Industrie
La diversification, nouvel essor pour Safran Aéro Composite
Inaugurée en novembre 2014 par le président Hollande, l’usine Safran Aéro Composite de Commercy poursuit son plan d’investissement et ses recrutements pour accompagner la montée en puissance de son activité de réparation de pièces en composite lancée en 2021.
Un projet industriel qui aura tenu toutes ses promesses. L’installation de Safran et de son partenaire Albany International annoncée en 2011 s’est concrétisée par des premiers recrutements dès 2013.
À l’époque, les pionniers ne sont qu’une trentaine. Plus de dix ans après, l’usine de 22 000 m2 qui abrite les deux partenaires s’appuie sur plus de 500 salariés dont 250 pour Safran. La particularité de ce site est d’assurer une continuité de process dans la fabrication de pièces en composite pour le moteur LEAP : des aubes (partie avant du moteur) et des carters. Albany, le spécialiste du tissage industriel produit des préformes en fibre de carbone pour des aubes, quand Safran se charge ensuite des différents contrôles : dimensionnels et en santé matière pour assurer la sécurité des vols avec des machines aux rayons X. L’enjeu est de vérifier que les fibres sont bien positionnées pour la résistance mécanique. Les pièces sont ensuite usinées, une protection en titane est déposée sur le bord d’attaque puis la peinture noire anti-érosion-signature du moteur- est appliquée. Les carters sont également usinés et protégés d’un pare-feu dans une opération de collage qui fait appel aux compétences clés des matériaux composites. 12 000 aubes et 900 carters seront produits à Commercy en 2024, l’année marquant sa remontée en puissance.
Entre production et réparation
Après avoir connu un premier pic de production en 2019 avec des cadences importantes, le site a été frappé par la crise sanitaire qui a mis à l’arrêt la production, comme dans le reste du monde. La crise de Boeing est venue s’ajouter, avec des conséquences moindres pour l’usine de Commercy qui produit essentiellement des pièces pour le moteur Airbus. Cette situation délicate a été gérée localement sans casse sociale avec des salariés qui ont été orientés vers des entreprises de proximité. «On n’a pas été confronté à des pertes de compétences.
Les vagues d’embauches ont repris dès 2022 sans trop de difficultés en travaillant avec le centre de formation Uzinov et en misant sur le tutorat», confie Pierre Guillaume, le directeur du site arrivé en Meuse en novembre 2022. Depuis deux ans, le motoriste aéronautique ne se concentre pas uniquement sur le neuf mais sur le MRO (Maintenance, Repair and Overhaul). Cette opportunité de diversification s’est posée, à la suite du lancement du nouveau moteur LEAP commercialisé dès 2016.
Après six ou sept ans d’exploitation, il fallait prévoir et anticiper un process de réparation des composants. Né en 2019, ce projet porté par Safran a reçu l’agrément européen en 2021. Certifié, le site de Commercy a mis en place un protocole autour du nettoyage, de l’inspection puis de douze réparations possibles en fonction des dégradations des pièces. En 2022, 200 pièces ont ainsi été réparées contre 2 000 prévues cette année.
Densification et réorganisation
«Cette belle perspective s’accompagne d’un plan de recrutement», explique le directeur du site. S’il y a deux ans, la direction misait sur la polycompétence entre production et réparation, avec une vingtaine de personnes engagées sur ces deux fronts, ils sont désormais trente experts, dont quinze à l’atelier. À l’horizon 2030, ils seront entre 150 et 200. Cette diversification a conduit à une densification de l’usine qui a permis de libérer de la place et de redessiner les lignes de production, avec
1 500 m2 précieux gagnés. La superficie sera suffisante jusqu’à 2027. Et après ? Une extension potentielle pourrait être engagée pour ce site industriel implanté en plein cœur de la campagne qui a su trouver sa place dans son environnement immédiat qu’il préserve. À l’heure où l’usine a soufflé ses dix bougies, le 28 juin dernier, en présence des salariés et des élus locaux, la direction n’a jamais cessé d’investir. En 2023 et 2024, ce sont six millions d’euros qui ont été injectés à Commercy pour moderniser l’outil de production ; signe d’une volonté de pérenniser ce site qui fait la fierté des Meusiens.
A.M.