 520 000 euros avant la crise, à 270 000 euros aujourd’hui.
Un savoir-faire ancestral
« Quand il y avait une crise en France, on se rabattait sur l’étranger mais là, c’était impossible », ajoute Sophie Glace. L’entreprise exporte 80% de ses instruments, essentiellement pour les armées des pays d'Afrique ou d'Amérique latine. « L’Afrique a été un peu moins touchée, il y a donc en ce moment un frémissement, une timide reprise des devis », reconnaît Sophie Glace. Mais en France, l’espoir suscité par l’arrivée du pass sanitaire n’a pas été suivi des faits, « les formations musicales sont encore en jauge réduite, et sont aussi touchées par une baisse des recettes », ajoute-t-elle.
Pour tenir, l'entreprise a tenté la diversification, en fabriquant par exemple « des luminaires pour un grand designer ». Ici, chaque ouvrier est polyvalent. Chaudronnage, repoussage, tournage, grattage, cintrage, pistonnerie, les étapes pour fabriquer des bugles, trompettes, cors et autres trombones, sont nombreuses. Et il faut des années pour former les salariés, « c’est pour cela que chaque départ en retraite est anticipé au moins deux ans avant ». « Il faut à tout prix sauvegarder ce savoir-faire ancestral, il est perpétué depuis 1827 ! », martèle Ginette Planson, 78 ans.
Trois générations de femmes
L’usine, c’est toute sa vie. En 1960, elle y entrait en tant qu’ouvrière. Elle sait que l'entreprise a connu d'autres soubresauts. Leader mondial dans la fabrication d’instruments dans les années 1900, avec six sites de production en France, Couesnon subit de plein fouet le crack boursier de 1929. L’entreprise renait après la seconde guerre mondiale, jusqu'à ce qu'en 1979, un incendie criminel ravage l’usine. « On était 165 salariés, les patrons n’en ont gardé que huit », se souvient Ginette Planson.
Licenciée, elle crée sa propre activité de housses d’instruments, PGM, dans le sous-sol de sa maison. Une affaire qui prospère si bien, qu’elle accepte en 1999, de racheter l’entreprise Couesnon, alors en liquidation judiciaire. Sa fille, Sophie Glace, qui passait tout son temps libre dans l’usine avec sa mère, BTS de commerce international en poche, l’accompagne dans cette aventure. Et aujourd’hui, c’est la petite fille de Ginette qui souhaite intégrer l’entreprise, pour le plus grand plaisir de sa grand-mère. À condition de tenir et résister face au géant asiatique Yamaha...