Retour sur le Congrès des maires et des présidents d’intercommunalités du Pas-de-Calais
L'urgence d'une gestion durable de l’eau
Près de 800 élus étaient réunis à Longuenesse, le 5 octobre dernier, durant le Congrès des maires et des présidents d’intercommunalités du Pas-de-Calais. L’occasion de faire un état des lieux de la situation hydrographique locale.
L’eau devient le bien le plus précieux ! L’alerte est lancée lors de la huitième journée des maires et des présidents d’intercommunalités du Pas-de-Calais, à Longuenesse, le 5 octobre dernier. Les épisodes de sécheresse s’accumulent en raison du changement climatique. Pour preuve, en 2022 dans le Pas-de-Calais, le pluviomètre était de 36% inférieure à la moyenne habituelle. Et ce n’est pas près de s’arrêter. La gestion de l’eau devient donc un enjeu vital pour les collectivités. «Le développement économique de notre territoire dépend de cette ressource que ce soit l’agriculture, les industries…», atteste Thierry Vatin, directeur général de l’Agence de l’eau Artois Picardie.
Plusieurs pistes de réflexions
Une préoccupation pour les EPCI, les syndicats de l’eau qui doivent garantir une eau potable de qualité et quantité suffisante. «Mais, en même temps que les réserves diminuent, la qualité de l’eau se dégrade», alerte Georges-François Leclerc, préfet de la région Hauts-de-France. Et c’est du côté des nappes phréatiques, qui constituent plus de 94% d’eau potable, que tout se joue. Celles-ci représentent, au total, plus de 300 millions de m3 de réserves. «Tout le monde doit baisser sa consommation», ajoute l’élu.
De nombreux projets sont menés pour préserver cette ressource. À Longuenesse, la municipalité a mis en place un plan pluriannuel pour lutter contre le réchauffement climatique. «Nous travaillons sur plusieurs projets comme l’utilisation de cuves pour récupérer l’eau de pluie ou creuser des bassins de rétention», explique Christian Coupez, maire de Longuenesse. Et, pour aider les communes et les entreprises, l’Agence de l’eau octroie des aides. «Avec le plan d’eau, nous avons reçu plus de 500 millions d’euros. Soit plus de capacité d’engagement pour accompagner les projets. Je suis optimiste pour la suite», renchérit Thierry Vatin.
Une administration lourde
Une autre piste évoquée par l’Agence de l’eau Artois Picardie, le reuse, la réutilisation des eaux usées traitées. Ce procédé est déjà utilisé dans l’arrosage des espaces verts et l’irrigation agricole mais il est limité par de lourdes procédures administratives. Ce qui peut décourager les collectivités et les sociétés à le mettre en oeuvre.
C’est d’ailleurs sur ce point que David Lisnard, président de l’Association des maires de France, a interpellé Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique. «Il y a vingt ans, lorsqu’on lançait un projet, on regardait les interdictions. Maintenant, on recherche ce qui est autorisé», illustre le président de l’AMFR. À cela s’ajoutent la montée des taux d’intérêt, la difficulté d’emprunter de l’argent aux banques. Les maires sont alors obligés de réduire la voilure sur les investissements.
«Cela porte atteinte à notre taux de croissance et à nos capacités à mener nos projets de mandature», soulève David Lisnard qui demande une recentralisation des services de l’Etat. Face à cela, la ministre de la Transition énergétique entend accélérer les projets écologiques avec un budget vert. «Il faut que les collectivités s’engagent collectivement à gérer durablement les ressources en eau. C’est un sujet urgent», conclut André Flajolet, président du Comité de Bassin Artois-Picardie.