La croissance en France résiste timidement, la désinflation se poursuit
La France a vu son économie croître de 0,1% au quatrième trimestre de 2023, légèrement mieux que la stagnation anticipée initialement par l'Insee, et devrait maintenir cette hausse timide dans un contexte de repli de l'inflation, pour la première...
La France a vu son économie croître de 0,1% au quatrième trimestre de 2023, légèrement mieux que la stagnation anticipée initialement par l'Insee, et devrait maintenir cette hausse timide dans un contexte de repli de l'inflation, pour la première fois depuis deux ans sous les 3% en février.
Cette modeste hausse de la croissance du PIB par rapport au trimestre précédent est attribuable à une consommation des ménages un peu moins faible que calculé auparavant par l'Institut national de la statistique.
La croissance s'est maintenue à 0,9% pour l'ensemble de 2023, proche de la prévision du gouvernement (1%).
Elle a bénéficié d'un deuxième trimestre dynamique (0,6%, abaissé de 0,1 point), tandis que les premier et troisième trimestres ont stagné.
Prudence
La croissance devrait rester modérée début 2024, freinée par de vives tensions géopolitiques et un ralentissement économique mondial qui ont conduit le gouvernement à abaisser à 1% sa prévision de croissance annuelle et à prévoir 10 milliards d'économies pour tenir son objectif de déficit à 4,4% du PIB.
L'Insee, qui n'a à ce stade pas fourni de prévision pour l'ensemble de 2024, table sur une hausse de 0,2% du PIB sur chacun des deux premiers trimestres, grâce à un regain progressif de la consommation des ménages, tiré par un recul de l'inflation.
Entre octobre et décembre, la consommation des ménages s'est stabilisée (0,0%). Leur pouvoir d'achat a rebondi grâce à une progression du revenu disponible brut, soutenu par des hausses salariales, une revalorisation des retraites complémentaires ou le versement d'une prime de pouvoir d'achat aux fonctionnaires.
Mais la consommation des ménages en volume étant restée stable, le taux d'épargne est remonté à 17,9% au quatrième trimestre, témoignant d'une grande prudence toujours de mise en matière de dépenses après des mois marqués par une inflation élevée.
Si la consommation devrait rebondir au premier semestre 2024, l'année a pourtant mal commencé pour ce qui concerne les dépenses en biens.
Celles-ci sont reparties à la baisse en janvier (-0,3%) par rapport à décembre, en raison surtout d'un fort repli des achats de voitures. En cause, le durcissement de malus écologiques.
Vers 2% d'inflation
Sur le front des prix, malgré un rebond en février par rapport au mois précédent, l'inflation a ralenti en France à 2,9% par rapport à février 2023, après 3,1% sur un an en janvier.
"Comme promis, l'inflation passe sous les 3% en février! Une première depuis deux ans", s'est félicité le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, sur X (ex-Twitter).
"Le combat contre l'inflation est en train d'être gagné. D'ici la fin de l'année, nous devrions nous rapprocher de notre cible de 2%", a-t-il assuré.
Eric Dor, directeur des études économiques de l'IESEG School of Management, note toutefois que cette détente inflationniste est "entièrement due à un effet de base", car les prix avaient fortement augmenté sur un mois en février 2023.
Elle s'explique notamment par le ralentissement des prix des produits manufacturés (0,7% après 0,3% en janvier) et alimentaires (3,6% après 5,7%) - spectaculaire pour les produits frais (0,5% sur un an après 7,9% en janvier et 15% en janvier 2023).
En revanche, avec la fin des mécanismes de soutien gouvernementaux, les prix de l'énergie (4,4% sur un an en février, après 1,9% en janvier) ont augmenté.
"L'inflation devrait continuer à graduellement se normaliser dans les prochains mois, mais la désinflation sera désormais très progressive et prendra encore du temps", a estimé dans une note Charlotte de Montpellier, économiste chez ING.
Contrairement à la consommation des ménages, aucune embellie n'est attendue par l'Insee pour les investissements début 2024, qui continueraient de pâtir du renchérissement du coût du crédit mené par la Banque centrale européenne (BCE) pour freiner l'inflation.
La BCE se réunit début mars et devrait selon toute attente maintenir ses taux inchangés, le principal d'entre eux sur les dépôts campant désormais à son plus haut historique à 4%.
Au quatrième trimestre 2023 déjà, les investissements (-0,9%) ont enregistré une baisse plus importante qu'anticipé. Tant ceux des entreprises (-0,9%) que des ménages (-1,4%) sont concernés, et le secteur de la construction de logements est particulièrement touché.
34KE9VN