L’industrie a la cote chez les jeunes

«Les lycéens et l’industrie». C’est l’intitulé du sondage OpinionWay pour Arts & Métiers rendu public ces jours derniers. Il intéressera sans doute l’UIMM Lorraine, son président Hervé Bauduin, la directrice Générale du Pôle Formation Fanny Feller, et toutes celles et tous ceux qui participent à la pérennisation des missions de la structure, et à la transmission de ces savoir-faire et savoir-être aux jeunes. Ce baromètre a été réalisé un an après le début de la crise sanitaire de la Covid-19. Le contexte inédit dans lequel nous vivons depuis plus de douze mois n’a pas entamé le regain d’intérêt observé depuis quelques années par les lycéens pour l’industrie. Lesquels le voient comme un incontestable secteur d’avenir, avec un rôle primordial à jouer dans l’économie, la lutte contre la pandémie et le réchauffement climatique.

Regard vers le monde

Point particulièrement notable de cette enquête : une majorité de lycéens parient sur une industrie française en la relocalisant au maximum. En entrant dans les détails de ce baromètre, plusieurs observations se font jour. 56 % des lycéens scientifiques et technologiques ambitionnent de travailler dans l’industrie. La crise a eu un impact positif sur leur motivation. 59 % d’entre eux estiment que la période présente a renforcé leur envie. 19 % disent que le contexte sanitaire a créé chez eux une vocation industrielle. Les raisons de vouloir travailler dans l’industrie sont nombreuses. Les entreprises industrielles sont perçues comme permettant d’être en contact avec des technologies de pointe (91 %) et contribuant à l’innovation (89 %), des domaines qui interpellent les plus jeunes. Mais elles sont aussi considérées pour l’avenir professionnel qu’elles assurent. L’industrie présente de nombreux avantages pour les jeunes qui arriveront dans quelques années sur le marché du travail. Pour 77 %, elles créent des emplois en France (ils n’étaient que 46 % à partager cet avis en 2013). 79 % estiment par ailleurs que les entreprises de l’industrie proposent des métiers d’avenir (66 % en 2013). En outre, 78 % ont le sentiment qu’elles offrent des perspectives de carrière à l’international, (ils étaient déjà 74 % à le penser en 2013). Instructif par ce temps crise et de restriction des libertés de déplacement.

Meilleure perception de la branche

Certains secteurs ont vu leur attrait croître parmi ceux qui envisagent de travailler dans l’industrie : les énergies renouvelables, qui tenaient le haut du pavé depuis plusieurs années, sont en baisse (38 %, - 3 points) et désormais détrônées par les équipements électriques, électroniques et numérique (45 %, + 6 points - 53 % parmi les garçons). La chimie remonte dans l’estime des lycéens également, après trois années en berne, avec 26 % de citations cette année (+ 5 points - 32 % parmi les filles). Les métiers envisagés : ingénieur attire 57 % des jeunes qui se destinent à l’industrie (63 % parmi les garçons contre 45 % parmi les filles), tandis que le métier de chercheur qui, juste avant le début de l’épidémie, perdait en intérêt auprès des jeunes (- 6 points entre 2018 et 2019) regagne ses lettres de noblesse (+ 5 points cette année) et est plébiscité par 24 % des jeunes (32 % parmi les filles contre 19 % parmi les garçons). 80 % des lycéens ont aujourd’hui une bonne opinion de l’industrie, dont 23 % une très bonne opinion. Cet avis est partagé de manière égale entre les garçons et les filles, les jeunes en filière générale ayant au moins deux spécialités scientifiques ou ceux en filière technologique.

L'industrie, acteur économique... mais pas que

L’actualité a permis de mieux saisir ce qu’est et ce que fait l’industrie. 51 % des jeunes estiment aujourd’hui mieux connaître le secteur, 60 % mieux identifier ce qu’elle produit et 63 % mieux comprendre son rôle pour un pays comme la France. Un travail de pédagogie qui semble surtout avoir fait effet sur les jeunes en série technologique : 61 % connaissent mieux le secteur désormais, 70 % comprennent mieux son rôle en France. Sur fond de crise sanitaire, l’industrie a pu briller, au-delà des critères habituels qu’on lui connaît comme le fait de «faire tourner l’économie française» (première qualité attribuée au secteur pour 46 % d’entre eux), 69 % ont trouvé que la crise sanitaire a permis à l’industrie française de montrer sa réactivité. 84 % des jeunes interrogés considèrent que l’industrie a été indispensable pour faire face à la crise. Cet avis est également majoritaire parmi ceux qui aujourd’hui sont moins acquis à l’industrie : par exemple ceux qui ont une mauvaise opinion de l’industrie (63 % contre 88 % parmi ceux en ayant une bonne opinion), ceux qui n’envisagent pas une carrière dans l’industrie (73 % contre 93 % pour ceux l’imaginant) ou encore ceux estimant que les industries françaises sont en retard par rapport à celles d’autres pays (77 % contre 90 % parmi ceux estimant qu’elles sont en avance).

Désir d'avenir et de «Made in France»

Les lycéens, quelle que soit leur position à l’égard de l’industrie, la perçoivent comme un acteur majeur dans le monde actuel : pour 77 %, elle est capable d’apporter des réponses aux problèmes de société qu’ils soient économiques, environnementaux ou sociaux. Economiques : car «faire tourner l’économie» est la première qualité attribuée à l’industrie pour ceux qui en ont une bonne opinion (46 %). 77 % estiment par ailleurs que le secteur est source d’emplois en France. Environnementaux : car si les jeunes jugent qu’elle est l’une des principales sources du réchauffement climatique (59 %, + 3 points), un nombre encore plus important est convaincu qu’elle pourra trouver des solutions pour le limiter (84 %). L’engagement de l’industrie française dans la transition écologique est parmi ceux qui progressent le plus par rapport à l’an dernier (+ 4 points, 20 %). Sociaux : car pour 86 % des jeunes interrogés, l’industrie peut avoir un impact social positif sur la vie des Français. Même ceux ayant une mauvaise opinion de l’industrie le reconnaissent majoritairement (67 %). Les jeunes militent en faveur d’une présence industrielle française : 91 % estiment qu’il est nécessaire de relocaliser les usines en France, 85 % que la crise représente une opportunité pour (re)dynamiser l’industrie française dans l’Hexagone. 70 % sont confiants dans l’avenir de l’industrie en France, soit une évolution de + 7 points par rapport à juin 2020 et surtout de + 32 points par rapport à 2014. Tous reconnaissent que le prestige du «Made in France» (53 %, + 2 points) et sa main d’œuvre qualifiée (44 %, - 7 points) sont les deux principaux atouts de l’industrie française.