L’usage de l’IA fait son chemin dans les entreprises régionales

À l’occasion des dernières Rencontres Régionales de l’Economie organisées début mars à Lille, la CCI Hauts-de-France et la Banque de France ont publié une étude sur le recours à l’IA générative dans les entreprises des Hauts-de-France afin de mieux comprendre ses usages mais également ses avantages, ses freins ainsi que son impact sur l’emploi. Décryptage.

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Un peu plus d’un quart des entreprises régionales ont recours à l’IA, c’est le premier enseignement à tirer de cette étude menée conjointement par la CCI Hauts-de-France et la Banque de France. Dans l’industrie, elles seraient 28% à utiliser l’intelligence artificielle, 33% dans les services marchands ou encore 10% dans le secteur du bâtiment. L’étude révèle également que dans cet échantillon, 30% envisagent un renforcement de son utilisation dans les deux prochaines années. «On observe un vrai mouvement de fond dans l’IA qui est considérée davantage comme un allié permettant d’améliorer l’efficacité de l’entreprise mais elle est utilisée de manière plus ou moins abondante» confirme Grégory Stanislawski, directeur des études de la CCI Hauts-de-France.

52% des entreprises y ont recours via une démarche personnelle et individuelle de leurs salariés contre 21% des entreprises qui ont souhaité développer l’IA dans les activités compatibles en interne. A noter que 9% des entreprises encouragent leurs salariés à utiliser l’IA au quotidien : «On note donc pour ces cas-là, une vraie culture d’adoption». Enfin, 18% des entreprises tiennent elles à interdire le recours à l’IA. «Il existe des niveaux de maturité bien différents. On y va par parcimonie… L’IA séduit mais l’adoption est encore difficile à mettre en place» estime le directeur des études.

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Quels usages ?

Parmi les différentes utilisations de l’IA, on retrouve la production de contenus (textes, images, sons) à 77% ; les réponses à des questions diverses à 73% ; les recherches documentaires à 72% ou encore l’aide au traitement ou à la visualisation de données à 60%. «Il faut mettre l’accent sur l’importance d’une mise en place de mesures robustes sur la confidentialité des données» insiste Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France. Seules 7% des entreprises utilisent une IA générative souveraine, c’est-à-dire créée pour un usage exclusivement interne à leur entreprise.

Adoption progressive

Si beaucoup de dirigeants restent encore frileux quant à l’adoption de l’IA dans leur société, les avantages sont pourtant nombreux du point de vue des utilisateurs. Davantage de temps à consacrer à des tâches moins répétitives et fastidieuses fait partie des principaux avantages (41%), gain de productivité des salariés (28%), évolution des compétences de l’entreprise (23%), renforcement de la compétitivité par rapport à la concurrence (23 % également)... La diminution des risques d’erreur ou encore le développement de nouveaux produits/services sont considérés également comme des bienfaits de l’IA. Malgré cela, de multiples freins persistent à savoir le manque de temps pour s’y intéresser (27%), le manque d’expertise en interne (25%), le manque de confiance dans cette nouvelle technologie (18%) ou encore le manque de moyens financiers (14%) ou encore l’activité incompatible (12%).

Quant à l’impact de l’IA sur l’emploi, son utilisation augmenterait l’activité pour 16% des entreprises industrielles, et pour 10% des acteurs du bâtiment et secteurs marchands. «C’est à la fois une opportunité et une menace mais l’opportunité, on est obligés de s’en servir. Il y a une vraie crainte de la part de certaines entreprises mais il ne faut pas se bloquer, justement nous avons une vraie mission de sensibilisation à mener» estime Philippe Hourdain. A ce jour, 2 000 entreprises ont été sensibilisées et 250 déjà accompagnées en région.

Les Hauts-de-France, future vallée de l’IA ?

À l’occasion du Sommet International sur l’intelligence artificielle organisé par la France en février dernier, l’Elysée avait annoncé l’implantation de 35 datacenters à horizon 2030 dans l’Hexagone dont 8 dans la région Hauts-de-France. «Cela nécessite d’avoir des terrains importants et c’est assez complexe à vrai dire. Mais à ce jour, nous sommes à un stade de négociations assez avancé, tous les acteurs sont réunis là-dessus, on saura vous en dire plus d’ici les prochains mois mais l’ambition à l’avenir est de devenir, à travers ces projets importants, la vallée de l’IA» témoigne le président de la CCI régionale. Affaire à suivre donc.