La charpente à succès
À Preures, près d'Hucqueliers, avec la construction de 32 maisons et de 14 bâtiments agricoles, la charpenterie-menuiserie Goudalle est de loin le premier employeur du canton. À l'origine, cette entreprise familiale, créée en 1964 par Joseph Goudalle à Wirvignes, était spécialisée dans la menuiserie.
Il y a 20 ans, ce spécialiste du bois cède son entreprise à ses quatre enfants. En 2006, Goudalle s’installe à Preures, sur un terrain de 2,7 hectares. José Goudalle, à la tête de la société depuis 30 ans, est un entrepreneur hyperactif qui a misé sur la modernisation de son activité. Avec un succès indéniable : de neuf salariés en 1989, l’entreprise a multiplié par dix ses effectifs. Goudalle forme un groupe de trois sociétés opérant dans la construction en bois. Sur son site de Preures, un bâtiment recouvert de panneaux photovoltaïques se démarque des autres. Cette construction datant de 2011 a coûté 2,2 millions d’euros d’investissements. Quinze emplois ont été créés pour ce surplus d’activité. Le bâtiment est quant à lui financé par la revente de l’énergie.
Le dirigeant explique le changement dans la profession : «Une maison, aujourd’hui, c’est trois personnes, une grue et une semaine de boulot.» À Preures, Goudalle ne passe pas inaperçu : une vingtaine de camions chargés de charpentes sortent du site chaque semaine. Avec 50% de clients du secteur privé (entreprises et particuliers), 25% d’agriculteurs et des constructions pour le marché public, Goudalle s’impose comme expert généraliste dans son domaine et couvre toute la moitié nord du pays.
Des projets à hauteur de 10 millions d’euros
Jamais à court d’idées, José Goudalle veut passer de 2,7 hectares à 5,5 hectares. Il espère construire un nouveau bâtiment-usine qui lui permettra de fabriquer du lamellé-collé. On compte en effet peu de fournisseurs de ces produits au nord de Paris. Une opportunité que Goudalle compte bien saisir. Le bois du peuplier, abondant au niveau local, sera utilisé pour le lamellé-collé. En favorisant la production locale, Goudalle s’inscrit dans l’économie du circuit court utile au maintien de l’activité en ruralité.
Avec la construction de cette usine, Goudalle devrait doubler ses effectifs dans les trois ans. Un argument conséquent pour convaincre les pouvoirs publics de financer ce projet industriel. «Chaque bâtiment construit, c’est une vingtaine d’emplois en plus», souligne le maître charpentier. S’il compte être opérationnel d’ici 2021, Goudalle attend la sortie du PLUI (plan local d’urbanisme intercommunal) pour être à jour dans la mise aux normes. La taille du projet l’amènera probablement au statut d’installation classée. Le constructeur ambitionne ainsi de croître afin de répondre à l’augmentation du marché de la construction en bois qui doit être tirée par les JO de Paris en 2024. Mot d’ordre : «du vert et du bois» ! In fine, c’est la constitution d’une filière dans les Hauts-de-France qui semble être en jeu derrière les multiples projets de José Goudalle…