L'influenceur Doualemn interpellé en vue de son expulsion vers l'Algérie
L'influenceur Doualemn, dont le refoulement par l'Algérie en janvier avait envenimé les relations entre Paris et Alger, a été interpellé jeudi à Montpellier en vue de...

L'influenceur Doualemn, dont le refoulement par l'Algérie en janvier avait envenimé les relations entre Paris et Alger, a été interpellé jeudi à Montpellier en vue de son expulsion vers son pays d'origine.
De son vrai nom Boualem Naman, l'homme de 59 ans a été interpellé vers 06h30 par la police aux frontières.
Doualemn "a été notifié ce (jeudi) matin, dans le cadre d'une visite domiciliaire, d'un nouvel arrêté ministériel pris à son égard, faite à la demande de la préfecture suite à l'avis favorable de la Comex", la commission d'expulsion, a expliqué à l'AFP une source proche du dossier. "Il a été placé en centre de rétention administrative en vue de son éloignement", a précisé cette source.
Une autre source a indiqué qu'un nouvel arrêté d'expulsion allait être pris.
Inédit
"On est à la fois consterné mais aussi pas étonné de cette suite. On est très attentif aussi à la motivation de l'arrêté, que pour l'instant nous n'avons pas", a réagi auprès de l'AFP son avocat montpelliérain, Me Jean-Baptiste Mousset.
L'interpellation à son domicile s'est "très bien" passée, selon l'avocat. "Il a été coopérant, comme sa famille". "C'est un déploiement de force qui est quand même assez inédit. Il y avait dix fonctionnaires de police, dont certains cagoulés, pour arrêter une personne à qui on ne reproche pas une infraction pénale, c'est assez lourd", a ajouté Me Mousset.
"A priori, la raison de la venue des fonctionnaires de police à son domicile est de l'amener en centre de rétention administrative (CRA) et peut-être même, ce que nous craignons fermement, l'expulser manu militari", a-t-il poursuivi.
"Soit il est placé en CRA en attendant une expulsion qui puisse être concrète et réelle avec l'exercice des voies de recours, soit ça peut se passer dans l'urgence, et donc une expulsion tentée dans la journée ou demain, pour en fait entraver l'exercice des voies de recours", a détaillé le conseil de Doualemn.
"On attend que son placement en rétention nous soit notifié pour qu'on puisse exercer les voies de recours, à la fois devant le juge des libertés et de la détention et également devant le tribunal administratif de Paris contre l'arrêté d'expulsion", a poursuivi l'avocat.
Sévère correction
"Ce qui va se passer par la suite, je ne peux pas le présager mais, de même manière que le ministre de l'Intérieur ne s'est pas désavoué en essayant de nouveau de procéder à l'expulsion, je pense que, peut-être, l'Algérie ne se désavouera pas", a-t-il jugé.
Le 12 mars, la commission d'expulsion (Comex) de l'Hérault, composée de trois magistrats, avait rendu un avis favorable à la demande des autorités d'expulser Doualemn.
Début janvier, l'influenceur, suivi par quelque 138.000 personnes sur TikTok, avait diffusé une vidéo dans laquelle il appelait à infliger une "sévère correction" à un opposant au pouvoir en Algérie.
Il a été condamné le 6 mars à cinq mois de prison avec sursis pour "provocation non suivie d'effet à commettre un crime ou un délit", pour cette diffusion.
Elle lui avait déjà valu début janvier un retrait de son titre de séjour et son expulsion le 9 janvier vers l'Algérie.
Mais les autorités algériennes l'avaient immédiatement renvoyé en France, déclenchant une crise avec Paris.
Le tribunal administratif de Melun avait ensuite annulé son obligation de quitter le territoire français (OQTF), enjoignant aux autorités de reprendre la procédure, cette fois avec un débat contradictoire, d'où son passage devant la Comex.
Les relations entre la France et l'Algérie, historiquement tumultueuses, se sont gravement détériorées depuis quelques mois, les deux pays étant aujourd'hui à deux doigts de la rupture.
Immigration, Sahara occidental, arrestation d'influenceurs, d'intellectuel: des polémiques nombreuses alimentent l'actuelle crise diplomatique entre les deux pays, sans précédent depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962.
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