La Banque de France rehausse son seuil de cotation pour la première fois en 40 ans
Petit évènement à la Banque de France (BDF) : pour la première fois en quarante ans le seuil de chiffre d'affaires à partir duquel le crédit d'une entreprise peut...
Petit évènement à la Banque de France (BDF) : pour la première fois en quarante ans le seuil de chiffre d'affaires à partir duquel le crédit d'une entreprise peut bénéficier de sa cotation est relevé.
L'institution rappelle à cette occasion qu'elle offre plus largement "tout un panel de services" aux entreprises de toutes les tailles.
Strictement confidentielle, sauf pour l'entreprise et ses créanciers, la cotation BDF mesure sa capacité "à honorer ses engagements financiers sur un horizon de un à trois ans", a expliqué jeudi la directrice des Entreprises Emilie Quema lors d'une conférence de presse
Début janvier, le seuil pour en bénéficier de cette cotation passera de 750.000 euros à 1,25 million. S'il avait suivi l'évolution de l'inflation, depuis 40 ans, il atteindrait aujourd'hui plus de 2 millions d'euros
Contrairement à celle d'agences comme S&P ou Moody's, cette cotation dite "à dire d'expert" est gratuite et considérée comme "un service à l'économie", rendu grâce à l'énorme base de données Fiben de la Banque de France.
Fiben est alimentée par l'Insee, les greffes, les documents fiscaux, les comptes des entreprises, leurs encours de crédits fournis par les banques...
En outre, quelque 40.000 entretiens sont menés chaque année par les analystes de la banque centrale. En 2023, 325.105 entreprises ont été cotées.
La cotation est composée d'une lettre marquant le chiffre d'affaires et d'un chiffre de cote de crédit, éventuellement suivi d'un signe + ou -.
Par exemple, une entreprise ayant un chiffre d'affaires de 75 millions d'euros avec une cote de crédit "très satisfaisante", aura une note C2-. Une autre avec un chiffre d'affaires de deux millions d'euros et une cote de crédit "très faible" sera cotée G6+.
Avec le nouveau seuil, environ 7% des entreprises cotées devraient sortir de la cotation.
C'est le cas à Chartres pour l'entreprise de distribution d'ameublement d'Eric Chevée, vice-président de la CPME en charge des affaires sociales.
"Je ne sais pas encore si c'est positif ou négatif" sourit-il, interrogé par l'AFP.
Nez dans le guidon
"La cotation Banque de France est une préoccupation des chefs d'entreprises, car on en voit directement la conséquence sur la cote assurance-crédit", selon lui.
Une note mauvaise ou dégradée peut inciter en effet les fournisseurs à être très exigeants sur les délais de paiement, un gros risque pour l'entreprise.
Avec le nouveau seuil, la Banque de France espère revenir autour de 300.000 cotations annuelles, le niveau de 2022: un objectif encore "ambitieux", selon la directrice adjointe Lisa Schirmer, six à dix fois supérieur à celui d'autres banques centrales.
Le nombre de cotations a fortement augmenté récemment, en raison de l'inflation qui a gonflé les chiffres d'affaires, et d'une alimentation devenue automatique de la Banque par les données fiscales transmises par la Direction générale des Finances publiques.
M. Chevée a déjà reçu un courrier pour l'informer du changement de seuil, comme l'ensemble des chefs d'entreprises dont le chiffre d'affaires s'inscrit entre 750.000 et 2,5 millions d'euros.
Banques, grandes organisations professionnelles sont aussi informées.
Les entreprises en dessous du seuil sont cotées de manière "plus fruste", explique Mme Quema, seulement par leur lettre de chiffre d'affaires, J à N, ou X s'il est inconnu ou trop ancien. La cote de crédit ne figure que si un incident de paiement est signalé.
Les deux dirigeantes ont rappelé jeudi que la Banque de France propose aussi à l'ensemble des entreprises françaises "tout un panel de services", notamment les plus petites "qui peuvent avoir le nez dans le guidon et pas nécessairement d'accompagnement", selon Mme Schirmer.
Elles peuvent ainsi recourir au diagnostic financier en ligne Opale de la banque centrale, qui leur permet de mesurer leurs performances, et de les comparer dans leur secteur.
Depuis l'an dernier, 40.000 dirigeants se sont inscrits et 14.000 diagnostics ont été téléchargés.
La centaine de correspondants territoriaux de la Banque de France sont aussi disponibles pour les entreprises, et enregistrent environ 10.000 saisines annuelles.
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