La brasserie de Gayant s'implante à la Porte-Multimodale-de-l'Aa

Débit annuel prévu : un million d'hectolitres.
Débit annuel prévu : un million d'hectolitres.

Les producteurs de la Goudale – entre autres – sont en train de s’implanter aux portes de Saint-Omer. Plus précisément, à la Porte-Multimodale-de-l’Aa. «Toutes les conditions étaient réunies pour que l’on s’installe ici», précise André Pecqueur, président directeur général de la brasserie de Saint-Omer et acquéreur de la brasserie de Gayant, leader des brasseurs indépendants de bière de spécialité en 2010. Jusqu’ici, la brasserie de Gayant était sise à Douai. Seulement, les brasseurs se sentaient quelque peu à l’étroit. La production était de 170 000 hectolitres par an à l’époque. Au moment de la reprise, un recrutement de dix salariés s’était fait, accompagné d’une augmentation sensible de la production : près de 400 000 hectolitres, soit plus du double. Le projet, à terme, est de passer progressivement à une production annuelle d’un million d’hectolitres. Les avantages sont multiples : outre une surface de 12 hectares et 36 000 m² de bâtiment, la qualité de l’eau joue énormément (voir encadré). D’autre part, la Porte-Multimodale-de-l’Aa, où est déjà implantée la brasserie de Saint-Omer, permettra d’exploiter la capacité de transport de la brasserie cousine et de développer ainsi l’export. Enfin, le dirigeant sera propriétaire de ses murs, alors qu’il n’était que locataire sur l’ancien site de la brasserie de Gayant. Fin des travaux : fin juillet, pour un site où 95% des infrastructures seront neuves. Coût de l’opération : 60 millions d’euros. À la clef : une production plus efficace. Pour neuf litres d’eau consommés à Douai pour produire un litre de bière, trois à quatre litres uniquement seront nécessaires dans la nouvelle brasserie.

Déplacement de salariés. Le seul problème du dirigeant est de déplacer l’emploi depuis Douai jusqu’à Saint-Omer. À l’heure actuelle, une cinquantaine de salariés sont censés déménager de Douai à Saint-Omer, et de dix à quinze employés ne veulent pas quitter le site historique de la brasserie de Gayant pour venir dans l’Audomarois. Un problème de taille pour la déléguée syndicale CFDT Sylvie Liebert, qui confiait à nos confrères de La Voix du Nord que son souhait était que «le terme ‘licenciement économique’ soit notifié dans l’accord». Une première consultation a donc eu lieu avec les résultats qu’on lui connaît. Certains des dix à quinze travailleurs du Douaisis sont en longue maladie, d’autres ne souhaitant tout simplement pas déménager ou bénéficier de la navette gratuite proposée entre Douai et la nouvelle brasserie (environ 90 kilomètres séparent les deux sites). Une deuxième consultation devrait se dérouler dans les prochains mois, avec un résultat en septembre prochain, peu après la date prévue pour le début de la production. Pour 90 salariés à Douai, il y aurait en théorie 70 emplois dans la production à Saint-Omer, les autres étant des commerciaux, pour qui le changement de site est neutre. Chacun aura droit à six mois d’essai. Pour ceux à qui la nouvelle vie audomaroise ne conviendrait pas, ils pourront démissionner, et André Pecqueur déclare qu’il s’agira d’un «licenciement». Les salariés concernés seraient donc remplacés par les travailleurs employés en CDD, convertis en CDI avec les mêmes avantages que ceux proposés aux salariés actuellement sous contrat à durée indéterminée.

 

CAPresse

Débit annuel prévu : un million d'hectolitres.

 

CAPresse

Les élus (à dr. : François Decoster, président de la CASO) ont été présents pour favoriser l'implantation à Saint-Omer.

 

Encadré :

La qualité de l’eau, élément indispensable de la production

La qualité de l’eau à Saint-Omer n’est plus à démontrer. D’ailleurs, lors d’Aquapris qui s’est tenu çà Sceneo fin avril, la qualité de cette eau a été mise en avant en tant qu’argument du territoire pour accueillir de nouveaux acteurs économiques. L’eau a pesé dans la venue de la brasserie de Gayant. Outre les facilités occasionnées par la proximité avec la brasserie de Saint-Omer, la qualité de l’eau est indispensable pour faire une bière comme la Goudale, produite par Les Brasseurs de Gayant. «Bien des éléments entrent en ligne de compte. Le pH [l’acidité ou la basicité de l’eau qui doit être la plus neutre possible pour un produit final optimal, ndlr] notamment, mais c’est loin d’être la seule qualité de l’eau ici à Saint-Omer», confie André Pecqueur. Et bien des entreprises ont pris au sérieux l’argument des fortes ressources en eau de qualité dans le pays de Saint-Omer. Bien des questions autour de l’eau ont été traitées lors d’Aquapris. Préserver les réserves d’eau dans les territoires, exploiter l’eau de pluie, et les différents marchés et opportunités autour de l’eau. De plus, la CASO collabore avec la Belgique dans ce cadre. L’eau est donc un point central de l’économie − la brasserie de Gayant en est un exemple éloquent − mais rapproche les politiques à travers les frontières.

 

Encadré 2 :

Les Brasseurs de Gayant en chiffres

− 40 marques de bières différentes

− 1 million d’hectolitres de production annuelle à terme

 − Un investissement de 60 millions d’euros

− 70 personnes travaillant sur le nouveau site

− 36 000 m² de bâtiment

− 12 hectares de terrain

− Un litre de bière produit pour 3 à 4 litres d’eau, contre 9 litres d’eau consommés pour un litre à Douai