Réinsertion sociale

La Bouquinerie du Sart arrive à Amiens

L’entreprise sociale, implantée à Villeneuve- d’Ascq, veut ouvrir un site à Amiens d’ici la fin de l’année.

Huit mille livres sont collectés quotidiennement. @Bouquinerie du Sart
Huit mille livres sont collectés quotidiennement. @Bouquinerie du Sart

En 2015, la Bouquinerie du Sart ouvre ses portes à Villeneuve- d’Ascq. Aujourd’hui, l’entreprise qui s’est fixé pour mission de remettre le pied à l’étrier à des publics en difficulté, envisage de s’implanter à Amiens. 

Une nouvelle page dans l’histoire de la Bouquinerie, qui a débuté au mitan des années 2000. À cette époque, Vianney Poissonnier s’interroge sur la saturation des centres d’hébergement de la métropole lilloise : il faut en moyenne quatre mois à une personne ayant composé le 115 – numéro du Samu Social- pour trouver une place dans un foyer. En approfondissant le sujet, il découvre que les centres en question manquent de turn-over. Les personnes hébergées quittent généralement ces lieux de premier accueil un an après leur entrée.

« Peu trouvent un emploi rapidement et sans travail, ils n’ont pas accès à un logement. L’idée de Vianney était donc de créer une structure qui propose un contrat de travail à ce public et l’accompagne dans sa réinsertion », explique Domitille Widmaier, actuelle responsable de la Bouquinerie du Sart. 

Vianney Poissonnier propose une solution originale en lançant La Bouquinerie du Sart. L’idée est simple : l’entreprise sociale collecte des produits culturels – livres, vinyles et aujourd’hui K7 audios et vidéos – pour les recycler ou les revendre tout en formant ses salariés aux métiers de la logistique.

Fluidifier les parcours

« Nous sommes labellisés chantiers d’insertion et nous accueillons actuellement 18 salariés. Ils sont accompagnés pendant un an, sous la forme d’un contrat de six mois renouvelable une fois », détaille Domitille Widmaier. La Bouquinerie du Sart enregistre un taux de 90% de sorties positives. 

Certains vont vers la logistique, d’autres vers le secteur du bâtiment et un peu dans le domaine de la vente ou de l’aide à la personne. « Pour l’instant, ces secteurs sont moins représentés puisque notre équipe est très masculine, mais nous nous attelons à la féminiser. L’arrivée de notre activité friperie va sans doute aider à cela », note-t-elle.

En 2019, la Bouquinerie du Sart, qui porte également un projet écologique, s’intéresse au recyclage des vêtements. « C’était vraiment un test. Pour les livres, nous avons un circuit bien installé, 50% des produits collectés ne sont pas vendables, nous travaillons donc avec une autre structure d’insertion pour le recyclage du papier. Pour le vêtement, les choses sont plus compliquées, la filière de recyclage n’est pas encore bien installée et il y a trop de matière. Nous avons appris maintenant à bien trier ce que nous recevons. Nous en donnons à des associations, nous en revendons une partie et nous essayons de structurer localement une filière de recyclage », souligne Domitille Widmaier. Deux salariées viennent d’être recrutées pour prendre en charge cette activité.

La Bouquinerie du Sart forme des préparateurs de commande en un an. @Bouquinerie du Sart

Amiens, prochaine étape de développement

Sept ans après la création de l’entrepôt à Villeneuve-d’Ascq, la Bouquinerie du Sart fourmille de projets et a décidé d’essaimer en région Hauts-de-France. « Notre modèle fonctionne, nous sommes maintenant bien identifiés, nous avons noué des partenariats avec des acteurs comme la Mission locale… et nous collectons des produits de plus en plus loin », confie Domitille Widmaier. 

Après quelques recherches, l’entreprise sociale a identifié Amiens comme possible second lieu d’implantation. La ville connaît elle aussi des problèmes de saturation de ses centres d’hébergement. « Il s’agit de la même région et nous avions des affinités avec Amiens, ce choix est apparu très logique », poursuit-elle.

La Bouquinerie du Sart se concentre désormais sur le recrutement du futur responsable de ce nouveau site. Elle recherche une personne engagée dans l’insertion, connaissant parfaitement son territoire, capable de faire le lien avec les acteurs de l’insertion et les institutions. « Un profil à la fois social et entrepreneur », résume Domitille Widmaier qui envisage l’ouverture de cette antenne pour la fin de l’année.