L'influenceur algérien "Doualemn" condamné à cinq mois de prison avec sursis
L'influenceur algérien "Doualemn" a été condamné jeudi à cinq mois de prison avec sursis pour "provocation non suivie d'effet à commettre un crime ou un délit", après la diffusion d'une vidéo qui avait entraîné une...

L'influenceur algérien "Doualemn" a été condamné jeudi à cinq mois de prison avec sursis pour "provocation non suivie d'effet à commettre un crime ou un délit", après la diffusion d'une vidéo qui avait entraîné une dégradation des relations diplomatique entre Paris et Alger.
Le tribunal correctionnel de Montpellier a reconnu coupable Boualem Naman, de son vrai nom, d'avoir appelé à "donner une sévère correction" à un opposant au régime algérien, dans une vidéo diffusée début janvier sur TikTok, où cet homme de 59 ans était suivi par quelque 138.000 personnes.
Lors d'une audience très médiatisée, le 24 février, le parquet avait requis une peine de 6 mois de prison assortie d'un sursis intégral. Son avocat, Jean-Baptiste Mousset, avait plaidé la relaxe.
"L'appel à commettre des violences est caractérisé par l'emploi d'un terme qu'il explique signifier +donner des gifles ou des fessées+ et visant une personne identifiable", a expliqué la présidente du tribunal. "Il ne pouvait pas s'agir de termes humoristiques", a insisté la magistrate, expliquant à M. Naman qu'il s'agissait d'un "avertissement".
L'avocat du prévenu a directement indiqué qu'il ferait appel de cette décision.
Avant d'être interpellé, Boualem Naman avait fait l'objet d'un signalement le 4 janvier par le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, et le préfet de l'Hérault, François-Xavier Lauch. Le préfet avait ensuite estimé que ses propos justifiaient le retrait de son titre de séjour et son expulsion immédiate.
Mis dans un avion pour Alger, "Doualemn" avait été renvoyé en France dès son arrivée sur le sol algérien, le 9 janvier, un refoulement vécu comme un camouflet par le gouvernement français.
Procédure d'expulsion
Le tribunal administratif de Melun (Seine-et-Marne) avait ensuite annulé son obligation de quitter le territoire français (OQTF), enjoignant les autorités à reprendre la procédure d'expulsion, cette fois avec un débat contradictoire.
C'est dans le cadre de cette procédure que M. Naman a comparu mercredi à Montpellier devant une Commission d'expulsion (ou "Comex"), qui rendra son avis le 12 mars sur la nouvelle demande d'expulsion formulée par le préfet de l'Hérault.
Comme lors de son procès pénal, le presque sexagénaire, père de deux enfants adultes, a reconnu mercredi que ses propos constituaient bien un appel à la violence, tout en en minimisant la gravité. Disant s'être "emporté", il a répété être "sincèrement désolé".
"C'est un dossier monté en épingle pour couvrir un coup politique du ministre de l'Intérieur", Bruno Retailleau, avait plaidé devant la Comex une autre avocate de M. Naman, Marie David-Bellouard.
Outre "Doualemn", deux autres Algériens et une Franco-algérienne ont été interpellés dans l'Hexagone pour avoir mis en ligne des contenus haineux envers la France et appelé à des actes violents.
Prévu mercredi, le procès à Grenoble de l'influenceur algérien dit "Imad Tintin", poursuivi pour avoir appelé à commettre des actes terroristes en France sur le réseau social TikTok, a été renvoyé mercredi, au 23 mai, le temps d'une expertise sur la traduction de ses propos.
Escalade
Youcef A. alias "Zazou Youssef", a lui été condamné fin février à Brest à 18 mois de prison ferme assortis d'une interdiction du territoire français pendant dix ans. Il était poursuivi pour avoir appelé sur TikTok à perpétrer des attentats en France et des violences en Algérie.
Enfin, Sofia Benlemmane, suivie par des centaines de milliers de personnes sur TikTok et notamment poursuivie pour un live dans lequel elle insultait copieusement en arabe une autre femme, en lui lançant "nique ta mère toi et ta France", doit être jugée à Lyon le 18 mars.
Le refus de l'Algérie d'accepter des ressortissants en situation irrégulière renvoyés par Paris, dont l'auteur d'un attentat qui a fait un mort le 22 février à Mulhouse (est de la France), a encore envenimé des relations déjà très dégradées depuis la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en juillet 2024.
Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a fait de ce refus, comme celui de reprendre Boualem Naman, un cheval de bataille, alimentant une escalade, par médias interposés, entre les deux pays.
Le président français Emmanuel Macron a tenté le 28 février de calmer le jeu avec l'Algérie sur les questions migratoires et appelé à "régler" le cas de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, toujours détenu à Alger.
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