La Broderie des Ursulines s’expose au Musée de Picardie
Acquis en partie grâce à la mobilisation du grand public, d’entreprises et d’associations, l’Antependium qui ornait l’autel de la chapelle du couvent des Ursulines est présenté pour la première fois au public à travers une exposition.

«Cette exposition est, d’une certaine façon, le couronnement de cette grande campagne d’acquisition que nous avons menée l’an dernier», souligne Pierre Stépanoff, directeur du Musée de Picardie. Celle-ci a notamment mobilisé 360 souscripteurs particuliers, mais aussi cinq entreprises et quelques associations. La Fondation du Crédit Agricole Brie Picardie a également participé à hauteur de 100 000 euros à cet achat exceptionnel. Le musée a, en outre, pu compter sur le soutien de l’État et de la Région. «Cette acquisition a été réalisée par Amiens Métropole pour le Musée de Picardie. Désormais, cet objet, comme toutes les œuvres des musées, fait partie des collections publiques de manière inaliénable. Il était donc essentiel pour nous de le présenter au public», ajoute le directeur du musée.
Une exposition exceptionnelle
Le directeur du musée rappelle que cette pièce, brodée par les Ursulines d’Amiens, est une œuvre majeure, à la fois dans l’histoire de l’art et dans celle des arts décoratifs. Elle constitue également un témoignage patrimonial essentiel pour la ville. «Cet objet a quitté Amiens en 1904, au moment de la loi Combes, qui interdisait aux congrégations religieuses d’enseigner. Il a ensuite disparu pendant 120 ans», poursuit-il. Le Grand Antependium, brodé par les Ursulines d’Amiens vers 1660, n’a pas été exposé au public depuis l’Exposition universelle de Bruxelles en 1910. «En 2023, nous avons eu l’opportunité d’acquérir cette pièce majeure auprès d’un collectionneur. Le musée du Louvre avait également manifesté son intérêt pour cet objet», pointe-t-il.

Après une brève présentation lors des dernières Journées du Patrimoine, la broderie est désormais exposée jusqu’au 6 juillet dans le cadre d’une exposition inédite. Cette présentation s’accompagne d’une programmation variée comprenant des conférences, des visites et des ateliers d’initiation.
Se rapprocher des entreprises
Arrivé en mai 2023 avec la volonté de renforcer les liens avec les acteurs économiques, Pierre Stépanoff s’est engagé dans une démarche de sensibilisation auprès des chefs d’entreprise locaux. «Notre initiative suscite de la curiosité. Il y a encore un travail d’initiation à mener sur ces questions de mécénat, qui restent relativement nouvelles dans ce territoire. Nous essayons d’organiser des événements au musée pour montrer aux dirigeants les possibilités qu’offre ce type d’engagement», souligne le directeur du musée. Un cocktail de présentation de l’exposition «La Broderie des Ursulines, chef-d’œuvre du Grand Siècle» a ainsi été organisé en partenariat avec la CPME.
Cette initiative devrait être renouvelée prochainement à l’occasion de la nouvelle campagne de mécénat visant à restaurer Les Mères maudissent la guerre, un tableau peint en 1889 par Gabriel Ferrier et endommagé par un bombardement en 1918. Celle-ci a aussi rencontré un vif succès, puisqu’elle a permis de réunir plus de 24 000 euros, dépassant ainsi l’objectif initial de 20 000 euros.
Un savoir-faire hors du commun
«Le XVIIe siècle a été une période d’essor spirituel et religieux. À Amiens, comme ailleurs, de nombreux établissements religieux ont vu le jour, dont le couvent des Ursulines, fondé en 1616», détaille François Séguin, conservateur au Musée de Picardie et commissaire de l’exposition «La Broderie des Ursulines, chef-d’œuvre du Grand Siècle». Ces religieuses, à la fois brodeuses, architectes, sculptrices, doreuses et peintres, ont transformé un hôtel particulier de la rue des Jacobins en un véritable couvent. C’est là qu’elles ont créé une chapelle où fut installé plus tard le Grand Antependium qui décorait l’autel. «Cette œuvre est l’une des rares à témoigner de leur talent», précise François Séguin.