«La diversité est toujours une source de richesse intellectuelle»

Florence Sanson dirige CarStudio depuis 10 mois. Originaire d'Alsace et arrivée dans la région il y a une trentaine d'années, la chef d'entreprise a passé une grande partie de la carrière au sein du groupe Mobivia, tant dans la direction administrative et financière qu'auprès des start-up.

«La diversité est toujours une source de richesse intellectuelle»

La Gazette : Quelle est votre vision pour CarStudio ?

J’ai pris le poste le 1er avril 2018. CarStudio, qui existe depuis deux ans et demi, a un peu évolué dans sa roadmap. Je l’ai repositionné en accélérateur centré autotech et dédié aux solutions innovantes. Il est opéré par les marques principales du groupe Mobivia : Norauto, Midas, A.T.U, Carter-Cash et Auto5, qui font de l’entretien automobile. Pour elles, je construis une plateforme d’innovation complète, qui doit permettre d’accompagner client ou collaborateur de façon unique. Pour arriver à cet objectif, nous développons quatre savoir-faire : la partie incubation, l’investissement dans les start-up, le partenariat au sens global et la R&D.

Quel est votre parcours
professionnel ?

J’ai beaucoup évolué autour de différents métiers de la finance. Avant de prendre la direction de CarStudio, j’étais directrice administrative et financière de Norauto. J’avais une équipe de 80 personnes. Avant ça, j’avais fait une découverte de l’écosystème start-up. J’étais directrice des participations au moment de la création en 2010 de Via ID, qui est un autre accélérateur au sein du groupe, dédié aux nouvelles mobilités. Aujourd’hui CarStudio, c’est la fusion de ces deux mondes. D’un côté, celui où j’ai appris à connaître un écosystème dense autour des incubateurs et accélérateurs. Et puis, de l’autre, ma grande connaissance du corps business du groupe puisque cela fait 20 ans que j’y travaille.

Pourquoi avoir choisi cette filière
?

A un moment donné, on peut voir les choses soit par secteur d’activité, soit par métier. A l’époque, quand je suis entrée chez Norauto, j’avais un métier de généraliste dans une PME du secteur du retail. Là, j’y ai découvert l’univers de l’entreprise à 360°. J’avais plutôt envie de me spécialiser dans le contrôle de gestion. J’ai trouvé, dans l’entreprise Norauto, le moyen de creuser ce savoir-faire technique autour de la finance au sens large, avec une dimension portée sur le relationnel.

Avez-vous rencontré des difficultés dans ce milieu encore très masculin ?

Je me suis souvent retrouvée la seule femme dans les réunions. La féminisation arrive tout doucement. Je pense qu’à partir du moment où on a une certaine légitimité, qu’elle soit technique ou par la connaissance de l’écosystème, il n’y a pas de différence entre un collaborateur et une collaboratrice. On arrive tout doucement sur des postes de leader. La diversité est toujours une source de richesse intellectuelle. C’est un gros avantage pour une entreprise, sur des postes clés, de pouvoir équilibrer la présence des femmes.

Comment attirer plus de femmes dans
ces métiers ?

Dès la formation. Il y a très peu de femmes qui candidatent dans ces filières et donc, après, pour évoluer, il y en a de moins en moins. Le groupe Mobivia est très ouvert à la promotion des femmes. J’en suis un témoignage vivant. Il faut donc revaloriser ces filières. Je ne suis pas trop pour les quotas, il ne faut pas tomber dans la discrimination positive. Je dis régulièrement à des collègues, qui sont souvent plus jeunes que moi, d’oser, d’être force de proposition. Il faut savoir aussi se placer en matière de voix et faire largement ses preuves. Il y a beaucoup de marketing de soi à faire. Et ce n’est pas un des points forts des femmes en général.

Faites-vous partie d’un réseau de
femmes dirigeantes ?

J’ai été longtemps adhérente à la DFCG (Direction financière et contrôle de gestion) qui a une cellule au féminin régionale. J’en fais désormais partie en pointillé car j’ai quitté la grande finance ; mais comme c’est une communauté féminine, c’est très intéressant de partager avec elles. Il y a un nouveau groupe, “Femmes en mouvement”, qui s’est lancé récemment et possède une antenne parisienne. Il est centré autour des métiers de la mobilité. On discute du fait de quitter un domaine d’expertise, pour s’exposer de façon plus large à la conduite d’une entreprise sous toutes ses facettes. Et surtout la vision stratégique : c’est là-dessus qu’un leader est attendu.

Date marquante. «En octobre 2017. J’occupais le poste de directrice administrative et financière depuis presque deux ans. Avec toute l’équipe on a organisé un super événement, sur lequel l’adhésion n’était pas optimale au début, quand j’ai proposé de l’organiser. Ça a été finalement une vraie grosse réussite, et j’ai senti la puissance du collectif. Baptisé Black DAF coffee, il consistait à faire découvrir à l’ensemble de nos collègues nos différents métiers.»

Lieu marquant. «Station F à Paris. C’est le plus grand incubateur au monde de start-up. Ce lieu, finalement, incarne la start-up nation.»

Deux femmes qui m’ont inspirée. «Simone Veil pour moi est vraiment une femme qui, dans sa vie, a connu des situations extrêmes. Je trouve qu’elle incarne un altruisme exemplaire au travers des épreuves qu’elle a connues.

Christine Lagarde est quelqu’un de très professionnel, qui a su mettre sa carrière en pause pour s’engager dans un gouvernement, et qui s’expose énormément à l’international. Son expertise est vraiment reconnue et ses visions du monde économique sont très écoutées.»