La Côte d’Opale chercheune cohérence
La CCI Côte d’Opale fête sa première année. Après la réforme territoriale qui a touché le pouvoir consulaire des territoires, l’organisation des moyens consulaires est encore en cours. Présidée par Jean-Marc Puissesseau, la CCI Côte d’Opale cherche à projeter une image attractive, mais a du mal à rattraper son retard malgré ses atouts géographiques et équipementiers.
Un an après les premières élections consulaires donnant naissance à la nouvelle chambre de commerce et d’industrie de la Côte d’Opale, l’institution consulaire a évolué : son périmètre augmentant, ses missions ont revêtu une importance plus grande. Aussi, la CCI Côte d’Opale est-elle plus écoutée, notamment à Lille où le président de la chambre régionale sait ce qu’il doit à Jean-Marc Puissesseau. Elle donne au territoire un exemple de gouvernance à une autre échelle (le SMCO a longtemps servi de pilote pour cette gouvernance) et montre la voie aux collectivités qui vont devoir appliquer la réforme territoriale qui verra leur nombre baisser et leurs compétences rassemblées. En attendant, la situation économique ne rassure pas au vu des chiffres 2009, 2010 et 2011 de la Côte d’Opale. S’ils mettent en avant les atouts du territoire, ils en montrent aussi les faiblesses.
La Côte d’Opale n’attire pas de nouveaux habitants. Démographiquement, la Côte d’Opale n’est pas une géante : on compte 166 000 habitants dans le Boulonnais, 162 000 dans le Calaisis, 260 000 dans le Dunkerquois et 108 000 dans le pays de Montreuil-sur-Mer. En 2011, 696 000 personnes vivent sur le territoire consulaire contre 685 000 en 2009. Si elle s’accroît naturellement grâce au solde positif entre naissances et décès, le territoire perd néanmoins des habitants, notamment dans les centres urbains, Dunkerque en tête (près de 3% entre 1999 et 2008). La communauté d’agglomération du Boulonnais affiche un solde négatif de population de 2,13% sur la même période. Le Calaisis est à peine mieux loti avec une perte de 1,76%. De fait, les Opaliens désertent la Côte d’Opale au profit d’autres collectivités : la communauté de Desvres-Samer a vu sa population croître de 7,3% entre 1999 et 2008 ; la Terre des deux Caps a bondi de 6,38% ; Ardres et la vallée de la Hem ont grimpé de 14,24% ; le Sud-Ouest du Calaisis aussi avec 12,66%. Idem sur le versant sud de la côte : le canton d’Hucqueliers a grossi de 14,58%. En Flandre-Maritime, l’écart est encore plus grand avec des augmentations conséquentes : la communauté de communes de l’Yser est à +6,98% tandis que celle de Flandre pointe à +8,56% pendant que la communauté urbaine de Dunkerque dégringole de près de 5%. La Côte d’Opale ne serait donc pas assez attractive pour y résider malgré ses paysages : ce n’est pas suffisant pour décoller démographiquement.
Un chômage endémique. En cause, le chômage qui touche les territoires. Fin 2008, ils étaient 32 175 demandeurs d’emploi. Un an plus tard, leur nombre passait à 58 497 en comptant les demandeurs d’emploi de l’Audomarois. En 2011, l’emploi ne se porte pas mieux : 54 240 personnes émargent à Pôle emploi. Dans le détail, les chiffres sont encore plus inquiétants. La part du chômage longue durée est abyssal, jusqu’à 45,9% à Calais. Les femmes forment la moitié des demandeurs d’emploi dans le bassin de Montreuil-sur-Mer. Les moins de 25 ans frôlent les 23% dans le Boulonnais. Globalement, les chiffres du chômage grimpent entre 2009 et 2010. Et ce, partout : + 9,36% dans le Montreuillois, +9,14% dans le Boulonnais, +4,96% en Flandre-Maritime et +4,92% dans le Calaisis. La Côte d’Opale voit son taux de chômage monter de 6,43% ces deux dernières années contre 6,04% dans la région Nord-Pas-de-Calais et 5,26% en France. Les différences ne s’arrêtent pas là. Selon les secteurs, la Côte crée ou détruit des emplois : 14% de plus dans l’agriculture entre 2005 et 2009 contre 3% pour la région et 5% en France ; +2% dans les services contre +6% en région et -6% en France. Les centres d’appels Armatis ont joué à plein. Dans les métiers de la construction, la Côte d’Opale en a créé 6% de plus (contre 7% en région et -7% en France). Enfin, l’industrie est en berne avec 10% de pertes d’emploi contre 12% en région mais +11% en France. Au classement des taux de chômage, le bassin de Berck-Montreuil est en tête avec 9,5%. Viennent ensuite la Flandre-Maritime avec 12,05%, le Boulonnais avec 12,7%. Le Calaisis ferme la marche avec 15,9%. D’où la question de savoir si la Côte d’Opale est attractive pour l’implantation ou le développement des entreprises…
Une industrie portuaire qui résiste. Les territoires littoraux n’ont pas fondamentalement changé de nature économique ces dernières années. Les ensembles industrialo-portuaires des agglomérations dunkerquoise, calaisienne et boulonnaise le montrent clairement. En 2009, par le Grand Port maritime de Dunkerque transitaient 57 millions de tonnes. Calais voyait passer 39 millions de tonnes de marchandises. En tout, les ports ont acheminé en 2009 près de 100 millions de tonnes de marchandises et 13,8 millions de passagers. Deux ans plus tard, le trafic global en millions de tonnes dépassait à peine 82… Il faut dire que les ports français restent des nains à côté des ports belges (Zeebrugge réalise 49,6 millions) et hollandais (Rotterdam écrase le marché européen avec 430 millions de tonnes en 2001). Nos trafics se tassent ou déclinent selon les produits et les passagers. L’industrie reste encore l’activité qui crée le plus de richesse sur la Côte d’Opale malgré son repli. En 2009, 1 600 établissements industriels formaient les bataillons de la croissance littorale. Les secteurs industriels employaient alors 35 666 salariés et pesaient 18% de l’industrie régionale. En 2011, en élargissant le champ des industries, la CCI Côte d’Opale dénombre 2 595 sociétés qui emploient 48 441 personnes. Cependant, cela ne cache pas un dévissage de l’activité, dû à la crise. Dans les services, l’évolution est positive avec, en 2011, 67 439 salariés qui oeuvrent dans 5 336 établissements des secteurs de la communication, de l’informatique, de la finance, de l’assurance, du commerce de gros, de conseils, de la R & D, de logistique et de transport. Ce qui a aussi changé sur le territoire consulaire, c’est l’augmentation des services aux entreprises. Les zones d’activité se sont développées et les pépinières et les hôtels d’entreprises affichent souvent complet. Avec l’ouverture d’un nouvel établissement en octobre dernier à Calais, la Côte d’Opale a une pépinière pour chacun de ses quatre pôles. Ceci insufflera sans doute un regain de dynamisme à cet esprit d’entreprise qui manque tant à la Côte d’Opale.