La Bourgogne-Franche-Comté, une région qui tourne à l’hydrogène
La loi de la transition énergétique pour la croissance verte, votée en 2015, oblige les régions françaises à se mobiliser pour l’écologie. Point sur le cas de la Bourgogne-Franche-Comté qui s'est très tôt positionnée sur la filière hydrogène.
La transition énergétique, enjeu majeur des temps modernes. La loi votée en 2015 fixe des objectifs à moyen et long terme, comme par exemple, réduire la consommation énergétique finale de 50 % en 2050. La Bourgogne-Franche-Comté inscrit une forte volonté de changement. La région va mobiliser 90 M€ sur la décennie 2020-2030 pour pouvoir ainsi utiliser tous les moyens à sa disposition pour accélérer sa transition écologique grâce à l’hydrogène. S’ajoute à tout cet argent, les 12 M€ déjà investis depuis le début du mandat. Ce qui porte la région à plus de 100 M€ d’investissement pour soutenir l’émergence et l’essor de la filière hydrogène. Et depuis l’obtention du label « Territoire Hydrogène », Marie-Guite Dufay, présidente de région, mise sur l’accélération du développement de cette filière, qui pour elle, est « une filière attractive et d’avenir ».
Des projets dans toutes les filières
Dans le sillage de la Région, le territoire tout entier s'est engouffré dans cette voie. Des innovations, il y en a plein, et les projets fusent. Déjà en cours de commercialisation, par exemple, les groupes électrogènes à hydrogène du projet H2SYS. Porté par FEMTO-ST et financé par l’Université de Franche-Comté (UFC), la région et la SATT Grand Est, ce projet démontre la faisabilité technique de solutions compétitives basées sur l’hybridation de piles à hydrogène avec des systèmes de stockage électrique. Côté transports aussi, bien sûr les projets sont nombreux. « On a de tout ! s’amuse Emeline Converset, chargée de mission filière Hydrogène à la région, et qui accompagne les entreprises dans leur transition énergétique au Pôle Véhicule du Futur. Des deux roues, des bus, des cars, des bateaux, des trains, et on a la chance d’accompagner des projets aéronautiques. » Parmi les exemples qui semblent déjà promis à un bel avenir, la semi-remorque à propulsion hydrogène Hyd-drive, portée par Fruehauf, devrait être commercialisée d’ici 2025-2026.
Cette dynamique autour des transports est aussi portée par le déploiement progressif de stations à hydrogène. 23 sont déjà installées sur le territoire national et 32 sont en projet. « On a inauguré la station d’Auxerre le 13 octobre 2021, explique Emeline Converset. C’est la première station opérationnelle de Bourgogne-Franche-Comté. » D’autres suivront rapidement sur le territoire régional. A Belfort une station ouvrira pour le premier semestre 2023. Et à Dijon deux chantiers sont en route. « Avec différents stades d’avancement, celle de Dijon Nord sera mise en exploitation pour l’été 2022, et ce sera début 2024 pour Dijon Sud », détaille Emeline Converset.
Une vraie volonté politique
Avec aussi la volonté d'aller vers de l'hydrogène vert (produit à partir d'énergie renouvelable) plutôt qu'à partir d'hydrocarbures... « En ce qui concerne Dijon Nord, c’est un fonctionnement vertueux, défend la chargée de mission.Les ordures ménagères de la ville sont récupérées et incinérées. De là, on obtient une production d’électricité puis d’hydrogène qui va être stocké. Et ensuite, la station d’hydrogène va pouvoir alimenter les bennes à ordures. »
Cette dynamique semble enclenchée pour de nombreuses années. La volonté politique est là et apporte du « carburant ».« Aujourd’hui il y a une dynamique au niveau de l’Etat, ce qui fait qu’avec les quelques milliards d’euros mis périodiquement sur la table pour accompagner la filière, se félicite Emeline Converset. Cela suscite des volontés de nouveaux projets chez les porteurs, et forcément des innovations ! » Quant à la Région elle-même. Elle a d'ores et déjà affiché sa volonté de mettre la transition énergétique au cœur de son nouveau Schéma de développement économique SRDEII.
Pour Aletheia Press, Eléonore Chombart