La croissance des Etats-Unis déjoue les pronostics et s'accélère au 2e trimestre

La croissance des Etats-Unis a déjoué les pronostics pessimistes, et s'est accélérée au deuxième trimestre, tirée notamment par les dépenses de consommation et la hausse des investissements. Elle semble pouvoir échapper à la récession...

L'aéroport Ronald Reagan de Washington le 22 novembre 2022 © SAUL LOEB
L'aéroport Ronald Reagan de Washington le 22 novembre 2022 © SAUL LOEB

La croissance des Etats-Unis a déjoué les pronostics pessimistes, et s'est accélérée au deuxième trimestre, tirée notamment par les dépenses de consommation et la hausse des investissements. Elle semble pouvoir échapper à la récession cette année, mais les économistes sont divisés.

Sur les trois mois de mai à juin, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) s'est établie à 2,4% en rythme annualisé - la progression annuelle à ce rythme -, contre 2,0% au premier trimestre, selon la première estimation du département du Commerce, publiée jeudi.

Certains analystes tablaient sur une croissance de 2%, comme au premier trimestre, selon le consensus de MarketWatch. D'autres anticipaient même un ralentissement, à 1,6%, selon Briefing.com.

Si l'on compare simplement au trimestre précédent, comme le font d'autres économies avancées, la croissance est de 0,6%.

Le président Joe Biden voit dans cette croissance plus solide que prévu le fruit de sa politique économique, les "Bidenomics": "l'économie croît et nous réduisons les coûts pour les familles", a-t-il estimé dans un communiqué.

La progression du PIB a été tirée notamment par la consommation, son habituel moteur de croissance, qui a cependant ralenti par rapport au premier trimestre. Les ménages américains ont dépensé plus pour leur loyer ou les soins de santé, mais aussi acheter des billets d'avion.

Les investissements ainsi que les dépenses de l'Etat et des administrations locales, ont également contribué, détaille le département du Commerce dans son communiqué. En revanche, les achats immobiliers ont reculé, de même que les exportations.

Ces évolutions tiennent compte de l'inflation, ce qui signifie que la croissance n'est pas due à la hausse des prix.

Ralentissement à venir

Malgré l'inflation d'un côté, et les hausses de taux de la banque centrale de l'autre, la première économie du monde surprend par sa résilience.

Le PIB "a été plus fort que prévu", a souligné dans une note, Rubeela Farooqi, économiste pour High Frequency Economics.

Et selon elle, les ménages "continuent de bénéficier d'une croissance positive de l'emploi et de la hausse des revenus (ce qui) devrait maintenir la croissance sur une trajectoire positive cette année".

La récession, qui semblait inéluctable il y a encore quelques mois, paraît même désormais pouvoir être évitée.

Les économistes de la banque centrale américaine (Fed) viennent de retirer ce risque de leurs prévisions économiques, anticipant toutefois "un ralentissement notable de la croissance", a indiqué mercredi le président de l'institution, Jerome Powell.

Le Fonds monétaire international (FMI) anticipe lui une croissance de 1,8% cette année.

Mais d'autres économistes se montrent plus pessimistes.

"Les dépenses des consommateurs et des entreprises restent sur une bonne voie, mais nous pensons que ce n'est qu'une question de temps avant qu'elles ne ressentent l'impact des taux d'intérêt élevés et des conditions de prêt plus strictes", selon Oren Klachkin, économiste pour Oxford Economics.

Il anticipe "un ralentissement" au 3e trimestre, puis "de légères contractions" aux 4e et 1er trimestres.

Trop ou pas assez

La croissance pâtit en effet de la forte inflation, qui réduit le pouvoir d'achat des ménages, et restreint la consommation.

Cette hausse des prix est cependant tombée en juin à son plus bas niveau depuis mars 2021, à 3,00% sur un an, selon l'indice CPI.

Pour la ralentir, la Fed relève ses taux directeurs depuis mars 2022. En conséquence, les banques proposent des crédits à des taux plus élevés aux ménages et aux entreprises, moins enclins alors à dépenser.

Son président a toutefois fait état d'un "équilibre entre les deux risques. Le risque d'en faire trop ou pas assez", entre inflation et récession, avec "des risques des deux côtés".

Le chômage reste toujours très bas, à 3,6% en juin. 

En 2022, la croissance de l'économie américaine avait ralenti à 2,1%, après avoir connu en 2021 la plus forte croissance depuis 1984 (5,9%), et en 2020 le plus fort recul du PIB depuis 1946 (-3,5%) et deux mois de récession à cause du Covid-19.

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