La construction de la nouvelle chaufferie d'Abbeville est lancée
La capitale de la Picardie Maritime agrandit son réseau de chaleur. La nouvelle chaufferie fonctionnera l’hiver prochain avec des anas de lin venant de la coopérative linière La Calira, basée à moins de 20 kilomètres.
La nouvelle chaufferie aux anas de lin du réseau de chaleur d’Abbeville sera opérationnelle dans un an. La première pierre vient d’être posée. D’une puissance de 2,7 MW, elle se situera juste à côté de la chaufferie fonctionnant grâce à des plaquettes de bois (5 MW), ce qui portera le recours aux énergies renouvelables de 59 à 84%. Le secours venant du gaz.
Un réseau de chaleur qui va plus que doubler
En effet, la ville est en train d’agrandir son réseau de chaleur urbain. Le chantier, de 14 millions d’euros, est achevé à 40 %. Il porte sur une extension de 7 km du réseau de chaleur qui atteindra 16 km en 2025. 55 nouveaux bâtiments seront raccordés, ce qui permettra de passer de 3 000 à 4 500 «équivalents-logements» desservis. Les anas de lin (environ 4 000 tonnes par an) proviendront de La Calira, coopérative située à Martainneville, à moins de 20 kilomètres.
«Le bouleversement météorologique n’est pas un fantasme, c’est un fait concret que nous vivons désormais dans notre quotidien, a assuré Pascal Demarthe, maire d’Abbeville et président de l’agglomération de la communauté d’agglomération de la Baie de Somme. Les images de catastrophes qui nous viennent de tous les continents sont terribles et parlent, tristement, d’eux-mêmes. Ici à Abbeville, et à quelques kilomètres de la côte, nous ne pouvons que prendre cette question très au sérieux. Chacun doit donc prendre sa part face à l’urgence climatique. Les collectivités locales ont un rôle majeur à jouer».
Et l’élu d’évoquer quelques projets : protection de la ressource en eau, développement de l’éco-pâturage, renforcement des circuits courts grâce au chantier de maraîchage, démarche de labellisation Ramsar, préparation d’un plan de développement des mobilités douces, vaste plan de remplacement de l’éclairage public au profit d’un système de led 70 à 80% moins énergivore…
Priorités environnementales et maîtrise des coûts
«Le projet que nous portons avec Dalkia s’inscrit donc pleinement dans les priorités environnementales et de maîtrise des coûts de l’énergie fixées par notre équipe municipale. La ville d’Abbeville se doit d’être au rendez-vous de cet enjeu majeur pour nos concitoyens. Cela concerne leur pouvoir d’achat mais aussi la préservation de notre environnement», s’est-il réjouit.
Les habitants ont été sensibilisés à ce projet. Via les réseaux sociaux, une consultation portant sur le nom à donner au nouveau réseau de chaleur a permis de le baptiser «Abbeville énergie». 138 prêteurs se sont engagés lors de l’opération de financement participatif d’un montant de 250 000 euros : «Quand on associe les habitants à un projet, on les rend acteurs de leur territoire», s’est félicité Vincent Callens, directeur commercial Dalkia région Nord-Ouest, qui prône pour un avenir plus durable et plus respectueux de l’environnement, de l’énergie circulaire et la réduction de la dépendance aux énergies fossiles. Il espère que le réseau de chaleur d’Abbeville sera un modèle.
Christine Royer, la sous-préfète, a souligné que la sous-préfecture d’Abbeville allait être un des nouveaux bâtiments qui sera raccordé au réseau de chaleur. Alors que les tarifs de l’électricité et du gaz augmentent, elle a souligné l’importance de s’approvisionner localement grâce à «des déchets de lin qui n’en sont pas», tout en évoquant l’urgence climatique et le besoin de «retrouver notre souveraineté énergétique». L’Ademe (agence de transition écologique) estime que ce projet va permettre d’éviter 4 436 tonnes de CO2. Le projet est financé par le gouvernement dans le cadre du plan France 2030 opéré par l’Union européenne NextGénerationEU.