Artisanat
Argoules : la Conserverie Saint Christophe, fière de son savoir-faire et de son territoire
Implantée à Argoules, la conserverie artisanale Saint-Christophe entre dans une nouvelle phase de son histoire avec l’arrivée d’un nouveau dirigeant et l’ouverture d’un espace qui conjugue musée, boutique et découverte du territoire.
Fin juillet, Éric Van Oost, fondateur en 1990 de la Conserverie Saint Christophe, a laissé les rênes de l’entreprise familiale à son fils Simon. « C’était pour moi une évidence de rejoindre cette aventure, c’est ce que j’ai toujours voulu faire », sourit celui qui a intégré la conserverie il y a dix ans.
Après avoir grimpé les échelons, le trentenaire a gagné la confiance de la vingtaine de salariés et a su imposer sa patte. « Cela faisait trois-quatre ans que l’on préparait cette transition, j’ai envie de passer à autre chose et la crise sanitaire a vraiment été un déclencheur. Je n’aurais pas aussi bien réagi que lui », confie Éric Van Oost, qui a commencé par vendre des poulets et des terrines sur les marchés des alentours avant de se lancer dans la conserve.
Une entreprise familiale
Avec une gamme composée de plus de 76 références – viande, volaille, gibier, poisson et végétal- l’entreprise a su s’imposer comme un artisan conserveur de référence sur l’ensemble de l’Hexagone. « Nous travaillons avec des produits frais issus en grande majorité des Hauts-de-France. Nous sommes intransigeants sur la qualité des denrées, légumes comme viandes », souligne Simon Van Oost. Si la maison propose une à deux nouveautés par an, peu de recettes sortent du catalogue.
La conserverie réalise 40% de son chiffre d’affaires grâce à la vente directe. En plus de boutiques au Touquet, au Crotoy, Wimereux et Dieppe, le magasin implanté au sein de l’ancienne exploitation familiale permet de nouer un contact direct avec les consommateurs. « Nous bénéficions d’un très fort bouche à oreille », note Éric Van Oost.
Depuis 1990, le site a fortement évolué, la faute notamment à un incendie qui a détruit le corps de ferme. « Une épreuve » pour la famille et les salariés qui se sont tous mobilisés pour rebondir. Dès 2007 un bâtiment est reconstruit, avant de s’enrichir d’un nouvel espace en 2017.
Un projet local
Cette année 2021, marque également une nouvelle étape dans l’histoire de la société puisque, outre la transmission entre le père et le fils, l’entreprise s’est à nouveau agrandie. « Ça, c’est vraiment mon projet », lance Simon Van Oost alors que l’on pénètre dans l’espace le plus contemporain de la Conserverie Saint-Christophe.
Implanté dans une ancienne étable de la ferme, l’endroit accueille un magasin entièrement repensé, mais également une zone de vente de produits locaux, une salle de vidéo-projection de 60 places retraçant les étapes de fabrication et un musée sur l’histoire de la conservation.
« Je suis à la recherche d’archives et de matériel, j’ai déjà récupéré des outils de boucher et une photo ancienne », explique l’entrepreneur. Ce dernier a aussi imaginé un coin dédié à la dégustation. « C’est quelque chose que j’ai en tête depuis 2018. Je m’ennuie vite, j’ai besoin de nouveaux challenges, mais je n’avais pas forcément le temps. La crise sanitaire m’a poussé à le mettre en œuvre. C’est un projet collectif, qui a évolué en fonction des idées de chacun depuis mars dernier », observe Simon Van Oost.
Dehors, la terrasse domine un paysage typique de la côte, point d’eau, canards, poules et moutons compris. Un espace ludique accessible à tous qui permet de s’approprier un peu la Baie de Somme.
« En suivant ce chemin, vous avez tout un parcours pédagogique autour des arbres fruitiers, une zone de pique-nique et un point d’observation sur les fermes des alentours. C’est une façon pour moi de rendre hommage à mon territoire », détaille le chef d’entreprise qui salue l’implication des entreprises locales qui ont permis de réaliser ce rêve un peu fou en un temps record.
Si l’entreprise a toujours ouvert ses portes, le rythme s’est accéléré avec trois sessions de visite par semaine et la venue d’une quinzaine de cars par an. « Avec la Covid l’activité s’est un peu arrêtée, mais notre objectif est de monter à une cinquantaine de cars par an », dit-il encore.
Un poste dédié a même été créé pour accompagner les touristes. « C’est important de faire découvrir notre métier de conservateur artisan. Ici, on ne triche pas, tout est fait sur place. Les gens sont souvent surpris, ils n’imaginaient pas la production comme ça. Faire visiter notre site, c’est aussi un gage de qualité et de transparence »,
pointe Simon Van Oost qui se souvient enfant avoir servi des touristes avec ses frères et sœurs. « Nous sommes tous nés dans l’entreprise, c’est vraiment une histoire de famille », conclut-il, ému.
Des recettes élaborées au gré des envies
« De façon générale, nous suivons nos envies, celles de nos proches ou de clients fidèles pour imaginer de nouvelles choses. L’évolution des goûts des consommateurs nous pousse également à innover. Nous avons par exemple lancé une terrine d’Aster [ndlr, recette végétale] pour laquelle nous avons reçu une médaille de bronze », explique Simon Van Oost.
Hors crise sanitaire, le nouveau dirigeant est présent sur des salons aussi importants que le Salon de l’agriculture, le Salon international de l’alimentation (Sial) à Paris ou encore le Salon international de la restauration, de l'hôtellerie, et de l'alimentation (Sirha) à Lyon.