La chartreuse de Neuville-sous-Montreuil, inspirante et résiliente
Par la découverte du projet de réhabilitation de la chartreuse de Neuville-sous-Montreuil, une vingtaine de dirigeants ont été invités à réfléchir sur les compétences nécessaires à l’aventure entrepreneuriale.
Le parcours "résilience et bien-être du dirigeant" s'est déroulé à la chartreuse de Neuville-sous-Montreuil. Une vingtaine de dirigeants et cadres de la Côte d’Opale ont suivi, le 30 mai dernier, une visite jalonnée de différentes étapes.
Echafaudages... et réussite
Dans l’enceinte du site, les échafaudages sont partout. Les travaux du clos couvert sont manifestes. Il était temps : certaines parties des murs s’effritent et nécessitent des changements de matériau. «Il faut faire les travaux rapidement, mais il faut aussi compter sur le calendrier financier», explique Alexia Noyon, directrice de l’association qui porte depuis quinze ans le projet.
Durant tout le parcours, c’est le même fil conducteur : à travers l’expérience du projet de réhabilitation et de renaissance du site, tout dirigeant peut explorer les ressources qu’il a fallu dégager et les compétences mobilisées pour concrétiser et réussir son entreprise.
Si la résilience se définit par la capacité à régler des problèmes, le projet de la chartreuse en est un bel exemple. Mettre des dizaines de partenaires autour de la table et les convaincre de faire route ensemble dans un projet dont ils n’ont pas le fin mot. Gérer les alternances politiques des collectivités et batailler pour conserver les subventions votées. Trouver les bonnes formes juridiques pour faire cohabiter investisseurs, partenaires publics, Fondation et défiscalisation. S’arracher les cheveux pour trouver les sous-traitants capables de rénover : «Nous avons des petites entreprises avec des savoir-faire exceptionnels, mais qui ont un mal fou à recruter. Cela ralentit les chantiers», souligne à cet égard la directrice.
Se taire... et parler
On entre par la porte centrale et son inscription : locus terribilis. «Dans le sens de puissant, pas de terrible au sens où on l’entend aujourd’hui», précise la guide. Et il en faut développer de la puissance pour entrer, «comme dans les ordres», en entrepreneuriat. A force d’abnégation, les moines chartreux ont construit une communauté qui vivait en grande partie de ses propres ressources ; à Neuville-sous-Montreuil, les édifices totalisent 26 000 m²...
A Grenoble, siège de l’Ordre, la fameuse liqueur verte est brevetée et jalousement gardée par la congrégation. Celle-ci délègue la commercialisation à un directeur général laïc qui ignore tout de la recette. «Deux moines la connaissent seulement... au cas où l’un d’eux décéderait.» Un secret commercial bien gardé, un compte d’exploitation positif et des actionnaires ascètes…
«La Chartreuse a été reconstruite en 1875 en trois ans avec 150 ouvriers. Un chantier colossal. Cela en dit long sur les capacités des constructeurs au XIXe siècle», continue Alexia Noyon.
Inspirante, la chartreuse l’est aussi dans l’innovation : quand le site est désacralisé au départ des derniers chartreux vers Parkminster, avec leur imprimerie, à la fin du XIXe siècle, l’endroit devient successivement une résidence d’artistes, un hôpital militaire, un refuge pour les populations belges en exode, un sanatorium pour les mineurs de fond, s'adaptant aux circonstances et aux utilités du moment. Dans la salle du chapitre, les bancs gris se font face. « C’est le lieu où l’on discutait. Souvent les problèmes se résolvent naturellement, une fois livrés au public», ponctue la guide. Parler et savoir laisser-faire.