La Brasserie paysanne de l’Artois utilise le crowdfunding pour se développer
À Gavrelle, Mathieu Glorian a développé une activité complémentaire à celle de la ferme qu’il doit reprendre dans quelques années. Il commercialise une bière paysanne bio, avec les produits issus de l’exploitation. Après deux années de réglages, il souhaite passer à la vitesse supérieure et augmenter ses volumes de production, tout en créant une micromalterie.
En 1999, durant ses études supérieures, Mathieu Glorian souhaitait travailler dans le domaine de l’environnement. Son projet a cependant évolué suite à un stage dans une exploitation agricole. Il n’avait plus alors qu’une seule obsession en tête : devenir paysan et vivre des produits de la terre.
“En 2004, j’ai travaillé sur un projet de reprise d’un GAEC dans le Valenciennois. Il s’agissait d’un regroupement dans une ferme urbaine avec trois autres agriculteurs“, se souvient-il. Malheureusement, ce projet a été abandonné suite au désistement de ses associés.
Mathieu a donc cherché du travail et s’est fait embaucher par la Confédération paysanne à Arras. Il était assigné à une mission d’animation et de communication jusqu’en 2014. “Dans le cadre de mes missions, j’ai fait la connaissance de François Théry, agriculteur à Gavrelle, qui voulait préparer sa retraite bien en amont.“
Rapidement, les deux hommes sont tombés d’accord pour un passage de témoin sur le long terme. Mathieu a donc pris petit à petit ses marques dans l’exploitation, mais a dû développer une activité secondaire (NDLR : l’exploitation de 52 hectares n’est pas dimensionnée pour générer un revenu à deux personnes). “Me lancer dans l’élevage ou la production agricole pure était trop compliqué. Je me suis donc dirigé vers la fabrication de la bière qui offre une très grande souplesse“, souligne-t-il. Un choix d’autant plus judicieux que l’exploitation produit de l’orge de brasserie.
Tout s’est réellement concrétisé mi-2013, lorsqu’une Cigale l’a contacté en lui proposant 7 000 euros de financement. “Je suis pour cela entré dans la couveuse ‘A petits pas’ dans le cadre d’un contrat CAP.” Après quelques travaux d’aménagement et l’achat du matériel, Mathieu a pu lancer son activité.
En mars 2014, “j’ai commencé à brasser avec mes petites marmites, c’est alors que j’ai obtenu un deuxième financement par une deuxième Cigale“. Soit 5 000 euros qui lui ont permis de s‘équiper davantage : “J’ai aujourd’hui un outil qui me permet de réaliser des brassins de 200 litres par semaine.” Une grosse installation pour des amateurs, mais une toute petite pour les professionnels.
Financement participatif. Content de la tournure prise par les événements et surtout rassuré par les premiers retours de clients “satisfaits de la qualité du produit et déjà fidèles“, Mathieu doit maintenant passer à la vitesse supérieure pour pouvoir se dégager un vrai salaire et envisager l’avenir sereinement.
Cela passe forcément par une augmentation des volumes de production et donc par l’investissement dans du matériel supplémentaire. Ainsi, 30 000 euros sont-ils nécessaires pour avoir un outil de production réellement efficace. Par conséquent, Mathieu a décidé de monter une campagne de financement participatif afin de trouver une partie de l’argent nécessaire à l’achat de deux cuves et de l’ensemble du matériel de régulation. “Je me suis tourné vers le site régional cowfunding.fr pour lancer une campagne et récolter 14 000 euros en deux paliers de 7 000 euros.“
L’investissement que souhaite réaliser le brasseur lui permettra de développer ses volumes de production, c’est également la première étape vers la création d’une micromalterie. “À l’échelle de la région, le besoin est actuellement estimé à 200 tonnes de malt bio par an, un chiffre facilement atteignable si l’on s’y met à plusieurs.“
Mathieu Glorian souhaite en effet développer la production de malt bio régional. Une récente formation en malterie lui a permis de prendre un peu de recul et de mieux maîtriser le processus. En parallèle, il a rencontré plusieurs brasseurs de la région qui cherchent du malt bio local. “Je mène actuellement une réflexion pour créer cette micromalterie coopérative.“
Le gros avantage du malt bio local est qu’il permet d’avoir une bière plus constante, un produit traçable de bout en bout et surtout d’avoir un vrai produit issu du terroir, à l’instar du vin par exemple.
Le premier palier ayant été rapidement atteint, Mathieu peut faire l’acquisition des cuves. “J’espère maintenant dépasser le second palier d’ici la fin de cette campagne de financement participatif, le 3 mars.” Pour soutenir son projet, il suffit de se rendre sur le site cowfunding.fr et de faire un don.