La Brasserie Motte-Cordonnier à Armentières ou l’histoire d’une renaissance
A la tête de la Brasserie Motte-Cordonnier depuis avril dernier, Henry Motte, l’aîné de la 10e génération familiale, souhaite redonner à la marque emblématique de la région son lustre d’antan. Avec en ligne de mire la relocalisation, d’ici 2023, de la production sur le site historique d’Armentières. Rencontre.
Perpétuer 370 ans d’histoire familiale, une idée qui trotte dans la tête des descendants de la famille Motte-Cordonnier depuis plusieurs années, voire davantage. C’est en juillet 2018, quand décède Bertrand Motte, dernier dirigeant familial de la brasserie, qu’a lieu le déclic.
Une «pause» de dix années
En 2019, le projet prend naturellement forme à Armentières, le bastion de la famille Motte-Cordonnier. Les 15 membres de la famille proche (les trois fils, leurs épouses et les neuf petits-enfants), recréent la Société des brasseries Motte-Cordonnier. C’est Henry Motte qui en tient les rênes depuis le 5 avril 2021. Imaginées autour de recettes généreuses, les bières René et Émile (nommées ainsi en hommage à de glorieux ancêtres de la brasserie) sont brassées par leurs confrères des brasseries 3 Monts et du Pays Flamand, dans la plus pure tradition des Flandres.
Depuis juillet 2021, une partie est brassée dans les locaux de l’entreprise sur la ruche d’entreprises d’Armentières, à quelques encablures de la brasserie originelle. La gamme s’y étoffe tandis que l’ambition des 15 actionnaires est d’asseoir une gouvernance pour «structurer l’énergie familiale».
Une histoire qui débute en 1650 lorsque la Brasserie de l’Étoile naquit au cœur de la ville d’Armentières, entre la rue d’Erquinghem (devenue rue de Dunkerque) et un bras de la Lys, permettant ainsi les approvisionnements. En 1675, la brasserie fut vendue à la famille de Coussemaker, qui la vendit ensuite à Jean-Baptiste Desmazières en 1749. C’est suite à cette tractation que la brasserie rentre dans la famille Motte-Cordonnier.
Au fil des années, l’entreprise devient l’un des brasseurs incontournables en région, allant jusqu’à produire 300 000 hectolitres en 1947 ! Mais les années 1970 marqueront un tournant dans l’histoire du marché de la bière. Motte-Cordonnier est à cette période le n°3 français. La baisse de la consommation dans les cafés et l’industrialisation de la production sonneront la fermeture définitive du site d’Armentières en 2009… jusqu’à l’ouverture d’un nouveau chapitre dix ans plus tard.
Réinvestir à moyen terme le site historique
Ingénieur diplômé de l’Ecole centrale de Lille, Henry Motte est avant tout est passionné par le monde brassicole, les nouvelles technologies et l’entrepreneuriat. Riche d’une expérience acquise en business développement et de formations en brassage, il décide, il y a quelques mois, de quitter son job au sein d’un des leaders informatiques mondiaux pour se consacrer à temps plein au projet familial de reprise de la marque Motte-Cordonnier.
«Notre développement passe par la construction d’une nouvelle notoriété, axée autour du passé de la brasserie familiale et de bières innovantes, à l’instar de la Camille, une IPA blanche, explique-t-il. Nous souhaitons par ailleurs développer une proximité commerciale sur les Hauts-de-France par le biais de points de vente indépendants et poursuivre ainsi l’histoire de la famille. C’est notre souhait, notre modèle, nous sommes une société familiale et je n’en suis que le représentant.»
Et de poursuivre : «L’ambition de la famille est de pouvoir réinvestir à moyen terme le site historique (d’ici 2023 ou 2024), bâtiment classé, qui représente l’âme, le cœur symbolique et affectif du projet, pour y produire l’ensemble de nos gammes. Sur ce site se trouve un véritable trésor architectural : la façade, l’ancienne salle de brassage, avec ses cuves, sa malterie et ses salles attenantes. Ces éléments classés ne pouvant être réinvestis comme espace de production, c’est au rez-de-chaussée de l’ancienne salle de brassage et/ou dans les bâtiments annexes que nous aimerions relocaliser la brasserie.»
Entre avril 2019 et fin 2020, le premier bilan était positif avec un chiffre d’affaires de 250 K€ ; le bilan de l’année 2021 devrait être équivalent, avec une production de 700 hectolitres. Henry Motte envisage ainsi l’avenir avec sérénité. «Chaque brasserie à son histoire, son savoir-faire… Nous grossissons, à nous désormais de nous poser les bonnes questions pour aller chercher de nouvelles parts de marché et renforcer notre positionnement.» A suivre…
*L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération