La croissance française résiste modestement au troisième trimestre

Après le rebond surprise de la croissance française au deuxième trimestre, celle de l'été a fortement ralenti, se maintenant toutefois en territoire positif grâce à une consommation des ménages...

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire le 16 octobre 2023 au Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris © Miguel MEDINA
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire le 16 octobre 2023 au Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris © Miguel MEDINA

Après le rebond surprise de la croissance française au deuxième trimestre, celle de l'été a fortement ralenti, se maintenant toutefois en territoire positif grâce à une consommation des ménages plus tonique sur fond de désinflation.

Le produit intérieur brut (PIB) a progressé modestement de 0,1% entre juillet et septembre, selon une première estimation de l'Institut national de la statistique (Insee).  

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire y voit un signe de résilience de l'économie française, malgré le net ralentissement par rapport à la croissance de 0,6% enregistrée au deuxième trimestre et révisée en hausse de 0,1 point par l'Insee. 

"Dans un environnement dégradé, l'économie française se tient", a déclaré M. Le Maire à des journalistes, soulignant que cette résilience s'inscrivait dans un environnement de taux d'intérêt "élevés" décidés par la Banque centrale européenne (BCE) afin de juguler l'inflation.

Il a confirmé la prévision du gouvernement d'une croissance de 1% en 2023, légèrement supérieure à celles de l'Insee et de la Banque de France (0,9%), après une hausse de 2,5% en 2022. 

Au troisième trimestre, l'activité économique a bénéficié d'un rebond de 0,7% de la consommation des ménages, après une atonie printanière.  

"Dans le contexte d'une inflation plus faible, (d'augmentations) des salaires et d'un marché du travail encore dynamique, on a une petite bouffée d'oxygène pour certains ménages", a commenté Ana Boata, directrice de la recherche économique chez Allianz Trade, interrogée par l'AFP. 

Jusqu'ici très pénalisante pour le pouvoir d'achat, l'inflation a enregistré un net ralentissement à 4% sur un an en octobre, selon l'Insee, après 4,9% en septembre.

La tendance est identique en zone euro, où l'inflation a atteint son niveau le plus bas depuis plus de deux ans (2,9%). 

Confiance" et "patience

"L'inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) poursuit aussi son reflux: (...) elle a clairement passé son pic du printemps. C'est le signe fort de l'efficacité de la politique monétaire", a réagi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. 

"Notre politique monétaire doit désormais être guidée par la confiance et la patience: confiance que nous avançons résolument sur le chemin d'une inflation ramenée vers 2% d’ici 2025; patience de ce fait sur la stabilisation des taux d'intérêt à leur niveau actuel, pour un temps encore nécessaire à leur pleine efficacité", a-t-il ajouté. 

L'assagissement des prix a permis à la consommation des ménages de se redresser, après plusieurs trimestres de baisse. 

"C'est la preuve que pour la première fois depuis de nombreux mois, le revenu des ménages augmente plus vite que l'inflation", s'est félicité Bruno Le Maire. 

"Il ne peut pas y avoir de croissance solide si nous ne nous débarrassons pas définitivement de l'inflation, nous sommes en train de sortir de la crise inflationniste", a ajouté le ministre, qui réitère régulièrement son engagement à rétablir des finances publiques fortement dégradées. 

Le gouvernement a d'ailleurs confirmé mardi dans son "projet de loi de finances de fin de gestion" pour 2023 que le déficit public serait cette année de 4,9%.

Bruno Le Maire a de son côté admis qu'une extension du conflit au Proche-Orient risque de freiner la croissance mondiale, alors que Bercy table sur une croissance du PIB de 1,4% en France en 2024.

Des économistes craignent également que les taux d'intérêt élevés ne pèsent sur l'activité, pénalisant les investissements des ménages (dans la construction notamment) et des entreprises, malgré la pause décidée par la BCE ce mois-ci.

"Cette transmission des taux élevés de la politique monétaire vers les taux domestiques n'est pas encore complètement faite", note Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas auprès de l'AFP, y voyant une situation pénalisante pour les achats importants.  

Au troisième trimestre, les investissements des entreprises ont encore surpris par leur dynamisme (+1,5%). En revanche, les exportations se sont contractées de 1,4%, de sorte que la contribution du commerce extérieur à la croissance trimestrielle est négative.

Autre facteur défavorable pour la croissance à venir, la production manufacturière s'est repliée (-0,3%) et celle de services a ralenti (+0,3%).

Pour Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, "l'économie française fait face à un ralentissement économique important, et celui-ci risque de perdurer".

33ZF7VA