L'omniprésent et incontournable Bruno Retailleau reste à Beauvau

Comme une évidence. Malgré son profil clivant, Bruno Retailleau, reconduit lundi ministre de l'Intérieur, est devenu incontournable à Beauvau, récoltant les fruits de ses mesures annoncées pour lutter contre...

Bruno Retailleau à Paris le 23 décembre 2024 © JULIEN DE ROSA
Bruno Retailleau à Paris le 23 décembre 2024 © JULIEN DE ROSA

Comme une évidence. Malgré son profil clivant, Bruno Retailleau, reconduit lundi ministre de l'Intérieur, est devenu incontournable à Beauvau, récoltant les fruits de ses mesures annoncées pour lutter contre la délinquance, le narcotrafic et l'immigration.

Il était le premier membre du gouvernement sur place à Mayotte avant même le président ou le Premier ministre: en trois mois à peine, le Vendéen a su se rendre irremplaçable, au point que le président LR du Sénat Gérard Larcher plaidait, dès le lendemain de nomination de François Bayrou, pour que Bruno Retailleau soit reconduit.

Longtemps présenté comme l'un des rares poids lourds de l'exécutif de Michel Barnier, l'omniprésent "premier flic de France", fidèle à sa ligne droitière, a ainsi rapidement retourné les macronistes, qui lui étaient initialement hostiles.

Il a également su convaincre les syndicats policiers. À commencer par Alliance Police Nationale, qui avait plaidé auprès de l'AFP pour la "stabilité" au vu du "volontarisme" affiché par le ministre, notamment sur les peines plancher ou l'abaissement de la majorité pénale.

"Tout ça, pour nous, va dans le bon sens", a ainsi indiqué son délégué national Éric Henry, qui a toutefois insisté sur les financements: "On nous parle de guerre contre le narcotrafic mais il faut aussi les moyens de ses ambitions. Ça passe par un budget extrêmement conséquent."

"Il a rappelé des idées qui sont chères au cœur des policiers, comme le régalien, l'autorité, le retour de l'ordre... Il a fait le job, ça nous va très bien", avait dans le même temps confirmé à l'AFP Linda Kebbab, secrétaire nationale du syndicat Un1té.

Garanties

À 63 ans, ce passionné d'équitation, ancien protégé de Philippe de Villiers au Mouvement pour la France, reste tout de même un repoussoir pour une partie de la classe politique. La cheffe de file des Écologistes Marine Tondelier le qualifie d'ailleurs "de motif de censure à lui tout seul".

Son association avec le nouveau titulaire de la Chancellerie, Gérald Darmanin, à qui il avait succédé place Beauvau en septembre, sera scrutée, notamment du côté des syndicats.

Un1té redoutait "un effet dahu" avec "un ministre de l'Intérieur cohérent avec sa mission et un ministre de la Justice qui l'est moins". Ce ne devrait finalement pas être le cas entre deux hommes aux objectifs similaires mais qui risquent du coup de se marcher sur les pieds.

Quoi qu'il en soit François Bayrou avait déjà annoncé publiquement de conserver Bruno Retailleau au gouvernement: à l'Intérieur, "il a montré (...) qu'il avait trouvé des décisions et des orientations qui répondaient à une partie de ce que l'opinion demande", avait ainsi estimé le Palois.

Sûr de son fait, Bruno Retailleau avait, de son côté, posé ses conditions pour poursuive sa mission à Beauvau. Il s'était même permis de demander des "garanties" au nouveau Premier ministre, notamment en ce qui concerne "la lutte drastique contre l'immigration illégale" et la "réduction de l'immigration légale au strict nécessaire".

L'ancien président du groupe LR au Sénat avait aussi réclamé des "moyens" pour continuer à "lutter contre l'insécurité et notamment le narcotrafic".

À son arrivée au ministère de l'Intérieur, fin septembre, le Vendéen avait assuré n'avoir qu'une seule ligne de conduite et trois priorités: "rétablir l'ordre, rétablir l'ordre et rétablir l'ordre". Sa feuille de route posée, le voilà confirmé à Beauvau: Bruno Retailleau peut désormais rester au centre du puzzle gouvernemental et continuer à affirmer ses positions fermes sur l'immigration et la sécurité.

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